Chapitre 31

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- Tu es sûr de ce que tu fais ? Demanda Romulée à son cousin lorsque leur barque frappa une nouvelle fois la paroi.

- Mais oui, fais moi confiance.

          Le sourire d'Isaac ressemblait à celui d'un idiot ayant eu la pire idée du monde mais qui l'ignore encore malgré toutes les mises en garde de son entourage. Assis courbé dans l'embarcation et les bras replié contre sa poitrine pour que sa grande carcasse puisse passer, il était très comique et Romulée n'avait pas manqué de se payer sa tête. Pour sa part, elle n'avait qu'à baisser la tête, comme quoi, il y avait aussi des avantages à être petite.

- Si tes infos sont mauvaises et qu'on ne trouve rien, je jure que je ne t'accompagnerai plus jamais.

          Si elle n'était déjà pas à l'aise avec toute cette eau, l'étroitesse de ce tunnel de pierre, à la fois sombre et humide, ne faisait rien pour calmer ses nerfs, au contraire. Elle essayait de se relativiser en se disant qu'au moins, il lui serait impossible de tomber à l'eau, il n'y avait tout simplement pas la place entre la barque et les murs courbés. Parfois, le bois éraflait la roche, les faisant tanguer. A plusieurs reprises, ils se retrouvèrent même bloqués et Isaac dû replacer et relancer leur véhicule avec un brin de magie. Et à chaque fois, Romulée frissonnait, se forçait à respirer calmement. Elle ne craignait rien, elle ne pouvait pas tomber à l'eau, la pierre n'allait pas s'effondrer sur leur tête, son cousin connaissait le chemin et, dans le pire des cas, lui viendrait en aide. La jeune fille avait beau se répéter tout cela, son cœur battait plus vite que d'habitude.

          Le léger clapotis de l'eau résonnait dans le tunnel, créant une atmosphère aussi lugubre que mystérieuse. De plus, la petite lumière qui accompagnait le duo se réverbérait contre l'eau et ondulait sur les murs, attirant le regard comme une flamme attirerait un papillon. C'est en se concentrant sur ces reflets que Romulée parvenait presque à oublier son appréhension. Et, armée de son cristal, elle prenait des photos pour ses amies, pour les apprécier à leur juste valeur plus tard, dans la sécurité de sa chambre, les pieds bien posés sur terre.

- Ah, nous y voilà.

          Le tunnel déboucha sur une grande salle comme il en existait des dizaines dans ce dédale. Celle-ci, toutefois, était bien plus grande que les précédentes qu'ils avaient passé, ou même celle qu'elle avait vu la dernière fois, remarqua la brunette. Si grande, en réalité, qu'elle ne pouvait en voir le bout. Lorsqu'elle pensait apercevoir un mur, elle découvrait qu'il s'agissait en réalité d'un pilier naturel ou même d'une roche montante. Et c'est vers l'un de ces piliers que Isaac fit se diriger la barque. Soutenant le plafond, épais comme cinq hommes de sa stature, il présentait des ouvertures de toutes les tailles et de toutes les formes, comme si des gens avaient voulu l'abattre sans y parvenir. Enfin, il était entouré d'une sorte de plage de roche lisse et brillante parsemée de petits cailloux et galets, éclairée par des torches immortelles, seule preuve du passage d'archéologues et scientifiques.

- Il n'y a rien, soupira Romulée, déçue malgré elle.

          Quand son cousin lui avait parlé de découvertes antiques, elle s'était imaginé des ruines ou des vestiges quelconques, mais l'endroit paraissait tout simplement intouché par l'Homme.

- A la surface, non, acquiesça Isaac. Le vrai trésor se trouve en-dessous.

          Un long frisson parcouru la jeune Sortcelière du bas de son dos jusqu'à sa nuque.

- Je ne descends pas.

- Je sais. Je n'ai pas oublié. C'est moi qui vais descendre, et toi, ma chère petite cousine, tu vas superviser.

Romulée Potter : MearahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant