Acab, loups-garous, baston (et Bilal au bord de la crise de nerfs)

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Pdv Bilal

Nous voilà dans un petit espace de camping qui semble avoir été mathématiquement conçu pour attirer le plus de rayons de soleil possibles. Même à 19:12, chaque mortel normalement constitué transpire à grosses gouttes. Seuls Jo et moi restons dignes et secs comme chacun devrait l'être.

Mon petit frère plus ou moins adoré s'est éloigné, entouré par une meute de préadolescentes de Marc en Baroeul qui lui tournent autour comme des rapaces, il m'est impossible de distinguer sa touffe de cheveux dégoulinants d'acide lactique.

Je n'en peux plus. Cette escapade à Décathlon aurait pu - aurait dû - être évitée. Je déteste les endroits publics, surtout quand ils sentent la Nike neuve et que même les étalages semblent me faire des doigts d'honneur. Je sens que me faire une énième fois bousculer par un imbécile à la puberté bancale engendrerait la fin de Bilal [nom de famille censuré].

Je m'avance gentiment vers Rosalie, seul humain sensé par ici, et donc peut-être l'unique personne à comprendre mon besoin de repos.

" Excusez-moi est-"

"Ah Bilal! Tu tombes à pic tu peux aider Luca à préparer les hamburgers?"

Je suis partagé entre le désespoir et une once d'affection. Elle a retenu mon nom! Je me retourne vers le dénommé Luca, un moyen brun à l'air soumis (note: Bilal ne fait jamais de blagues à connotations sexuelles. Chaque mot qu'il emploie est à prendre au sens propre. Dans le cas actuel, il veut dire que Luca a l'air respectueux et effacé devant son animateur.), qui me regarde comme si j'étais un dieu.

" Hi euh hello enfin salut bonjour/ bonsoir?"

D'accord. Apparement, Luca est mal à l'aise à l'idée d'établir une conversation avec moi.

" Tu n'as pas à ressentir de l'anxiété en essayant de parler avec moi. Je n'apprécie pas les échanges oraux avec des inconnus non plus, donc je te propose de communiquer par geste."

Luca acquiesce d'un air qui indique clairement qu'il aurait presque préféré être dans la cave de mon frère à parler des inégalités salariales des mafieux Jamaïcains, ce que je lui déconseille.

D'un accord tacite, nous nous répartissons les tâches: Luca surveille les steaks et je m'occupe de la garniture.

                                 ~

Je ne suis pas peu fier de nous. Les steaks sont bien cuit, la garniture harmonieuse en bouche. Diego, qui a été délaissé par la gente féminine, je ne sais plus si c'était avant ou après qu'il se mette à faire des démonstrations de danse folklorique russe, est maintenant en train de jouer à policiers - voleurs version acab avec la colonie d'enfant en bas-âge voisine de notre emplacement. Jo raconte avec énergie sa jeunesse à Jeanne, Rosalie et Timothée., mais celui-ci n'a pas l'air de trouver ça si palpitant puisqu'il se lève bien vite.

"Bon tout le monde a fini de manger? On débarrasse et on remercie Bilal et Luca pour le super repas!"

J'ignore le regard haineux du garçon aux cheveux sombres assis aux côtés de mon co-cuisinier. J'espère ne pas être mêlé dans de sombres affaires de jalousie ou de règlement de compte, Diego prendrait sûrement ma défense et je serais obligé de lui manifester un signe d'affection.

"On peut faire un loup-garou?", interpelle un certain Marceau, aussitôt suivi par une cacophonie de cris d'approbations ou d'insultes.

Il faut une quinzaine de minutes de chaos démocratique pour que le jeu soit accepté par tout le monde, le nombre de loups garou choisi et Diego rapatrié dans notre emplacement.

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