PÈTE MOI LE CUL TEDDY

Cocktails de sentiments

Teddy

Protégé des nains qui ne cessent de courir partout, je colle les derniers décors pour la boum. Je risque de commettre un meurtre si je me prend encore la colle en pleine face.

- Teddy, tes tendances meurtrières fais les ce soir.

Je donne un coup de coude à Gaspard dont la voix monotone et l'éternelle casquette me font face. Le pistolet à colle dans les mains, je fais semblant de tirer et mime le son bruyant que font les pistolets.

Plus loin, Vijay et Luca se dévorent du regard, attablés devant l'atelier guirlandes en papier, trop occupés à se regarder, ils laissent en bout de table les rouleaux de papiers à moitié défaits.

Je presse dans ma main ma fausse boule disco en carton. Ses couleurs faites à la peinture ont à peine eu le temps de sécher. Je me concentre sur la peinture grise en sentant le bras d'Achille bronzé par le soleil. Le blond fait sa cour, il raconte des blagues et s'exclame à chaque bout de phrases. Ses yeux me font oublier mon premier objectif.

Je me retourne de ma chaise, et regarde la partie de Baby Foot qui se déroule plus loin. Les gens et rires sont les seules mélodies acceptées ici. Je n'ose imaginer les larmes quand mes pieds franchiront ces portes pour la dernière fois. Est ce que je reviendrai ? J'ai un an pour le décider. Les bonnes choses ont toujours une fin après tout. Peut être me faudra-t-il accepter que nos chemins se seront juste frôlés quelques instants.

Comme pour réfuter cette dernière pensée, je me lève et marche en direction de la salle du haut qui nous servira à danser pour oublier qu'on doit bientôt s'en aller.

Là bas, Noé et Jules s'amusent. Leurs mains remplies de colles et de peintures s'empoignent et se serrent. Devant ces rideaux rouge et ces lumières, je me perd. Mon bout de carton dans les doigts, j'admire le travail que nous n'avons que commencer.

D'un frôlement de doigt, j'appelle les jeunes hommes perdus dans leur rires communs. Noé se rapproche vers moi, un grand sourire affiché aux lèvres. Il prend d'une seule main l'objet de ma création et y accroche un fil qu'il scotche au plafond. Malgré sa grande taille le brun utilise un simple escabeau où il s'appuie sur la pointe des pieds de ses chaussures blanches.

Perdu dans la contemplation de ma boule, j'entends à peine les craquements de plancher qui annonce l'arrivée de Gilda derrière nous. La jeune femme bien que petite possède une certaine domination à laquelle les deux animateurs s'y plient.

- Tu as quelque chose à faire ? Je compte préparer les cocktails pour ce soir et j'aurai besoin d'un coup de main.

J'hausse les épaules regardant d'un seul œil Gilda prendre ça pour un oui. De sa petite main robuste, elle m'entraîne dans les escaliers peu résistants faits en bois.

Sur le chemin, Gilda trottine. Sa bonne humeur communique avec mon humeur fatiguée. Je traverse de petits couloirs, faisant quelque signes de mains aux cuisinières étonnées de me voir apparaître dans ces couloirs rendus secrets. J'atterris dans une petite salle près de la fenêtre qui donne sur la cour. Les rayons éclairent la table d'une lueur étrange.

J'adresse un sourire moqueur à Gilda en découvrant toutes les bouteilles de bières laissées en désordre sur le plan de travail. D'un signe de menton et d'une tape sur l'épaule, Gilda me désigne la table à dégager pour installer le matériel.

Quelques instants plus tard, nous somme près à commencer.

C'est de mes yeux curieux, que j'observe les différents sirops superposés sur les coins de table. Je n'y connais rien en cocktails mais Gilda qui a déjà été barman, gère comme une pro.

D'un regard apte à apprendre, je suis le bout de papier en bout de table qui devrait me servir. Je commence avec le cocktail de Rio et finis avec un cocktail de Fraisibulle. Les différents saladiers placés au milieu affiche un arc en ciel coloré. Je me perd vite dans les odeurs douce qui flottent dans l'air jusqu'à moi. Dès que Gilda tourne le dos, j'attrape quelques fraises et citrons qui restent encore dans les bols.

- Allez file, mais merci pour ton aide.

Avec une lueur de malice, c'est par la fenêtre que je me glisse, faisant le sourd au cri de Gilda. Étant au premier étage, le résultat était le même qu'enjamber une petite muraille.

Devant l'herbe rafraîchie par la pluie qui s'était présentée en début d'après-midi, je me rends compte que le soir est déjà présent et que j'ai bien passé plusieurs heures dans l'atelier de Gilda.

Visible aux yeux de tous, je fus très vite intercepté par le blond inquiet. Achille m'attrape le bras comme si j'avais pu me faire kidnapper entre temps. Je le taquine d'un sourire au lèvres, heureux tout de même qu'il puisse s'inquiéter pour moi.

- T'étais où ? T'as raté le goûter carrément.

- Tu m'a pris un truc j'espère.

Le blond me lance une pomme que je rattrape à quelque centimètres de ma figure. J'adresse un regard lasse devant l'objet qui aurait autant pu ressembler à un légume.

Achille court déjà vers les tables au fond de la cour. Là bas, le service de table a déjà commencé et les enfants se presse pour leur repas.

Je rejoins les gars qui chahutent sans s'arrêter sur la table déjà ravagée. En regardant le soleil qui se couche, je songe à notre dernier jour qui se présentera demain. Dire adieu au lieu où j'ai tant rencontré écorche ne serait ce qu'un peu un cœur qui bat peut être vraiment pour la première fois.