Chapitre 9

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PDV Alyara :

Je ne rêvais pas, il était bel et bien là, en train d'épier ma fenêtre. Lorsque j'avais prononcé son nom, il s'était retourné brusquement, se sentant prit en flagrant délit. Le pire dans cette histoire, c'est que je trouvais sa réaction plutôt drôle.

Il ne savait surement pas quoi répondre, car il était resté debout, immobile, les yeux remplis de gênes et surtout coincés sur moi. Je venais de nager, c'était quelque chose qui me détendait toujours. Et j'avais besoin de me vider la tête après ma conversation de ce matin. Je n'étais pas en train d'envisager de partir bientôt. Mais plus la journée était passée, plus je commençais à me dire que ça ne serait pas une mauvaise idée, un jour. Je ne savais pas encore si je pourrais supporter de vivre ici jusqu'à la fin de ma vie.

-Je suis désolé. Je voulais voir si tu étais réveillée...

Dans ce genre de situation, la plupart des gens baisseraient les yeux, mais il faisait l'inverse. Il me regardait droit dans les yeux.

-Pourquoi es-tu ici, longtemps après l'éclipse en plus de ça ?

-Je... je me suis enfui...

-Enfui ? Tu étais prisonnier ? Ai-je répondu, en riant.

-Bien sûr que non, mais j'en étais obligé si voulais venir.

-Mais pourquoi vouloir venir ici ? Ne me dis pas que tu as besoin de cours nocturne ?

Il avait souri. Non, ce n'était pas pour ça. Je savais en réalité pourquoi il était là. Il voulait me parler. Parce que pour moi, c'était pareil. J'avais envie de lui parler, d'avoir son avis sur ce qui s'offre à moi.

-Je voulais juste te parler.

L'entendre le dire m'avait fait manquer un battement. Mon rythme cardiaque aurait pu faire exploser ma poitrine. Sauf que non, je ne pouvais pas mourir, pas comme ça. J'étais tellement heureuse qu'il soit là. Ça voulait tout dire. Que je n'étais pas la seule à vouloir qu'on devienne amis, et qu'avoir passé la journée chacun de notre côté ne l'avait pas empêché de vouloir me revoir.

Tsireya serait heureuse de voir qu'elle avait raison. Il était vraiment temps que j'agrandisse mon cercle.

-D'accord, parlons.

J'avais prononcé ces mots avec une telle spontanéité dans la voix que j'avais eu peur qu'il se fasse de fausses idées. Il s'était contenté comme à son habitude de me sourire et nous nous sommes assis sur le sable, côte à côte, laissant nos pieds se faire caresser par les vagues.

L'eau laissait de la lumière à chacun de ses passages. Ma mère m'avait déjà expliquée que ce phénomène se nomme la « bioluminescence ». Il existe, d'après elle, le même phénomène sur terre, sauf qu'il faut causer cette réaction. Ici, sur Pandora, la bioluminescence n'a pas besoin d'être provoquée, elle agit toute seule comme indépendante. C'est souvent lorsque je vois ce genre de chose que je me rappelle d'elle et je me souviens aussi de tout ce que je sais sur la planète qui aurait pu être la mienne. J'en concluais fréquemment que je suis née au bon endroit.

-Tu étais parti nager ?

J'avais tourné la tête vers lui, il était toujours plus grand que moi. Mais je devais avouer que ça ne me gênait pas à ce moment-là.

-Oui, la nuit l'océan est tout aussi beau qu'en plein jour.

-Comme la forêt. Ça me manque parfois, quand j'y pense...

Ses yeux voulaient dire plein de choses, sauf que je ne le connaissais pas assez pour pouvoir les déchiffrer. En tout cas, je pouvais comprendre son manque. Rien que de m'imaginer loin du récif me brise le cœur. Mais peut-être qu'un jour, ce sera au contraire le seul moyen de le réparer.

Avatar : Les chants de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant