Avatar : Les chants de l'eau

Chapitre 31

Quelque jours plus tard

PDV Neteyam :

Ma mère a tenu sa promesse à propos d'Alyara, elle n'avait plus parlé d'elle une seule fois. Et ça avait permis de nettement améliorer notre relation. Elle savait que je la voyais encore et que ce n'était pas près de changer, mais elle s'était assurée que je comprenne dans quoi je me lançais. Elle ne ressentait plus le besoin de me mettre en garde et j'ai même fini par avoir l'impression qu'elle n'était plus entièrement contre cette relation. Surement parce qu'elle avait réalisé que j'étais bien plus heureux et sage depuis que cette histoire était terminée. Enfin, le principal était qu'entre ma famille et moi, tout commençait à s'apaiser. Mes parents se faisaient à l'idée que je puisse être amoureux d'une humaine, et ils commençaient également à s'habituer à voir leur second fils passer tout son temps avec un Tulkun paria. En fait, comme pour moi et le reste de notre groupe d'ami plutôt sceptique face à cette nouvelle relation, ils se sont rendu compte que Payakan n'était pas un tueur à proprement parler. Si on y réfléchissait, mon père le dépassait largement dans ce domaine.

Pour faire court, tout était en train de s'arranger. Aly et moi passions beaucoup de temps ensemble, comme avant, hormis que nous avons tendance à se voir majoritairement la nuit, alors même que cela n'est pas vu d'un très bon œil de la part de mes parents. Mais la journée, soit nous sommes avec les autres, soit nous profitons tous les deux de l'océan. Alors, nous n'avons que la nuit pour se rejoindre chez elle, là où aucune barrière n'était capable de venir se mettre entre nous.

L'une des premières fois où nous nous sommes retrouvés dans cette cahute, c'était le soir même qui avait suivi notre « réconciliation » si je peux appeler ça ainsi. J'avais atteint l'une de ses fenêtres pour vérifier si elle était bien là. Elle était effectivement présente, le nez plongé dans un manuel de premier secours. Je me rappelle m'être moqué d'elle en entrant. Elle s'était tout de suite défendue en affirmant que s'il venait à m'arriver quelque chose, ses connaissances en médecine pourraient me sauver la vie. À vrai dire, je n'arrivais pas à imaginer quelque chose pouvant me blesser, à ce moment précis. Tout était parfait dans ma vie et la plus grosse menace qui pesait sur nous se trouvait à des centaines de lieux d'ici. La RDA n'a aucun moyen de savoir où nous nous trouvons, ce qui signifie que nous sommes tous à l'abri ici. Mais, imaginons que tombe d'un rocher et que je me coupe accidentellement en m'éraflant la jambe. Sa lecture quotidienne se verrait alors utile.

Cette soirée avait été l'une des meilleures. On avait passé des heures à parler, de sujets sensibles ou non. Nous avions également fini par nous endormir, ensemble. Enfin, c'était elle qui s'était endormie, moi, j'étais incapable de fermer l'œil. C'était comme un rêve dont je ne voulais pas me réveiller. Mais, je crois connaitre l'une des raisons qui m'ont empêchées de fermer l'œil. Car un peu plus tôt, elle s'était confiée à moi comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Elle m'avait parlé de son passé, d'un évènement qui l'avait totalement traumatisé.

-Ne te sent pas obligé de m'en parler si tu ne veux pas... lui avais-je dit, avant qu'elle ne se jette définitivement à l'eau.

-Non, j'en ai besoin, je crois...

Apparemment, elle en avait déjà parlé une fois, avec Tsireya. Elle m'a dit avoir pleuré, longtemps, mais qu'au final, ça lui avait fait beaucoup plus de bien que de mal. Alors, je l'ai écouté attentivement, en prenant soin de ne pas l'interrompre une seule fois.

-Tu le sais déjà, mais ma mère est morte lorsque j'avais 10 ans. J'étais suffisamment vieille pour m'en souvenir encore aujourd'hui, mais j'étais trop jeune pour comprendre.

Elle s'était promis de fournir des efforts pour que, cette fois-ci, elle ne lâche aucune larme. Alors, elle se retenait, en respirant plus fort et en évitant de me regarder dans les yeux.