Chapitre 28

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PDV Neteyam :

-Lo'ak !

Il ne m'écoutait pas. Il se contentait de longer la passerelle et je devais fournir de gros efforts pour réussir à le suivre.

-Lo'ak, ralenti... j'ai pas marché depuis trois jours... et mes bandages me grattent.

Soudain, il s'était arrêté. Droit comme un arbre, il se trouvait au milieu de mon chemin et emportait dans mon hélant, je n'avais pas eu le temps de le contourner. Lorsque je lui suis rentré dedans, la seule chose qu'il avait trouvé à répliquer était :

-Grand guerrier, mon cul... Tu me demandes de m'arrêter pour me pousser juste après ?

-Je ne pensais pas que tu t'arrêterais aussi subitement... ai-je répondu, agacé et complètement essoufflé.

Sans me laisser le temps de reprendre mon souffle, il a croisé les bras et s'est mis à pester sur moi.

-Tu n'es pas possible. Au moins, je pense que tu vas longtemps te souvenir que fuir maman comme ça, sans prévenir, ce n'est pas une chose à faire deux fois.

Il se moquait de moi alors que j'étais toujours à deux doigts de m'effondrer de tristesse et de fatigue. J'allais surtout retenir que rester allongé ou assis à gindre aussi longtemps, n'est pas une chose à faire deux fois. De son côté, mon cœur était encore en mille morceaux et j'avais une peur bleue de l'apercevoir. Je ne sais pas ce que je ferais si je venais à la croiser, là, maintenant. Et si elle était en compagnie de Ao'nung ? Comment cacher mon mal si les deux se pointent main dans la main ?

-Lo'ak, est-ce qu'on peut avoir cette conversation ailleurs ?

-Hein ? Non. Il faut qu'on y aille, ils nous attendent !

-Qui ça « ils » ?

-Bah les autres.

« Les autres » signifie le reste de nos amis, et qui dit nos amis, dit forcément ELLE. J'étais dans l'incapacité de bouger tout à coup. Rien que l'idée d'être tout près d'elle et de devoir marcher jusqu'à la plage pour la voir, me donnait des frissons. Je devais respirer profondément si je ne voulais pas vomir de stress. Lo'ak n'avait pas l'air de remarquer mon état puisqu'il était sur le point de tourner les talons. Mais juste au moment où il se décide à faire un pas en avant, je le retiens par le bras.

-Non ! Je ne peux pas...

-Tu ne peux pas quoi ? Avait-il répondu, las, tout en retirant son bras d'un coup sec.

-Je ne peux pas te laisser faire ça.

Certes, je savais que le laisser se lier à Payakan n'était pas une bonne idée. Mes parents venaient seulement de me rendre ma liberté. Si ça se trouve, ils étaient même prêts à pardonner ma bêtise. Alors la dernière chose que je devais faire était de laisser mon frère se lier avec un Tulkun meurtrier. Mais en toute franchise, il n'y avait pas que ça. En fait, je désirais ardemment faire demi-tour pour retourner me cacher dans notre marui, étant incapable de faire face à mes problèmes.

-Pourquoi tu dis ça ? Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi...

-Non, c'est juste papa, tu le connais... ça va mal finir.

-J'en ai rien à faire de ce qu'il peut penser. C'est ma vie, pas la sienne !

-Lo'ak je...

Ne me laissant pas finir, il était parti pour de bon. Je ne pouvais pas le laisser tout seul, sinon on me blâmerait pour ne pas avoir surveillé mon petit frère. Alors, après avoir regardé avec désir notre marui au loin, je me suis décidé à le suivre, avec un mince espoir d'avoir le dernier mot sur cette affaire.

Avatar : Les chants de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant