Chapitre 6

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Lors de son deuxième essai, Neteyam avait réussi à tenir sur son ilu, mais il était loin de nager aussi bien que le plus novice de nos plongeurs. Alors, j'ai nagé avec lui pour le reste de la journée. J'en avais profité pour le guider en direct et lorsque l'éclipse était arrivée, l'ainé des Sully était déjà beaucoup plus alaise.

-Quand je pense que Lo'ak se débrouille mieux que moi, je n'ai vraiment pas l'habitude de ça, me dit-il.

-À t'entendre, on pourrait croire que tu es jaloux ! Plaisanté-je.  

Passer la journée ensemble avait été vraiment très bénéfique pour tous les deux. Nous étions chacun bien plus alaise avec l'autre et nous avions appris à nous connaitre. Il était devenu en quelque sorte mon troisième ami. Ouch. Même dans ma tête cette phrase fait pitié.

-Je ne comprends pas pourquoi diriger sa monture dans l'eau est plus difficile que de voler !

-Tu es trop habitué à chasser dans le ciel, tu dois seulement apprendre à le faire dans l'océan maintenant. Et ce n'est pas dramatique si ton petit frère s'adapte plus vite que toi.

Sa seule réponse avait été un long soupir de désespoir. L'éclipse était sur le point de cacher notre soleil, et le ciel nous offrait alors un spectacle envoutant. D'habitude, je me pose sur la plage pour le regarder, mais ce soir, je marchais avec sur cette même plage avec Neteyam. En réalité, nous avions nagé jusque tard contrairement aux autres, car il voulait absolument réussir une figure sur son ilu avant l'éclipse. Au final, il a dû abandonner, il n'était pas encore prêt. Alors, voyant que la nuit allait bientôt prendre place dans l'horizon, il avait insisté pour m'accompagner jusqu'à ma cahute.

-Si tu veux mon avis, tu devrais oublier tout ce que tu sais. Car tes connaissances te sont inutiles ici. Nous ne sommes pas le peuple de la forêt, nous sommes des Metkayina. Un ilu n'est pas un ikran. Il faut que tu en prennes totalement conscience lorsque tu es dans l'eau.

-Oui, tu as raison. Je pense qu'il va me falloir du temps avant de pouvoir oublier la forêt.

Les yeux baissés, il dégageait une mine plutôt maussade. J'aurais voulu l'aider à ne plus faire cette tête, mais je ne savais pas comment m'y prendre.

-Tu sais, commencé-je en m'arrêtant devant lui, le passé est éternel. Il vivra toujours dans tes souvenirs et dans le souvenir d'Eywa. Tu ne pourras jamais effacer cette partie de ta vie que tu as consacrée à la forêt et je ne te demande pas d'effacer cette partie de toi. Il faut juste que tu essaies de t'imprégner de l'océan pour mettre le reste de côté le temps de nager.

Son regard se perdait dans le mien. J'étais bien plus petite que lui, pourtant il arrivait toujours à soutenir mon regard d'en haut. Il avait l'air très attentif à mes paroles, mais contrairement à ce matin, je ne commençais pas à avoir les joues écarlates.

-C'est là, repris-je, et seulement à cet instant que tu pourras vraiment apprécier nager. Mais ça ne changera jamais le fait qu'une partie de toi est et sera toujours amoureuse de la forêt.

-Es-tu amoureuse de l'océan ? Avait-il finalement demandé.

J'été prise de court, je ne m'attendais pas à cette question et il me fallut un moment pour y répondre.

-Je suis amoureuse de Pandora... avec tout ce que ma mère m'a raconté sur ma planète d'origine, j'ai compris que ces terres étaient précieuses et riches. Je n'ai jamais vu autre chose que la mer de toute ma vie, mais je suis sûr que si j'avais l'occasion de découvrir la forêt, je ne serais que plus amoureuse de Pandora.

Nous nous sommes regardés durant un moment sans savoir quoi dire. En réalité, on ne voulait pas briser ce silence agréable. C'était finalement moi la première à détourner les yeux et je me suis en même temps rendu compte que l'éclipse avait bien avancée.

Avatar : Les chants de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant