Chapitre 29

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PDV Alyara :

Je n'aurais jamais cru que passer deux journées entières avec Ao'nung pouvait être aussi amusant. J'ai définitivement réussi à découvrir le vrai Ao'nung. Celui qui ne se cache pas derrière un masque d'abrutis dans le seul but d'impressionner les mauvaises personnes. Celui qui préfère rire avec quelqu'un qu'il connaît depuis l'enfance, plutôt que de rire d'elle. Celui que j'apprécie vraiment. J'en venais même à oublier qu'à une époque pas si lointaine que ça, il était le plus grand connard que j'avais jamais côtoyé.

Lily avait beau toujours être sur la défensive avec lui, elle avait fini par se radoucir. Nous passions nos journées à nager, à pêcher et parler. On en a appris beaucoup l'un sur l'autre en très peu de temps et j'étais heureuse de réaliser qu'une lourde page de ma vie venait de se tourner. Nous avions enfin réussi à nous entendre et nous apprécier. C'était la meilleure chose que l'on pouvait espérer, l'un comme l'autre.

Le premier jour, nous sommes tous les deux partis pêcher, loin du récif. Mais en fin de journée, lorsque nous sommes rentrés au village, nous avons croisé Lo'ak et Tsireya. C'était la première fois de la journée que je sentais une once de culpabilité naitre en moi. La manière dont Lo'ak m'avait regardé, comme si je commettais une énorme erreur. Sauf qu'il ne pouvait pas savoir que j'avais régulièrement pensé à son frère. Je me disais qu'il aurait aimé être là, ou qu'il devait s'ennuyer tout seul. Combien de fois m'étais-je lamenté intérieurement du fait qu'il soit absent ? Pourtant, son regard, je l'avais reçu comme une flèche en plein cœur. Par ce que, oui, à la place de Lo'ak, si j'avais su qu'il passait ses journées à s'amuser avec quelqu'un d'autre alors que je suis dans l'incapacité de sortir, après tout ce qui s'est passé... j'en aurais été blessé.

Mais il fallait être réaliste. Je n'y pouvais rien si Neteyam était puni. Oui, il me manque, tout le temps. Mais je sais que je vais bientôt le retrouver, alors pourquoi n'aurais-je pas le droit de tuer le temps avec quelqu'un d'autre ? Même s'il s'agit de Ao'nung... Enfin, même si son regard voulait dire beaucoup de choses, je n'y avais plus prêté attention.

Le lendemain, Tsireya et Lo'ak étaient revenus à notre rencontre pour passer une partie de la journée avec nous. Globalement, cette journée avait été agréable. Nous ne nous étions jamais aussi bien entendu tous ensemble, pourtant, il manquait toujours quelque chose. À un moment, Lo'ak s'était retrouvé à l'écart, l'esprit ailleurs. Je l'avais sorti de ses songes pour lui demander comment allait son frère.

-Il patiente... avait-il répondu, avant de m'offrir un léger sourire.

Je m'entendais bien avec Lo'ak, mais lorsqu'il s'agissait de son frère, ou d'un autre membre de sa famille, il changeait de comportement. J'aurais aimé lui demander d'aller voir Neteyam pour lui transmettre un message. Mais aucun message ne pourrait remplacer les paroles que nous pourrons échanger lorsqu'il sera là, en face de moi.

Il fallait que je patiente, même si tout cela commençait à se rapprocher de la torture.

Enfin, le lendemain, Lo'ak nous avait trouvé avant que nous ne partions pour une nouvelle excursion. Plus existé que jamais, il nous avait supplié de rester dans les parages pour la journée. Il voulait qu'on soit là pour assister au moment le plus important de toute sa vie. En tout cas, c'est ce qu'il nous avait dit. Après cette annonce, il était parti aussi vite qu'il était arrivé, en nous laissant tous les deux, dans le brouillard.

-Que voulait-il dire par « le moment le plus important de ma vie » ?

-J'en sais rien du tout, ai-je répliqué en soupirant.

J'étais déçu du fait que notre journée était annulée. Partir nager, loin du village, avec Ao'nung me permettait de totalement me séparer de la réalité. Mais aujourd'hui, j'allais devoir rester "dans les parages". Mais j'allais surtout rester à l'écart du marui des Sully. J'avais peur d'apercevoir Neteyam, car je redoutais sa réaction en me voyant. Mais je craignais par-dessus tout de croiser le regard meurtrier de sa mère, que j'avais soigneusement évité ces trois derniers jours.

Avatar : Les chants de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant