Chapitre 11

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Ils l'ont chopée la nuit suivante. Les blancs de Rôffa. Évidemment, Farouk s'est interposé. Ils l'ont frappé puis l'ont attrapé et l'ont tenu comme s'ils voulaient qu'il regarde. Deux hommes s'y sont pris. Un troisième lui a forcé à lever le menton d'un air sadique. Ils s'y sont mis à trois pour immobiliser Nalah. Un quatrième la déshabillait. On lui a envoyé un coup dans les côtes quand elle a commencé à mordre.

— Rast na dik ? a susurré Alik dans l'oreille de Farouk. Alors comme ça tu comprends la langue de Rôffa, fils de pute ?

Il a souri, un couteau braqué sur sa gorge. Il le tenait fermement afin qu'il ne se détourne pas.

Les soldats ont regardé sans agir. Ils se demandaient ce qu'il fallait faire. D'un côté, leurs frères d'armes commettaient quelque chose qui les gênaient. De l'autre, c'étaient leurs compagnons.

Nalah a serré les cuisses mais on l'a frappé dans le plexus. Elle a perdu son souffle et elle a senti l'autre entrer. Elle n'a qu'eu la force de se laisser faire. Elle pensait à la mort. Elle a refoulé des larmes. Elle refusait d'y céder. Elle a imaginé le visage de son agresseur lorsqu'elle lui étirerait les entrailles.

Le premier a fini rapidement et a grogné. Un second y est allé. Elle gardait la tête baissée. Elle se montrait plus faible qu'elle ne l'était et a senti les prises se relâcher. Quand le second est entré, elle a serré les dents. Son bras pouvait à peine bouger. Elle a dû attendre que l'autre termine pour avoir l'instant nécessaire où elle a pu atteindre ce qu'elle cherchait.

Quand le troisième est passé, elle a laissé échapper un cri. Un des hommes a ri. Elle était libre de ses mouvements, elle n'avait qu'à forcer un peu. Sa lame a glissé dans ses doigts. Si quelqu'un l'a vue, personne n'a rien dit. Elle a bien failli la lâcher quand l'autre a envoyé un coup plus fort que les autres. Elle s'est retenue. Quand elle l'a entendu haleter et senti accélérer, elle y est allée.

Elle a frappé au hasard, dans son dos, quelque part dans le cou de l'homme qui s'est étouffé avec son cri. Celui à sa droite à hurlé quand la lame s'est enfoncée dans son torse. Celui a gauche a évité le premier coup mais elle s'est jetée sur lui et il s'est renversé sous son poids. Elle a plongé sa lame tant de fois qu'elle s'est couverte de son sang. Elle a reconnu à ses cris ridicules que c'était lui qui avait ri. Lui qui était entré le premier.

Elle est restée là, haletante, penchée à regarder ce qu'il restait du visage de l'homme. Personne ne bougeait. Le temps s'était arrêté.

Toute la scène n'a duré que quelques secondes. Un homme s'est jeté sur Nalah et l'a poussée si fort qu'il l'a envoyé rouler plus loin. Il s'est approché et a posé son pied sur sa trachée et a sorti un couteau.

Des soldats alertés par les cris sont entrés dans la tente. Ils sont devenus blêmes en voyant tout le sang. Les gars ont lâché Farouk et l'un d'eux a désigné Nalah en causant dans son dialecte. Les soldats sont restés interdits. Leurs regards allaient entre l'homme qui bloquait Nalah au sol, Nalah et les cadavres. L'un des gardes a tiré son sabre, mais Alik lui a sauté dessus pour lui arracher son arme. Les autres l'ont suivi. Ils ont désarmé les soldats et les ont massacrés. Pendant ce temps, Nalah a profité de l'inattention de celui au-dessus d'elle pour lui enfoncer sa lame dans le pied. L'homme a hurlé et s'est tordu. Elle s'est redressée avant qu'il ne réagisse pour lui planter dans le bide. L'homme s'est laissé tomber à terre en se tenant le ventre. Nalah l'a fixé. Elle reconnaissait celui à qui elle avait fait une promesse. D'un coup sec, elle a tranché son bout. Elle l'a laissé agoniser comme ça.

Jazir a entendu les cris et est sorti : dehors, c'était la débandade. Des soldats débraillés quittaient leur tente pour venir voir ce qui causait ce raffut. D'un côté, il y avait les hommes de Rôffa, et ils se battaient contre d'autres soldats sans que personne ne comprenne.

Shanalah [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant