Z E P H A N I A H
(Merci encore pour tous vos commentaires...)
— Tu veux encore des céréales ?
Il secoue la tête de gauche à droite, toujours sa tête posée sur sa main en me regardant m'activer dans la cuisine.
Alora est partie emmener sa fille à l'école avant que son chéri ne parte au travail puis elle reviendra avec le reste des Berrada.
Je suis restée avec Nehiyr, depuis que l'appartement est enfin redevenu calme.
Il n'a pas ouvert la bouche depuis qu'on s'est pris dans les bras.
Une question trotte dans ma tête : est-ce qu'elle l'a détruit ?
À quel point cette histoire lui a-t-elle fait mal ?
Il ne dit rien et se terre dans le silence en regardant le monde tourner autour de lui. Je reconnais ce regard vide car je l'ai eu pendant un bon moment, c'est le regard qui reflète ton âme.
Une âme en peine.
— Néné...
Il lève les yeux vers moi avant de les baisser.
— S'il te plaît, fais pas ça avec moi. Tu sais que tu peux être transparent avec moi, dis-je en souriant.
Il hoche la tête.
— T'as le droit de souffrir, c'est pas parce que t'es un homme et que c'est une femme que tu devrais tout encaisser comme un bonhomme. Jusqu'à preuve du contraire lorsque hommes et femmes touchent au feu, ils se brûlent. T'es un humain.
Il me regarde sans rien dire avant de baisser les yeux.
— T'es sûr que tu veux pas manger plus ?
NEHIYR - Nan, choukran.
— Mh... d'accord, tu veux aller te coucher ?
Il hausse les épaules.
— Allez, on y va ? Tu dois avoir mal à la tête. T'as pris les cachets ?
Il se lève en me regardant de façon neutre avant d'hocher la tête.
J'attends qu'il puisse me raconter ce qu'il s'est passé pour qu'il se retrouve dans cet état. Blessé au crâne et au bas du ventre.
Il faut rester patiente.
On se dirige tous les deux vers sa chambre, il se couche dans son lit en remontant la couette jusqu'à son menton. Je me permets de m'asseoir à ses côtés, tandis qu'il me regarde.
NEHIYR - Smeh.
— Pourquoi ?
NEHIYR - Tu t'occupes de moi comme si j'étais un gosse.
— Mais nan Néné... ça me fait plaisir.
NEHIYR - Pourquoi tu t'occupes de moi ?
— Parce que je... parce que tu le sais très bien et qu'on prend toujours soin l'un de l'autre.
NEHIYR - Tu m'en veux pas d'être resté avec elle ?
— Non. Enfin... j'sais plus. Avec ce que j'ai vu je sais plus quoi penser.
NEHIYR - Elle est rentrée dans ma tête.
— C'est bon, on peut en parler ? Dis-je en me tournant complètement vers lui.
NEHIYR - Ouais, comme ça t'expliquera à mes vieux, j'ai la flemme de parler. Ils vont péter un plomb.
C'est vrai que lorsqu'Abel a appelé, il était limite en crise de nerfs. Ils sont tous sensés arriver d'ici une heure environ.