Point de vue de Priam
Mes yeux fixaient le sol en terre, crade et volatile alors que je m'entêtais à rester assis sur cette vieille chaise dure et rouillée.
J'attendais, parce qu'on m'avait dit d'attendre. Et je n'avais pas le choix, merde.
À côté, l'ombre d'Andrew papillonnait en de rapides allers et retours. Son anxiété se sentait à des kilomètres, il étouffait dans cette petite pièce. Caché sous ma capuche, j'exudai. Il faisait humide et presque froid, mais mes muscles sous pression subissaient d'infatigables bouffées de chaleur.
J'ignorais depuis combien de temps nous avions été jetés dans cette pièce, mais plus les minutes s'écoulaient et plus, j'enrageais. Des bruits agités alentours me laissaient deviner que quelque chose se préparait et je n'aimais pas ça. Ce malade avait le contrôle depuis le début, nous le savions. En nous rendant dans ce chapiteau miteux, nous savions que nous entrerions dans la gueule du loup, piégés.
— On aurait dû écouter Doggson, Priam, lâcha Andrew. On aurait dû infiltrer des flics avec nous.
— La police est incompétente. Doggson aussi. (Et comme si cela résumait tout, je crachai : ) Ils l'ont laissé la kidnapper.
Andrew se mordit la lèvre. Ses doigts s'entremêlèrent dans ses cheveux en tremblant sûrement à cause du manque de nicotine. On lui avait pris son paquet avant d'entrer sous les mâts.
— C'est de ma faute, j'aurais dû la suivre à la trace, j'aurais dû...
— On en a déjà parlé, le coupai-je aussi sec.
Et je n'avais aucune envie de l'entendre me ressasser le schéma de son enlèvement. je n'avais aucune envie d'imaginer sa peur à cet instant et le visage de cet enculé en train de poser ses mains sur elle. Je ne voulais plus repenser au visage de mon garde du corps tuméfié, ni à ses supplications avant qu'il ne m'avoue que... Stop. Assez. Je fermai les yeux, sentant l'impuissance me gagner à nouveau.
Je devais la récupérer. Je devais la sauver. Trop de souvenirs me hantaient depuis des heures. Depuis qu'elle m'avait appelé en pleurs, sous l'impulsion de la menace. Sa voix... Sa voix avait été si désespérée que j'avais immédiatement compris qu'elle n'était pas seule. C'était impossible. Il ne l'aurait jamais laissée m'appeler sans surveillance, et je doutais d'être là par plaisir. Les hommes qui nous avaient accueillis à l'entrée nous avaient regardés avec un plaisir non feint. Ils nous attendaient, bien sûr.
Et puis, plus rien. Des bruits de détonation avaient fusé et ça m'avait rendu fou. Je ne savais pas ce qu'elle était devenue depuis ce coup de fil. J'ignorais si elle allait bien, si ce connard l'avait blessée. Ma seule consolation était de penser qu'elle était sûrement encore en vie, sinon, il ne m'aurait pas fait venir jusqu'ici. Parce que si j'étais là, c'était pour qu'il accomplisse sa putain de vengeance, Andrew en était persuadé. Et si Belle était morte, alors plus rien n'aurait de sens. Elle était trop précieuse pour lui, vu tout ce qu'il avait mis en oeuvre pour la kidnapper.
À présent, je comprenais ses avertissements et la peur dans sa voix lorsqu'elle me parlait de lui, de son histoire et de la crainte qu'elle ressentait à l'idée qu'il la retrouve. En cherchant des informations sur lui les nuits où j'échouais à dormir, j'avais pris conscience de la menace qu'il représentait, des moyens qu'il possédait et du pouvoir qu'il détenait ici, en Floride. Mais ça ne m'arrêtera pas.
— C'est de la folie, putain ! s'exclama mon garde du corps. Cinq jours avant la finale, tu crois que c'est du hasard ? Ce mec ne fait sûrement rien au hasard, Priam.
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K.O 2 || RUPTURE
Romantik« Trop beau pour être vrai » Belle n'avait jamais nourri autant de convictions dans ces quelques mots après avoir quitté le stade de Lancaster. Alors que les révélations viennent d'éclater et que de profonds espoirs sont partis en fumée le temps d...