Prologue

5.2K 184 40
                                    

L'air était glacé pour un mois de juillet. Ou alors, était-ce juste l'atmosphère qui donnait froid dans le dos...

De loin, le vieux garage passait pourtant inaperçu. On ne voyait de lui que des carreaux en verre trempé, bien qu'ébréchés, une façade miteuse aux allures vaguement lugubres et d'énormes pousses de mauvaises herbes accrochées sur son front. Si on approchait, on pouvait apercevoir des murs épais, construits à l'aide de grosses pierres polis qui suintaient d'humidité et où une couche de vase s'était agglutinée au fil du temps. Le toit donnait l'impression de s'effondrer et menaçait quiconque de s'aventurer près d'ici. La noirceur trouant les fenêtres était opaque, donnant au lieu un aspect tout à fait morbide.

Le lieu idéal pour des affaires douteuses, loin du soleil paradisiaque de Miami.

Les grosses pierres étaient si lourdes, si denses qu'elles garantissaient une insonorité parfaite. C'était ce point qui avait convaincu Clyde parmi tous les autres. Celui qui lui avait arraché un sourire au moment d'y amener une autre victime. Or, quand elle se mit à crier d'un hurlement perçant, Clyde sut que le garage avait tenu toutes ses promesses.

Oui. Personne ne soupçonnerait jamais ce qu'il se passerait dans cette rue étroite aux courants d'air glacés. Et, puis dans un tel quartier, qui s'en soucierait ?

D'un regard acéré, il ordonna à son subordonné de reprendre là où il s'était arrêté. Ainsi, sa grande paume jusque-là pressée contre le crâne du jeune garçon se resserra. Imperturbable, il lui flanqua le crâne dans la bassine d'eau bouillante en face de lui.

— Toujours aussi têtu, commenta-t-il.

Cela l'amusait beaucoup. À vrai dire, il prenait toujours beaucoup de plaisir à faire ce qu'il faisait. C'était un jeu et le but était de trouver la proie qui lui offrirait ce qu'il convoite, parmi des milliers de possibilités. Cette pensée lui arracha un sourire.

Il adorait jouer.

— Il finira par craquer, le rassura son inférieur.

— Ho, ricana-t-il en lui faisait signe du doigt de lui relever la tête. Je n'en doute pas. Hein, mon grand ?

Un gémissement plus faible sortit des lèvres ébouillantées du concerné. Ses paupières enflées ne s'ouvraient plus. Sa respiration était imprécise, saccadée... souffrante.

Et, il aimait ça. Il aimait ce qu'il voyait et prenait un plaisir fou à lui imposer cette douleur qu'il avait lui-même ressentie quand son petit ange s'était échappé.

— Où est-elle ?

— J-Je vous dis que je ne sais p-pas, croassa-t-il en pleurs. On se connaissait à peine elle et moi.

— Ho voyons, fais un petit effort. Vous étiez dans la même classe, tu dois avoir un petit quelque chose à me donner, non ?

Il s'accroupit devant sa proie et jubila en remarquant son expression terrifiée.

— E-Elle ne parlait à p-personne, répondit-il en déglutissant. Elle jouait à l'invisible. S'il vous p-plait.

Clyde fit la moue en le voyant se remettre à pleurer.

— Pourquoi ils pleurent tous ? C'est lassant. (Il gifla violemment le garçon). Et ça ne répond pas à ma question.

Aussitôt, il refit signe à son subordonné qui replongea sa tête dans l'eau. La vapeur frémit d'excitation et dansa au rythme des tentatives de la victime pour échapper à la torture.

— Parfois, je lui en veux d'être si timide, soupira Clyde. Elle ne me facilite pas la tâche.

C'est vrai. Elle était si discrète, si fragile. Il se rappelait encore de la sensation de la tenir entre ses bras, de l'envelopper en la protégeant avec son corps massif. Elle s'y lovait parfaitement, comme si leur corps étaient faits pour s'emboîter. Il se souvenait aussi du son cristallin de sa voix si douce, si... angélique. C'était bien évidemment ce qui le poussait aujourd'hui à vouloir la retrouver. Ainsi, il pourrait à nouveau la serrer dans ses bras, jusqu'à briser chacun de ses os pour lui faire sentir sa fureur d'avoir été trahi. Il lui imposerait la pire des souffrances afin de la détruire, et de cette manière, elle ne pourrait plus lui échapper. Tout redeviendrait comme avant. Il réentendrait sa jolie voix qui la supplierait... Il retrouverait tout ce qui lui plaisait tant chez elle.

K.O 2 || RUPTUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant