Point de vue de Priam
Mon buste s'écrasa contre celui de Jones, dans un jet de violence exacerbée. Ma fureur le surprit, mais trop tard, je lui envoyai un direct du bras avant qui lui fit sûrement voir trente-six mille chandelles. Dans la salle, les grognements s'accompagnèrent de huées automatiques. Ma vitesse en surprit quelqu'uns.
Je le détruirai.
Jones recula de quelques pas avant de se replacer en position de combat, mais j'observai rapidement des faiblesses dans sa posture, témoignant d'un non-professionnalisme certain. Ses pieds étaient trop écartés, son visage pas suffisamment protégé. Souriant dans ma barbe, je m'approchai à nouveau tout en effectuant quelques demi-cercles, comme un loup se préparant à bondir sur sa proie. C'est ce qu'ils voulaient, n'est-ce pas ? du putain de spectacle ? Ils allaient voir.
Rapidement, je m'avançai, stoppant mon petit jeu et lançai un uppercut en pleine mâchoire. Il ferma les yeux si fort qu'il eurent l'air de s'enfoncer au milieu de diverses couches de peau. J'enchaînai aussitôt avec un autre jab par la gauche. Sa technique était si médiocre qu'il laissait apparentes de nombreuses zones à normalement protéger. Du coin de l'oeil, je vis de nombreux hommes se marrer de la faiblesse de leur congénère en se donnant des pièces. Des paris avaient lieu, l'argent tinter graduellement, les voix se haussaient face au désaccord et à l'amertume de l'échec. D'autres criaient leur désappointement.
Mes quelques secondes d'inattention donnèrent à Jones la parfaite occasion pour me frapper, ce que j'avais volontairement laissé faire. Je vis son poing foncer dans ma joue gauche. Je l'évitai habilement avant de lui renvoyer l'ascenseur et d'ajouter une série d'autres jab alternés de gauche à droite sans discontinuer. Son corps se recroquevilla sous la brutalité de l'assaut. La tension monta alors dans le stade, les hommes claquèrent des mains, m'encourageant à le défoncer. Ils n'avaient vraisemblablement pas de préférence. Ils voulaient juste voir du sang couler. Ici, je n'étais qu'un combattant comme un autre, qui leur donnait leur quota de sang pour la soirée. Leurs corps s'agitaient à mesure que j'enchaînais les coups, comme en transe. La douleur d'autrui leur procurait un plaisir démentiel qui me dégouta au plus haut point.
— Aller, oui, encore !
— Défonce-le !
Les cris résonnaient, aboutissant à un échec sémiotique palpable. Plus rien n'était compréhensible à force. Le sol se remit à trembler alors qu'ils s'amusaient à taper du pied dans les tribunes. Le capharnaüm m'emplissait entièrement, je ne voyais plus qu'une forme indistincte ratatinée dont les forces diminuaient peu à peu. Je ne pensais plus à rien, traversé d'une colère soudaine. Ici, je n'étais qu'une brute épaisse avec qui on jouait.
Bien sûr.
Jones n'était pas formé au combat. Il était trop jeune, trop inexpérimenté. Et pourtant, on l'avait mis là, face à moi. On l'avait mis au défi de mettre K.O. un putain de champion du monde. Clyde savait que je gagnerais. Il savait déjà l'issu de ce premier match... Alors pourquoi gâcher une première occasion de me détruire ? Que préparait-il ?
Reprenant conscience, je ralentissais ma cadence. Jones ne bougeait plus. Je me stoppai, refoulant la haine en moi qui m'intimait de tuer ce garçon qui était sur mon chemin. Car, j'étais prêt à tout démolir pour atteindre Belle, et il en faisait partie... mais ma vue s'éclaircit et la rougeur de sa peau me sauta alors aux yeux. Les impacts avaient laissé des marques foncées sur sa peau tendre. Le sang dégoulinait de sa bouche, s'étalant sur ses joues alors que sa tête tombait sur le côté, légèrement penchée en arrière. Ses yeux étaient clos, sa respiration à peine perceptible. Les quelques secondes de latence me permirent de remarquer les tremblements dans son corps.
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K.O 2 || RUPTURE
Romance« Trop beau pour être vrai » Belle n'avait jamais nourri autant de convictions dans ces quelques mots après avoir quitté le stade de Lancaster. Alors que les révélations viennent d'éclater et que de profonds espoirs sont partis en fumée le temps d...