Quand je pris le chemin de l'appartement, il était déjà tard. J'avais mangé dans un petit bistrot avec Kate et l'inspecteur tout en déblatérant sur Clyde, les directives à prendre pour le match, et Priam - sujet qui passionnait le plus Kate, qui n'arrivait pas encore à croire que nous ne soyons plus ensemble, compte tenu que l'une des raisons de notre rupture n'avait aucun lien avec Priam lui-même. Elle voyait notre prochaine et imminente rencontre comme le parfait moyen pour nous réconcilier, ce dont je n'avais pas l'attention étant donné l'enjeu important de cette soirée. Je ne pouvais pas me concentrer sur ça alors qu'un autre homme rôderait et s'apprêterait à se jeter sur moi au moindre signe de relâchement. J'en étais d'ailleurs très angoissée ; Priam me verrait, croirait sûrement que j'étais venue pour lui, alors que si j'avais pu éviter d'y aller, j'aurais saisi l'opportunité par tous les moyens... Et inévitablement, ce quiproquo aurait des répercussions malencontreuses qui nous feront du mal à tous les deux.
J'arrivai enfin en bas de mon appartement, passai la porte sécurisée, montai les marches, mais m'arrêtai devant la porte d'entrée, soudain hésitante. Malgré que du temps fusse passé depuis ma dispute avec Ben et Eden, je ne me sentais toujours pas capable de leur faire face. Respirant un bon coup, je fis taire mes appréhensions, et actionnai la poignée. La première chose que je vis fus une montagne de fleurs et de gâteaux emballés joliment dans des boites en carton luxueuses sur lesquelles étaient imprimées des macarons raffinés. Les fleurs jaillissaient de partout, les pétales déployés en un feu d'artifices de couleurs, répandant une odeur douce, absolument enivrante qui me fit inspirer plus profondément. Le bar en était enseveli à tel point qu'il était impossible de discerner la couleur beige du bois et sa surface en marbre sombre. Les fleurs s'écroulaient jusqu'au parquet, jonchaient le sol et s'accumulaient comme des guirlandes jusqu'au salon. Des boîtes reposaient également sur la petite table basse, près du canapé, d'autres patientaient sur le plan de travail, certaines s'agglutinaient sur le haut du frigo traduisant un cruel manque d'espace.
Je restai figée à l'entrée, le cœur battant, abasourdie, confuse, sans voix, pétrifiée dans une contemplation telle qu'il me fallut quelques secondes pour m'en détacher. L'endroit était méconnaissable, croulant sous cet amas de cadeaux qui ne pouvaient venir que d'une seule personne...
— Je... J'ai demandé à ce qu'on les ramène.
Ben était assis sur un tabouret près de l'îlot central. Ses yeux et son dos voûté décrivaient une profonde tristesse.
— Merci, fut tout ce que je trouvai à dire.
La sympathie habituelle que j'aurais dû ressentir ne semblait pas vouloir se manifester. Au contraire, la seule chose qui me paraissait approprier, c'était de me diriger vers ma chambre et de ne plus en sortir, parce que si je craquais et que j'ouvrais l'un des ces cadeaux, je ne pourrais plus résister à l'idée d'appeler Priam en utilisant la simple excuse qu'il faudrait le remercier pour tout ça.
Secouant la tête, je calmai les remous de mes pensées pour les rassembler de manière un peu plus ordonnée afin de me fabriquer un visage de façade impassible pendant que je traversais la pièce. À deux pas du couloir, la main de Ben m'attrapant l'avant-bras m'arrêta net. Je pouvais sentir sa chaleur, là où sa paume se pressait contre ma peau, et son hésitation naissante à me retenir. De mon coin de l'oeil, je l'observai, et ne pus ignorer plus longtemps à quel point il était tourmenté par la situation.
— Écoute, Belle, dit-il faiblement. S-S-il te plaît. Je ne voulais pas te faire de mal.
Je me tournai vers lui, le regard baissé. Ce n'était pas un signe de soumission, mais je n'étais pas prête à le regarder dans les yeux et ressentir autre chose que de la rancoeur.
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K.O 2 || RUPTURE
Romance« Trop beau pour être vrai » Belle n'avait jamais nourri autant de convictions dans ces quelques mots après avoir quitté le stade de Lancaster. Alors que les révélations viennent d'éclater et que de profonds espoirs sont partis en fumée le temps d...