Chapitre 17 : Guet-apens

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— C'est une mauvaise idée, lâcha Kate. Creg va être contre. Il ne peut pas gérer deux fronts à la fois.

— On ne craint rien si Clyde est à Washington comme il le prévoit, m'entêtai-je.

— Mais il doit assurer ta protection en même temps, Belle.

— Ses hommes sont déjà en bas de ce foutu appartement, à ce que je vois, s'écria Ed'. Tu le sous-estimes, visiblement.

— Quoi ? demanda Kate, interloquée.

Ensemble, nous nous dirigeâmes vers la fenêtre où était déjà postée Eden. En contre bas, deux fourgons noirs et massifs patientaient, immobiles.

— Eh bah dis donc, ils ne font pas semblant, renchérit Eden, la main tenant les rideaux.

— Ça doit être Priam, dis-je d'une voix basse, comme si j'avais peur qu'ils m'entendent de là où j'étais.

— Il a vraiment menacé de te séquestrer ? demanda-t-elle en se tournant vers moi.

Je hochai la tête, en silence. Kate ne pipa mot. Nous étions toutes les trois graves après ce que j'avais confié. Après ma fuite, j'avais hélé un taxi en bas du loft - ce n'était pas ce qu'il manquait ici - et j'étais allée chez Eden qui avait trouvé un appartement, légèrement excentrée du centre-ville après son départ de notre collocation. Il sentait le neuf et de gros cartons étaient encore empilés dans le couloir. Sur le chemin, j'avais appelé Kate pour lui donner rendez-vous chez Eden. Je leur avais aussitôt tout raconté lorsque nous fûmes tous dans le salon. J'étais encore sous le choc de ce que Priam avait osé cracher, mais aussi de ce que j'avais eu le courage de faire. Pendant un instant, j'avais saisi les brides de courage qui m'avaient manqué toute ma vie. Cela avait été l'acte le plus effrayant et le plus intrépide que j'avais commis, mais pour rien au monde, je changerais ça.

— Bon, alors, on fait quoi avec ça ? demanda Eden, les bras croisés. On sort ou on reste cloîtrées ici en attendant que la Terre tourne ?

Je tournai la tête vers Kate qui était en face d'Eden, debout et tendue comme un fil de fer. Elle affichait une mine pensive que je lui avais peu connue, elle, la reine du laisser-aller. Je pris sa main.

— Viens, Kate. Visiblement, on sera sous haute surveillance et on ne rentrera pas tard. Juste le temps de décompresser un peu.

Elle me regarda tout en plissant des yeux. Je lui fis des yeux de chien battu.

— Préviens Doggson, fais tout ce que tu veux pour qu'il soit rassuré, mais profitons de trois heures ensemble au moins, dis-je d'une petite voix.

Un silence s'abattit à nouveau. Elle nous jaugea comme si elle évaluait le danger et pesait le pour et le contre de cette situation.

— Doggson va me tuer, mais bon, je deviens une vieille fille à force de rester chez moi... Trois heures mais c'est tout ! ajouta-t-elle en voyant notre air égayé et nous épaules se relever. Après, on rentre.

Eden et moi nous regardâmes et nous sautâmes de joie.

— C'est parti, glapit Eden, puis son regard devint affreusement malicieux et je sus que nous devions nous inquiéter. Que la fête commence, les filles !

Elle sortit son portable, tapota quelques secondes dessus avec entrain. Ses yeux brillaient et pendant une seconde, on aurait dit qu'elle se préparait à expédier définitivement Ben de sa vie et de son coeur brisé. De la musique jaillit d'une enceinte située entre deux canapés. Elle augmenta le son avant de nous ordonner d'aller dans sa chambre. Kate frétillait d'impatience. En croisant son regard, je reçus un clin d'oeil qui n'appartenait qu'à elle.

K.O 2 || RUPTUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant