Chapitre 19 : Dilemme

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Le brouillard de mes pensées semblait s'épaissir alors que le bras m'enserrait la taille. Le soutien qu'il m'apportait me donnait envie de me laisser tomber contre le torse collé contre mon dos, mais je n'eus pas le temps de tourner la tête qu'il me tirait vers un fourgon. Je fis appel à toute ma volonté pour pousser son bras.

— Lâchez-moi, grognai-je abruptement.

Ma tête tanguait dangereusement. Je vis par intermittence Andrew se faire arrêter au loin par un groupe d'hommes habillés en civil.

— Belle ! Arrêtez ! s'époumonait-il.

Ces hommes se mirent à quatre sur lui. L'un d'entre eux se plaça devant moi, me barrant la vue sur son visage effaré. Sa bouche se tordait en une grimace que je ne lui avais jamais vu esquisser. Puis, violemment, il reçut un coup dans le ventre qui le plia en deux. Mon coeur s'accéléra ; j'arrêtai de me débattre.

— A-Andrew... Andrew ! Non !

— Chhh... me murmura une voix à l'oreille. Ce n'est que le début, mon petit ange... Chhh...

Ma paralysie se transforma en torpeur. J'étais soudain immobile comme une statue. Cette voix n'appartenait qu'à un seul homme, un homme qui me terrifiait trop pour faire quoique ce soit.

Alors que le son de gémissements de douleur de mon garde du corps résonnait dans l'air, mon regard restait obstinément posé sur le sol goudronné, brillant et humide. J'étais si lâche que je refusais de regarder Andrew se faire violenter, ni l'homme qui me tenait dans ses bras. Mon silence permit à ce dernier de nous déplacer, mais j'étais incapable de regarder vers quoi.

— Belle..., héla alors Andrew d'une voix rauque. Non...

Mes yeux larmoyants se levèrent vers lui. La bouche entrouverte, je le vis lever le bras vers moi. Ses lèvres recouvertes d'une liquide rouge et épais s'ouvrirent un peu plus, comme pour souffler quelque chose, mais il fut interrompu par un crachotement de sang. Ses yeux à moitié ouverts me contemplaient, impuissants, tandis que le bras autour de moi me serrait un peu plus. Je nous sentis maintenu en élévation le temps de quelques instants, avant qu'on m'assît quelque part dans un fourgon.

J'avais encore l'image de ses yeux braqués sur moi alors que les portes se refermèrent. Je respirais difficilement, prise de sanglots qui me secouaient les épaules. Le moteur se fit entendre par dessus la cacophonie sévissant dans mon esprit, mêlé de cris de douleur, de gémissements et de bruits d'impact d'os et de chair. Je sentis à peine les sangles serrées contre mon buste et autour de ma taille. Quelqu'un attacha mes poignets à l'aide d'une corde rêche. J'étais tétanisée.

— Comme on se retrouve, Kriss. Ne t'avais-je pas dit que je reviendrais ?

L'ombre que son corps projetait contre le métal des portes du fourgon renvoyait l'image d'un corps assis, les genoux légèrement écartés et les poings unis. Son dos légèrement voûté me laissait croire qu'il était tourné vers moi. Toute son attention n'était tournée que vers moi.

— Ho, mon petit ange, ne sois pas triste pour ce gars. Il survivra. Je le laisse en vie pour qu'il puisse raconter tout ce qu'il a vu à ce salopard d'Hidden, que ça lui fasse mal de dépeindre la manière dont tu as été si facilement récupérée.

Un bruit de briquet me parvint, puis un souffle de soulagement suivit. L'ombre d'un bras se déplaça, laissant deviner au bout des doigts une cigarette et sa fumée se propageant dans l'habitacle.

— C'était si facile de te pister que je me suis même demandé si vous saviez pour la puce et les micros, mais non... Doggson n'est qu'un sale enfoiré incompétent beaucoup trop sûr de lui.

K.O 2 || RUPTUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant