Mes paupières s'ouvrirent, mais se refermèrent aussitôt, éblouies par une lumière clinique. J'entendais un bip incessant, relié à ce que je compris être un moniteur, en accord avec mon rythme cardiaque. La panique me poussa à rouvrir les yeux.
J'étais vivante.
Je me trouvais allongée dans un lit d'hôpital, entourée de machines censées me maintenir en vie. Aucun autre objet ne décorait les murs. Le lit trônait au milieu de la pièce. En baissant le regard, je remarquai que plusieurs fils me reliaient aux engins, y compris un petit tuyau au niveau de mes narines.
Les secondes s'écoulèrent. Je ressentais une douleur latente dans mon abdomen et mes respirations étaient plus hachées que d'habitude. Ma main frôla doucement l'endroit où je souffrais. Des bandages entouraient mon thorax. Je pris une profonde respiration et tout me revint en mémoire. Brutalement.
La balle du pistolet avait traversé mon corps exactement à cet endroit. Le bruit de la déflagration, puis la brûlure intense s'était ensuivie et quelques secondes plus tard, le regard stupéfait de Priam m'avait enveloppée, accompagné de ses bras autour de moi. Clyde s'était jeté sur lui, mais ma mémoire me jouait défaut sur les détails des événements suivants. Mes souvenirs étaient flous, embués par la douleur et la perte de mes repères.
Pourtant, j'étais toujours en vie.
Et Priam et Andrew avaient réussi à fuir. Mon coup de poker n'avait pas donc pas été vain. Un sourire m'échappa, mais mourut rapidement sur mes lèvres, rattrapée par la douleur dans mes côtes.
Comment était-ce possible ? Comment avais-je pu survivre ? J'avais visé le haut de mon corps, sur le flan gauche. Clyde était-il si puissant pour faire des miracles ? Parce que oui, j'étais toujours entre ses griffes. Le léger sifflement du train et les vibrations des roues glissant sur les rails ronronnaient dans mes oreilles, bruit presque indiscernable derrière les machines médicales.
Je voulus me redresser, mais l'un de mes poignets était retenu par des menottes. Aucun doute... J'étais toujours la prisonnière du proxénète. Je déglutis en me demandant ce qui allait se passer lorsque je le reverrais. Je n'avais eu qu'un minuscule aperçu de sa démence alors que j'étais dans les vapes, plongée dans des douleurs atroces. Mais elle promettait d'être foudroyante et Clyde n'était que plus dangereux lorsqu'il était dans une colère noire.
Mes pensées furent interrompues par le cliquetis de la porte. Un homme en blouse blanche entra.
Le médecin, de toute évidence.
— Ah, vous êtes réveillée.
— Combien de temps ai-je dormi ?
Ma voix était si pâteuse que je ne la reconnus pas immédiatement. Je tentais d'avaler ma salive, mais ma gorge était sèche et je faillis m'étouffer. L'homme me tendit un verre d'eau.
— Un jour et demi, ce qui est peu vu votre blessure. Vous avez de la chance, mademoiselle Savanah. À deux millimètres près, la balle vous perforait le poumon.
J'expirai tout l'air contenu dans ma cage thoracique, comme pour sentir la chance que j'avais de respirer encore. Deux millimètres... Finalement, j'avais peut-être un ange gardien.
— Vous allez devoir rester alitée encore quelques jours et prendre des anti-douleurs le temps que votre blessure se referme. Les points de suture ne sont que provisoires. Vos hématomes vont partir avec le temps. Ah, et vous aviez une côte fêlée, ce qui rend primordiale votre repos et...
— Puis-je parler à Clyde ? le coupai-je.
— Je crois qu'il est occupé.
Je me mordis la lèvre, mécontente de sa réponse. Il fallait que je découvre ce qu'il manigance et le convaincre d'aller au match. Même si je n'avais aucune idée de la raison qui avait poussé Andrew à me donner cette mission, je comptais bien l'accomplir. C'était tout ce que je pouvais faire dans l'immédiat.
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K.O 2 || RUPTURE
Romance« Trop beau pour être vrai » Belle n'avait jamais nourri autant de convictions dans ces quelques mots après avoir quitté le stade de Lancaster. Alors que les révélations viennent d'éclater et que de profonds espoirs sont partis en fumée le temps d...