Les Deux Monarques (Tome 1 De La Saga "La Prochaine Civilisation")

Chap. 4: La vervénose (part. 1)

Chapitre 4

La vervénose

Ce matin-là, Diène se chargea d'ouvrir la grande porte du dispensaire pour permettre aux malades de pénétrer dans la cour. Arnène se chargeait habituellement de cela, mais ce jour-là, il lui fallait procéder à l'inventaire des herbes, fleurs, baumes et potions dans la réserve et Diène la remplaçait alors. Une fois à proximité du guérissoir, elle mena les malades à la salle d'attente puis fit entrer la première patiente dans la salle d'examen.

-Comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle.

-Bonine, répondit la jeune femme.

-Et qu'est-ce qui vous amène ici, Bonine?

-Je... je crois que je suis enceinte.

-Très bien, répondit Diène. Je vais devoir vous ausculter pour le confirmer. Allongez-vous ici.

Diène désigna le lit qui se trouvait dans un coin de la pièce. Bonine s'y allongea.

-Quand avez-vous saigné pour la dernière fois ?

Tout en parlant, Diène releva le lonpullon de la jeune femme.

-Il y a un peu plus d'un mois seulement, répondit Bonine. Mais il y a les nausées et les vomissements aussi, et puis je me sens toute bizarre...

Diène palpa minutieusement le ventre de la jeune femme puis lui confirma qu'elle portait bien un enfant. Bonine n'eut d'abord aucune réaction, puis elle se mit soudain à pleurer. Diène s'assit alors à ses côtés, au bord du lit et lui prit la main.

-Pleurez-vous de bonheur ou de peine ? lui demanda-t-elle.

-Un peu des deux. Je suis heureuse d'être enceinte de l'homme que j'aime, ah ça oui, mais nous ne sommes pas mariés. Nous appartenons à deux ordres différents, je suis de la Probité et lui de la Noblesse. Et je n'ai même pas ma maturité par-dessus le marché. Mes parents vont être furieux ! Ils vont me mettre à la porte ou vouloir me cacher, s'ils ne me tuent pas tout simplement !

Bonine sanglota de plus belle.

-Notre dispensaire accueille des femmes dans votre situation, lui apprit Diène. Si vous le souhaitez ou si cela s'avère nécessaire, vous pourrez demeurer ici tout le temps qu'il faudra.

-Et quand l'enfant sera là ? interrogea Bonine.

-Vous pourrez l'élever ici vous-même ou nous le laisser si c'est ce que vous désirez.

-Et si je ne voulais pas accoucher, lança la jeune femme, si je voulais tout arrêter dès maintenant et me retrouver tout comme avant, pourriez-vous m'y aider ?

Diène préféra ne pas répondre et s'en alla chercher Arnène dans la réserve. La guérisseresse, lorsqu'elle parut, s'approcha de Bonine puis palpa son ventre à son tour, très furtivement. Elle lui posa ensuite une myriade de questions afin de s'assurer qu'elle était bien sincère et ne se trouvait pas être une sorte d'espionne envoyée par la Sainteté ou quelque autre ennemi pour causer du tort au dispensaire. Ce faisant, la guérisseresse prêta attention aux réponses de la jeune femme tout en scrutant son langage corporel et elle en arriva à la conclusion qu'il n'y avait rien à craindre.

-Et le père, finit par demander Arnène, il s'agit d'un Noble à vos dires, mais quelle est son identité ?

-Euh... Ambroisin de NobleRobe, mentit Bonine. Je travaille comme valette d'écurie pour son père. C'est... c'est une famille de la petite Noblesse d'ÉrineVil.