Flavian revint de son escapade dans le QuartNoble une heure environ après avoir quitté le Palais Royal et il chercha alors immédiatement à mettre la main sur le Roi. Lorsqu'il le trouva enfin, au chevet de la Reine Quentine qui était alitée dans sa chambre depuis le malaise qu'elle avait fait plus tôt dans la journée, il ne prit pas de gants et intima avec autorité à Sa Noble Altesse de le suivre sur le champ. Les deux hommes se rendirent d'un pas pressé dans le cabinet royal et une fois tous les deux seuls, Flavian entama un long récit au cours duquel il dévoila à son neveu toute la vérité concernant la liaison que son père avait nouée jadis avec Gabine de NobleBaie. Lorsqu'il se tut enfin, après de longues minutes d'une narration difficile à entendre pour Orason, celui-ci se trouvait complètement abasourdi.
-Je savais que Père avait eu de nombreuses maîtresses, soupira-t-il, mais jamais je n'aurais imaginé que l'idée de répudier et d'exiler Mère ne lui aurait ne serait-ce qu'effleuré l'esprit.
-À vrai dire, mentit Flavian, c'est moi qui eus l'idée de ce remariage et qui poussai votre père à y adhérer. Et croyez-moi bien, il ne donna pas son assentiment de gaieté de cœur mais par devoir, pour la dynastie de NobleVal et le Royaume de GrandQarélie, comme vous l'avez vous-même fait aujourd'hui lorsque vous avez annoncé la fermeture de leur dispensaire à ces gens.
En disant cela, Flavian désigna du doigt les fauteuils sur lesquels Arnène et Nénon s'étaient trouvés assis un peu plus tôt.
-Et puis, pour tout vous dire, poursuivit le GrandAviseur, il ne fut jamais véritablement question d'exiler votre mère. Constanton l'aimait bien trop pour cela et il s'y était catégoriquement opposé, si bien qu'il avait été prévu de la renvoyer secrètement à CastelVieux auprès de son père et de son frère.
Ces précisions firent plaisir à entendre à Orason, qui sourit avant de froncer les sourcils quelques instants plus tard.
-Mon oncle, vous me contez toute cette histoire aujourd'hui, car vous pensez que Gabine de NobleBaie a été empoisonnée elle aussi, n'est-ce-pas ?
-Votre père en nourrissait la conviction à l'époque de la mort de la petite, confia Flavian. De mon côté, je ne crus pas une seconde à ce scénario, je dois bien l'avouer, mais lorsque vous m'avez annoncé tantôt, dans la chapelle royale, que Constanton avait été empoisonné, je me suis immédiatement dit qu'il avait peut-être été dans le vrai à l'époque. J'ai donc chevauché jusqu'au palais particulier du couple de NobleBaie afin de leur demander si le corps de leur fille avait lui aussi dégagé une odeur d'amandes après sa mort.
Il fixa les yeux de son neveu avec intensité.
-Apolin et Filipène de NobleBaie ont été formels, l'un comme l'autre, le corps de leur fille sentait bien l'amande après sa mort ! La petite Gabine a donc été empoisonnée elle aussi, et avec le même poison que celui qui a été utilisé pour Constanton !
Orason, effaré, accusa le coup durant quelques secondes.
-Qui peut bien en vouloir à mon père au point d'empoisonner sa maîtresse et son héritier jadis puis lui-même aujourd'hui? finit-il par tonner tout en se levant.
-Il se trouve que je le sais ! répondit Flavian sur un ton empli de gravité.
Orason, sidéré, se rassit très lentement sur son fauteuil, sans quitter son oncle des yeux.
-Au jour de la mort de Gabine de NobleBaie, très peu savaient qu'elle portait en ses entrailles le futur héritier du Royaume, déclara ce dernier. La petite n'en parla à personne, ni à l'Augure, ni à quelque amie - Constanton s'en était assuré - et lui-même ne se confia qu'à moi...
Orason était littéralement accroché aux lèvres de son oncle.
-... jusqu'à ce qu'il ne se rende à VilDieu !
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Les Deux Monarques (Tome 1 De La Saga "La Prochaine Civilisation")
FantasyMille ans après l'effondrement de notre civilisation, à ÉrineVil, capitale de la GranQarélie, la mort du Roi Constanton de NobleVal engendre la montée sur le NobleTrône de son fils Orason. Mal préparé à régner, celui-ci devra composer avec le deuxiè...