Vᴀssɪʟɪ

18

Ivanna

J'ai affreusement, mal, rester assise est impossible et coucher, je n'en parle pas. Je n'arrive pas à manger malgré ce qui se trouve dans mon frigo ou les repas que je commande dans le salon de thé en bas de chez moi. 

Ma gorge me fait encore mal et je dois dire que je l'ai bien mérité. L'entaille que m'a faite Rhys pendant notre combat sanglant à du mal à cicatriser et malgré la profondeur minime, j'ai dû avoir recours à quelques points de suture par les soins de malen'kiy angel qui... Comme je m'en suis douté n'a pas apprécié mon état et encore moins mon acte.

Lev n'a cependant rien dit et m'a juste soigné, mais il ne serait tardé qu'il me fasse une leçon de moral, je l'attends depuis que je suis revenue d'Italie — ou plutôt qu'on mit à renvoyer de force.

Effectivement, Vassili n'a pas menti. Ce malade a appelé mon parrain quand il a atterri en Pologne pour savoirs si j'étais arrivé en Russie. Depuis cet appel, plus rien. Je ne sais pas s'il a trouvé l'église, je ne suis pas au courant du reste de la mission, d'ailleurs, je n'en ai pas la moindre idée s'il va revenir... Il m'a lâché et je ne pense pas que je vais le revoir de sitôt. Il a été clair, malgré moi, sur ses intentions, je n'aurai plus affaire à Irbis.

Je déglutis maladroitement et la douleur me fait toussoter pour me remémorer ce regard froid et meurtrier qu'il m'a lancé quand j'ai eu le malheur de jouer la dure. 

Le souvenir qui m'est revenu comme un automatisme a été cette fameuse nuit où je me suis retrouvé écartée de ma mère lors de la fusillade sur le yacht. Instinctivement, je pose ma main sur le flanc gauche de ma cuisse où je sens une boursoufflure sous mon short. Chaque passage dans ma vie a été signé par les atrocités que j'ai connues : celle-ci principalement pour la mort de ma mère. La peur du contact physique vécu en Italie dans le camp, et maintenant, la magnifique balafre sur mon ventre laissé par Rhys avant que je ne lui plante le poignard empoisonné dans la trachée. 

Dans la logique, c'est bien à Rhys que je devrai penser. Sauf qu'inconsciemment, je l'associe à Vassili lorsqu'il m'a interdit de le suivre en Pologne, c'est la première fois que j'ai tremblé depuis que j'ai été sauvé.

En temps normal, je reste toujours méfiante parce que j'ai appris à vivre avec vigilance depuis mes huit ans, jusqu'à ce que je perde la volonté de vivre quand je me faisais frapper, battre, électrocuté et utilisé comme attraction sexuelle. 

Je pensais réellement ne plus jamais voir le jour, mais Lev est arrivé et je me suis senti en sécurité comme à l'époque où Vladimir m'a protégée pour sortir du territoire russe. Suite à ça, je n'ai pas intégré officiellement l'organisation mafieuse de Saint-Pétersbourg, mais Boris a accepté généreusement que je fasse partie du syndicat, je me sentais redevable alors j'ai épongé une fausse dette que j'ai inventé pour remercier le "chef spirituel", mais surtout à Lev. 

Il a pris soin de moi et le fait encore maintenant, comme si j'étais la prunelle de ses yeux — si seulement, c'était un euphémisme...

Je le suis radicalement et je ne vais pas me plaindre parce que je lui voue un culte dont je ne porte à personne d'autre. Ce n'est pas pour rien que je l'appelle petit ange, bien qu'il n'aime pas le surnom il y a une signification bien plus importante que ce que je lui fais croire. Il agit très souvent comme un bouclier pour repousser ce qu'il y a de mal autour de moi.