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Ivanna

Je vais commettre une grosse erreur, impardonnable...

J'en ai déjà commis plusieurs, parler de Sofia à Irbis, craquer devant lui à cause de Leonid, et maintenant j'emmène le gamin et ce type au syndicat... Mais qu'est-ce que je fais exactement ?

Je regarde Cruz, le petit de Piotr blotti contre moi avec la veste de Vassili qui nous couvre. Il n'a pas voulu me lâcher et a même hurlé et griffé le medecin quand il l'a osculté, maintenant il ne veut plus se séparer de moi. Mon coeur ne fait qu'être apaisé et compatissant par la présence d'un tel être aussi pure qu'innocent et mes entrailles se serrent quand j'imagine qu'il n'est qu'un enfant qui a vécu le pire des traumatismes.

Il a perdu son père, sa maison, sa mère et sa sœur qui l'a protégée jusqu'au bout. Il a dû entendre, il a dû voir... Mes lèvres tremblaient quand j'ai entendu des sanglots dans la chambre de l'ainée au corps déjà consumé que j'aurai aimée sauvée aussi... L'image ne me quitte pas.

Je me suis réveillé devant une grange, le chalet de Piotr, là où mon père et ses hommes ont fait un carnage... J'étais à la recherche de Vassili parce qu'il était mon seul repère depuis ma crise qui a fait tomber bien plus de barrières que je n'aurai pensée, je suis monté à l'étage sans même calculer l'anarchie et l'odeur du sang au rez-de-chaussée.

Je marche, jusqu'à ce que je voie le clair de lune éclairée la chambre... Cette chambre... La petite tournée vers moi, le regard vide, un trou au milieu du front où du sang avait coulé, une multitude de bleus et de coups sur sa peau blanche. Les vêtements déchirés et le sang sur ses cuisses m'a fait replongé inlassablement en enfer quand j'ai été kidnappé pour le trafic de leur père.

J'aurai dû les détester, ils étaient la progéniture de ce connard... Sauf que ces petits sont le résultat d'un putain de viol collectif que Piotr a engendré sur sa propre femme. Quand je suis arrivé à l'organisation de Donovski, j'ai pu témoigner que cette femme était battue alors il était facile d'aligner les pièces du puzzle en plus des rumeurs qui circulaient...

J'aurai pu laisser crever son dernier enfant, éliminer définitivement la famille Piotr... Sauf que, quand j'ai ouvert le faux sol de l'armoire et que je l'ai vu, les yeux rouges, du sang sur ses vêtements et les ongles déchiré parce qu'il n'arrivait pas à ouvrir le battant pour survivre, je me suis vu en lui.

J'ai pleuré avec lui, de soulagement, de peur, de compréhension, de sympathie...

J'ai pu sauver ce petit être et peut-être qu'il pourra se faire oublier en rejoignant le syndicat. Il faut qu'il s'en aille de cette sphère de mafia et de guerre entre clans. J'étais plus vieille que lui quand ça m'est arrivé alors j'avais conscience de pas mal de chose surtout que ma mère était Sofia et qu'elle m'a apprit la vie en à rien de temps parce qu'elle savait qu'elle allait mourir. Malgré son jeune âge, il aura des séquelles, c'est indéniable, mais plus je l'éloigne de cette merde plus ce sera mieux pour lui.

Je regarde avec attention ses longs cils encore humides qui brillent à l'arrivée du levé du soleil. Je le serre un peu plus contre moi pour me rendre compte que ce petit est moi, mais surtout que je souhaite qu'il ne devienne pas comme je suis.

"-Ne t'attaches pas à lui. M'indique Vassili et fixant la route.

-Ça n'arrivera pas. L'assure-je en regardant le panneau de l'autoroute nous indiquant notre destination encore dans une centaine de kilomètres. Je le sens me regarder et je déglutis quand ses pupilles me brûlent la peau.

-Explique-toi.

-Sur quoi ?

-Tout. Ma respiration se coupe et mon cœur bat plus vite, mes tempes me font un mal de chien et je pense trembler quand je fixe la fermeture éclair s'agiter sous mes doigts.

VᴀssɪʟɪOù les histoires vivent. Découvrez maintenant