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Isidora

"-Boris est d'accord ?

-S'il t'a convié au château, oui.

-C'est juste pour faire bonne figure... Signe-je pour m'affaler dans le canapé de Vassili. Mon parrain soupire et vient s'installer à mes côtés.

-On est tous les deux, arrête ton cinéma et parle moi. J'ouvre la bouche et la referme aussitôt."

J'aimerai, mais je ne peux pas. Depuis que je suis sorti de ma prison, je n'ai pas su aligner trois mots pour faire une phrase. En-tout-cas pas en sa connaissance. Et je ne suis pas prête de dialoguer après tout ce qui me suis arrivé dernièrement.

Sans compter que la suite ne risque pas de bien finir non plus. Vassili le sait. Sauf qu'il ne sait pas combien de temps je pars, et moi non plus d'ailleurs. Si le frère Bohdi m'a contacté, ce n'est non seulement pour effacer les conneries de Requin, mais aussi et uniquement pour une question de politique pour le syndicat : la réputation.

Quand le syndicat s'associe à un autre corps que le sien, c'est assez mal vu, mais encore plus quand ce corps concerne la mafia. C'est sûr que c'est un avantage que je sois l'ancienne associée de Requin et que j'ai un passif avec eux. Ce qui me sauve surtout, c'est la prime que j'ai acculé sur la tête de Vincent, sauf inconvénient, je suis la fille d'un mafieux et le pire dans tout ça, c'est que mes bienfaiteurs sont ses ennemis.

"-J'aimerai bien... Je t'assure. Signe-je désespérée de ne pas pouvoir parler à mon parrain. Il ne répond rien et je ne peux pas discerner les traits qu'il affiche sur son visage à cause de la cagoule qu'il porte depuis que je l'ai revu de l'explosion."

Ce soir-là, il devait n'y avoir que Vladimir et moi... Non un sniper posté sur la grue du chantier.

"-Ta blessure est si grave ? J'avais l'habitude de voir des choses, mais sa peau blanche ne pouvait plus être perceptible. Maintenant, il met des gants en cuir pour cacher ses mains, un col roulé pour couvrir sa nuque et un masque pour lui cacher l'entièreté de son visage à part ses yeux clairs et un sourcil coupé.

-Je pense que tu as vu assez d'horreur... Pas la peine d'en remettre une couche avec mon visage.

-Lev...

-Je t'assure Isidora, ce n'est pas le moment. C'est encore récent et je porte des pansements.

-Laisse-moi voir.

-Certainement pas, tu dois te concentrer sur ta rééducation. La porte du haut s'ouvre, celle du bureau, j'imagine, celle qui est toujours fermer à clé d'ailleurs."

Je lève mes yeux pour voir l'ex militaire et le mafieux descendre les marches d'escalier. Leurs mines ne présagent rien de bon pour la suite et je dois dire que le nœud qui se forme depuis des jours dans mon estomac après la nouvelle de Leonid me donne des sueurs froides.

Lev se lève et vient à la rencontre des deux autre pendant que je reste assise à regarder la beauté du paysage blanc. Je les entends marmonner, si j'y mettais assez de volonté, je comprendrai de quoi ils parlent sauf que justement, c'est de la motivation que manque cruellement mon corps depuis que je n'ai plus Revenant à mes côtés. Je n'aurais pas pensé que quelque chose comme ça se passerai pour nous deux...

Ça a toujours été une de mes plus grandes convictions d'acheter et d'élever un chiot. Je savais que tôt ou tard, je serais voué à être sur la route de mon père ou du tueur qu'il a payé pour avoir ma peau, j'ai privilégié un chien de combat, en arrivant en Italie, j'ai rencontré un éleveur dans un bar, il m'a parlé d'une porter de doberman, j'y suis allé avec une conviction débordante, malgré un grand coup de cœur, élever un doberman alors que c'était mon premier chien allait être compliqué. J'étais résolue à abandonner d'adopté un chiot de sa porté sauf qu'il était là, en plein milieu de la route quand je devais repartir.

VᴀssɪʟɪOù les histoires vivent. Découvrez maintenant