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Isidora

J'ouvre les yeux et pour la première fois, je ne vois pas ses murs froids et bétonnés, je ne vois pas plus ce néon blanc au-dessus de ma tête, mais à la place, je vois une petite fenêtre avec une ombre devant elle, mon cœur est si paisible que j'ai l'impression de mourir lentement. Je reconnais ces cheveux rasés court et son odeur de poudre à canon mélangé à la nature, mais aussi au sang.

J'analyse où je me trouve une chambre type chalet avec des ustensiles de chirurgie sur les tables du fond, des bougies parsemé un peu partout donnant une odeur biscuit comme le pain d'épice à Noël. Une perfusion m'entaille le bras droit qui est bandé de l'épaule jusqu'au poignet, pareil pour mon bras gauche. Je porte une robe de chambre toute blanche tachée de désinfectant au niveau de ma nouvelle blessure gravé sur ma peau. Elle a dû s'ouvrir quand je me faisais battre.

J'aimerais relever la couverture qui me couvre et regarder les dégâts pour me préparer à ce qui va m'attendre, mais je n'arrive pas, mes membres tremblent trop et je suis dans l'incapacité de les porter plus de cinq secondes. Ma tête et mes pensées sont lourdes, je ne peux pas réfléchir correctement et puis je suis fatigué, comme je l'ai jamais été. La dose de cheval que j'ai reçu marche bien en tout cas. Sauf que je ne suis pas prête à refermer les yeux.

J'ai besoin de savoir comment va Revenant. Même si j'ai été endormi de force, je me souviens de chaque détail, de chaque action de chaque discussion, de chaque personne autour de moi. Il a été dit que Revenant était avec moi et je veux le voir. J'ouvre la bouche... Ma respiration se bloque et la première douleur que je ressens sont mes poumons qui me brûlent la seconde est ma gorge qui n'arrive pas à sortir un traître son.

Même si j'aimerais pleurer, je ne peux plus. Je suis réduite à être un cadavre. À être faible... Encore une fois...

J'essaie de me redresser, mais je me fais rapidement intercepter et recoucher sur le lit, je relève les yeux et remarque que Vassili est assis sur le lit me maintenant les deux épaules pour me coucher sur le matelas.

"-Tu as toujours voulu courir avant d'apprendre à marcher ? Des émotions particulières me traversent et je ne sais pas comment les retenir à l'intérieur de moi, je ne veux pas éclater."

Comment c'est possible alors que je suis au plus bas déjà ? Si je suis dans l'incapacité de parler mon corps réagi à ma place. Une vague bouillante hérisse mes poils et tout ce qui peut trembler, tremblent. Je ne peux pas voir son visage clairement à part distingué sa mâchoire et ses épaules massives. Je souhaite être de nouveau contre eux pour ressentir de la chaleur, mais je me retiens, par excès d'orgueil, ce n'est pas dans mes habitudes et à lui non plus.

L'épisode de la voiture a été un changement drastique pour chacun de nous et je ne veux pas en profiter.

"-Il faut que tu dormes. Je lui réponds que je ne veux pas de la tête. Tu t'inquiètes pour Revenant ? Je tique à son contact étonnamment doux sur ma joue, mais aussi qu'il prononce le nom de mon chien. Je te jure qu'il va bien, Lev l'a emmené chez le vétérinaire que je lui ai recommandé. Il y restera quelques jours si tu es en état, on pourra aller le voir. Je baisse la tête honteuse de ressembler à une petite gamine qu'on rassure qu'on retrouvera son doudou chéri."

Mes lèvres tremblent de plus belle, frustées par mon manque de communication. Je suis tellement énervé par moi-même d'avoir un tel blocage. Mon handicap me rend malade. Il se retrouve désarmé par mon manque de réaction et lâche l'emprise sur mes épaules pour les laisser le long de son corps. J'arrive à remonter sur le lit pour paraître plus droite, je m'appuie sur la tête de lit ignorant les décharges électriques que fait les bandages sur le métal.

VᴀssɪʟɪOù les histoires vivent. Découvrez maintenant