Chapitre 32

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Lorsqu'ils revinrent sur le circuit, la fête battait déjà son plein. Esmée était heureuse de ne pas avoir loupé la soirée. Finalement elle avait réussi à se détendre et à profiter avec ses amis. Elle s'était automatiquement éloignée du monégasque dès leur arrivée. Ils marchaient anormalement proches et la paranoïa l'emportait; imaginant que tous ceux qu'ils croisaient savaient ce qu'ils avaient fait et pouvaient lire leurs sentiments sur leurs visages respectifs. L'italienne avait bien senti le regard du pilote Alpha Tauri sur eux. Elle n'avait pas voulu croiser son regard et avait fixé ses pieds en rejoignant Lando.

Le meilleur ami du français, lui, s'y était risqué. Le regard azur du pilote était inquisiteur. Le monégasque ne savait pas s'il avait vraiment fait quelque chose de mal en la ramenant, mais finalement ce n'était pas pour cela. Pierre appréciait la mannequin et ce n'était pas sa présence qui allait le déranger. Seulement les voir arriver tous les deux, même si la mannequin n'était pas à l'aise, l'avait tendu. Il croyait presque que cette histoire le touchait plus lui que les deux protagonistes.

Charles l'avait rejoint et il s'était assis avec lui. Le français le regardait, attendant qu'il réagisse. Charles ne savait pas quoi dire. Il avait envie de fuir cette discussion.

- Tu sais parfois j'ai du mal à te suivre. Un jour tu t'éloigne d'elle et la fuit comme la peste, et l'autre tu la veux absolument auprès de toi.

- Elle a peur de tout ça, je veux la protéger avant tout. Même si ça implique d'être loin d'elle. Et puis moi aussi finalement tout ça m'effraie.

- Qu'est-ce qui te fait peur Charles ?

- J'ai peur de la perdre, mais j'ai aussi peur de lui faire subir tout ce qu'une possible relation pourrait entraîner.

- Elle est habituée à ce mode de vie.

- Mais pas à sortir avec le frère de son ex.

Le brun perdit son regard sur l'italienne un peu plus loin. Il l'observait passer une main dans ses cheveux tout en discutant. Elle rayonnait et il était heureux de la voir souriante. Un sourire prit place sur ses lèvres inconsciemment. Pierre l'observait : les regards ne trompaient pas. Son meilleur ami était vraiment tombé pour la jeune femme. Le voir la couver du regard comme il le faisait à ce moment là rassurait le français. Finalement cette histoire avait rapproché Pierre et Esmée; il la considérait comme sa petite sœur qu'il devait protéger des garçons qui lui tournaient autour. Charles avait beau être son meilleur ami, il n'en restait pas moins un homme qui lui tournait autour.

- Tu lui as parlé depuis ?

- Non, il secoue la tête, elle ne m'adresse plus la parole sauf quand c'est nécessaire. Elle fuit les réunions qui ne sont pas importantes si je suis présents. C'est peut être mieux comme ça.

Pierre secoua la tête à son tours. Charles avait beau être désormais objectif sur ce qu'il ressentait, il en demeurait totalement aveugle. Le français se demandait comment il pouvait voir les crises venir avant même que la jeune femme s'en rende compte, mais ne pas voir que la situation faisait souffrir la jeune femme.

- Va la voir dès que tu peux. Elle n'attend que ça. Et puis, je pense que vous avez besoin de parler.

Le monégasque hocha la tête. Comment Pierre pouvait-il autant le conseiller ? Comment faisait-il pour être autant observateur ? Il était presque triste de ne rien voir.

La jeune femme s'isola un instant et le monégasque saisit l'occasion. Pas de crise à l'horizon : c'était son moment. Elle était là, accoudée à la barrière et regardait de leur petit endroit réservé le concert. Elle avait des étoiles dans les yeux et un léger sourire sur les lèvres. L'italienne avait bien entendu Charles arriver mais elle attendait qu'il parle pour se retourner.

- Esmée-

- Oui, le coupe-t-elle, on doit parler.

Les épaules anormalement tendues du monégasque se détendirent instantanément. Il s'approcha alors de la jeune femme et s'appuya sur la barrière, dos à la foule. Il pouvait encore plus admirer son visage entre-caché de quelques mèches rebelles.

Esmée n'osait plus bouger, c'est à peine si elle respirait. Elle savait très bien qu'ils devaient discuter mais cette tension qu'amenait le pilote la tendait plus qu'autre chose. Finalement elle se voilait encore la face, refusant d'ouvrir les yeux sur cette situation.

- Comment a réagi ta famille ?

- Ça a été compliqué. Mes deux frères sont contre moi et c'est normal. J'imagine que c'est le temps que l'information passe et qu'Arthur digère tout ça. Ma mère n'a pas compris au début et quand on a discuté seulement tous les deux de, il marque une pause, de ce que tu sais, elle a beaucoup plus compris.

L'italienne souriait, même s'il l'avait dit à son meilleur ami et qu'il savait qu'elle l'avait entendu : il était encore compliqué pour lui de le dire et surtout face à elle.

- Tu comprends mieux maintenant quand je te disais que je ne voulais pas semer la discorde dans votre famille.

- Dans tous les cas, Arthur aurait fini avec le coeur brisé.

Esmée hocha la tête. Elle savait pertinemment où il voulait en venir : elle n'aimait plus autant Arthur qu'avant et ce depuis longtemps. Même si elle aurait préféré ne pas faire tout ce qu'elle a fait, elle savait au fond d'elle que ça n'aurait pas duré éternellement.

- Tu m'effraies Esmée, ce que tu me fais ressentir m'effraie.

Elle se tourna vivement vers lui. Cette fois-ci elle se risquait à rencontrer son regard. Elle savait qu'il la regardait depuis le début, mais croiser ses prunelles vertes plus brillantes que d'habitude la chamboulait directement.

- Si tu savais ce que qu'il se passe dans ma tête et mon coeur quand tu n'es pas loin. Je crois que même Arthur n'a jamais réussi à me faire ça.

Leurs coeurs battaient fortement dans leurs cages thoraciques. Ils se regardaient les yeux dans les yeux, dans leur bulle. Qui pouvait les atteindre à ce moment là ? Personne. Elle se rapprocha de lui, posant une main sur son torse, par dessus le polo marine du pilote. Il l'attira un peu plus à lui en posant une main sur sa taille.

- Pourquoi tu es tellement toi, murmure-t-elle.

- Et toi jolie coeur ? Regardes-toi, prononce-t-il à son tours en italien.

- Je ne veux plus attendre mais c'est trop tôt.

- Je sais Esmée.

Il releva son visage en prenant son menton entre son pouce et son index. Il la regarda quelques secondes avant de l'embrasser tendrement. Les deux eurent l'impression de revivre. Ce contact leur était vital. Cela faisait trop longtemps qu'ils n'y avaient pas eu le droit. Aucun des deux ne voulaient se séparer de l'autre.

- J'attendrai le temps qu'il faudra jolie coeur, je sais que c'est toi et pas une autre.

A contre sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant