Chapitre 27

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Le français restait là, les bras ballants; sous le choc. Il n'était pas sûr de ce qu'il venait de voir tant la scène lui paraissait impensable. À la base, il était venu voir comment allait son meilleur ami après son abandon. Il n'aurait pas été choqué de trouver la brune dans la pièce, mais pas de cette manière. Il ne l'aurait pas imaginé et n'aurait cru que cela puisse arriver malgré tous les sous-entendus qu'il avait pu faire.

Il observait les deux jeunes. L'incompréhension prenait plus de place que l'inquiétude. En entrant dans cette pièce il savait désormais qu'il allait devoir conserver un secret qui le dépassait et surtout donc il ne voulait pas.

La brune regardait ses pieds, rouge de honte. Pierre l'avait aidé avec son copain pour au final déconner avec son frère. Elle se sentait bête, idiote. Extrêmement idiote. Elle grattait machinalement son avant bras comme pour évacuer son anxiété.

Lui, cherchait à fuir le regard de son meilleur ami. On lui avait dit d'arrêter tout ça avant que ça ne tourne mal. Peut-être que ce moment était arrivé ? Il voulait qu'Esmée sorte de la pièce, non pas pour la chasser, mais pour la protéger de la discussion qui allait arriver. IL voulait encaisser ce point tout seul pour ne pas qu'elle le fasse. Il se sentait coupable. Coupable de mettre Esmée dans cette situation et coupable de trahir son frère.

- Alors c'est ça, commence le français.

- Pierre, tente la brune.

Elle voulu prendre la parole mais la main dans le bas de son dos la stoppa instantanément. Elle jeta un simple regard au monégasque à ses côtés. Ce dernier ne la regardait pas : il était concentré sur son meilleur ami. Il semblait réfléchir et elle avait peur de ce qu'il pourrait dire.

- Laisse-nous Esmée, lui intime Charles.

- No-

- Il a raison, on en parlera plus tard, tranche Pierre.

Elle souffla et attrapa son sac avant de sortir. Elle fusilla les deux garçons du regard avant de claquer la porte. Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait sortir et pourquoi elle n'avait pas le droit de se défendre elle aussi. Même si elle ne doutait pas que le pilote la défendrait, elle aurait voulu être présente.

Lorsqu'elle claqua la porte en partant, les yeux bleus du français se posèrent sur son meilleur ami. Il ne savait même pas par où commencer. Qu'allait-il demandé en premier ? Il était tellement perdu que tout se bousculait dans sa tête.

- Qu'est-ce que vous avez foutus bordel.

- Ecoute Pierre-

- On t'avait prévenu Charles.

- Tu crois que c'est simple ?

- Tu as oublié ton objectif de base ? Putain tu devais les aider à être ensemble. Depuis quand ça dure ?

- Silverstone.

- Putain ça date pas du dernier grand prix en plus.

Le monégasque ne comprenait pas. Il se sentait trahis et non soutenu par son meilleur ami. Certes il avait fauté, et pas qu'une fois, mais il aurait pensé avoir un minimum de soutient et surtout ne pas se faire remonter les bretelles comme un enfant de cinq ans. Il avait conscience de la situation par rapport à son petit frère, seulement on ne contrôle pas tout.

- Tu es mal placé pour parler de ça, sachant que tu les as couvert.

- Et je ne compte pas te couvrir sur ce que je viens de voir.

Et voilà le couteau. D'un point de vu extérieur c'était compréhensible, mais Charles ne le comprenait pas. Il avait bien mentit et couvert les deux jeunes pendant près de cinq mois. Il ne savait même pas quoi répondre.

- Qu'est-ce qu'il se passe entre vous ?

- Je ne sais pas, il cherche ses mots, il y a cette attirance qui nous suit depuis le début. Je l'avais ignorée jusque là, mais je n'y arrive plus. J'avais prévu de les aider à se mettre ensemble mais je me suis fait avoir en beauté.

- Charles, tu te rends compte de la merde dans laquelle tu es ?

- On a essayé plusieurs fois de prendre nos distances, même quand il ne se passait rien de concret. Ça na jamais duré. Elle aussi elle m'a repoussé et je l'ai aussi fait quand j'ai découvert leur couple.

- Tout finit par se savoir. La preuve.

- Tu veux que je fasse quoi ? Même si elle a beau me dire qu'elle ne jouera pas avec nous deux, je n'en aurais jamais la certitude.

- Et toi tu le sens comment ?

Le pilote Ferrari pinça ses lèvres entre elles. Qu'attendait-il de tout ça ? Il était sûr de vouloir plus que cette simple attirance. Seulement, l'avouer à voix haute lui paraissait impossible. Cela revenait à avouer ce qu'il ressentait. Il était effrayé de devoir le dire. Effrayé d'avouer et de s'avouer ce qu'il ressentait, mais aussi honteux de ressentir tout ça.

- Tu t'es attaché ?

Charles se contenta d'hocher la tête. C'était plus fort que ça. Beaucoup plus fort.

- Je suis tombé pour elle.

Le monégasque qui s'était déjà assis regardait désormais le sol. Pierre se détendit immédiatement devant la détresse de son ami d'enfance. Il était tombé amoureux. Il était amoureux de cette gamine qui était avec un autre.

- On va trouver une solution.

Le tifosi releva aussitôt la tête vers lui. Est-ce qu'il avait vraiment entendu ? Il comptait l'aider finalement ?

- Je voulais voir si tu allais assumer. Parce que soyons clair, ça se voit. Je suis même surpris qu'Arthur ne l'ai pas vu.

- Arthur me voit plus comme quelqu'un qui veille sur elle par rapport à ses crises et lorsqu'il n'est pas sur les paddocks.

- Tu as conscience que tu vas le détruire ? Esmée c'est son premier amour et il s'est battu pour la récupérer.

- J'ai cru comprendre.

- Et Esmée ?

- Je ne sais pas, elle semble totalement perdue. Je n'ose pas lui demandé, j'ai peur de déclencher une crise.

- On va-

- On ne va rien faire, pour l'instant elle est avec Arthur, on ne va rien faire.

Le brun attrapa son téléphone poser à ses côtés et se leva de son siège. Indiquant au passage que la discussion était terminée. Il voulait sortir de cette pièce qui était oppressante. Le pire dans tout ça, c'est qu'il avait totalement oublié son DNF et ce qui allait avec.

Les deux hommes rejoignirent les parents de Pierre qui les attendait depuis un petit moment maintenant. Le monégasque aperçu l'italienne un peu plus loin, accompagnée de son copain. Ce dernier lui parlait mais leurs yeux s'étaient accrochés. Elle mima un petit "ça va ?" du bout des lèvres et le pilote hocha la tête.

A contre sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant