Chapitre 24

1.6K 54 14
                                    

L'italienne venait de claquer la porte de la maison de ses parents. Leur présence n'était pas un manque, loin delà, et si elle avait pu : elle aurait prolongé la période sans les voir. Elle était fatiguée de devoir gérer leurs soucis en plus de siens et ça depuis plusieurs années. Elle ne parlait jamais d'eux et c'était pour une bonne raison. Personne ne savait ce qu'il se passait chez elle et elle comptait garder cela comme ça.

Sur le pas de la porte, elle soufflait. La journée était loin d'être terminée et maintenant devoir affronter le regard de son copain après ce qu'il s'était passé avec Charles était compliqué. Elle ne comptait pas vraiment lui dire, ayant peur de la réaction de son copain, mais surtout pour protéger la relation avec son frère.

La brune retourna à son hôtel, ayant refusé de loger chez les Leclerc, et se prépara mentalement et physiquement à peut-être la pire soirée de sa vie. Elle ne se doutait pas un instant que toute la fratrie serait présente et c'était surement mieux pour elle. Elle avait déjà rencontré leur mère mais ça faisait longtemps désormais : elle n'en pouvait pas s'en empêcher.

Sur les coups de dix-huit heures trente, elle se présenta devant la porte de leur demeure et sonna. Le temps lui parut infiniment long avant qu'Arthur ne lui ouvre la porte. Il prit directement la brune dans ses bras avant de l'embrasser. Il était heureux de la voir et de pouvoir passer du temps avec elle. Le pilote la fit entrer et prit son manteau en ajoutant qu'il arrivait et qu'elle n'avait qu'à rejoindre le salon où tout le monde était.

Elle s'avança timidement. Pascale vint directement la prendre dans ses bras puis plaça une main dans son dos pour la faire avancer. Elle salua Lorenzo, l'ainé de la fratrie avant de tomber sur le regard émeraude du tifosi. Merde. Il était là.

- Tu as de la chance il est revenu ce matin, annonce Arthur qui vient de revenir, comme ça on est tous ensemble.

- C'est sûr, répond-elle gênée.

Le regard du brun ne la lâchait pas et elle le sentait. Elle ne pouvait rien dire malheureusement mais cela l'a démangeait. Ils s'installèrent à table et la mère commença à interroger les deux plus jeunes.

La jeune femme ne se sentait pas à sa place à cette table. L'impression d'être une imposteur la rongeait. Ils parlaient tous entre eux et elle n'était que spectatrice de ce diner. Ce malêtre commençait à l'emmener dans son mutisme. Que se passerait-il si son petit-ami découvrait la liaison avec Charles ? Elle détruirait encore un peu plus cette famille. Elle ne pouvait pas ce le permettre.

Elle releva le regard de son assiette et s'aperçut que Charles l'observait depuis plusieurs minutes. Il avait remarqué son changement d'attitude et se demandait ce qu'il devait faire. Il avait peur d'agir et que cela devienne suspect. Mais le pilote ne pouvait se résigner à la regarder sombrer sans rien faire. Alors quand leur regard s'accrochèrent une nouvelle fois, il mima simplement un "ça va" du bout des lèvres. La mannequin hocha difficilement la tête et il se pinça les lèvres. Elle ne touchait presque pas à son assiette, sentant son ventre se tordre à chaque bouché.

- Tu étais chez t'es parents avant c'est bien ça ?

Sa main se crispa automatiquement autour de sa fouchette, faisant tomber son contenant dans l'assiette. Elle essaya de prendre le sourire le plus sincère et regarda Pascale.

- Oui. J'avais quelques affaires à régler avec eux.

- Ça doit te faire du bien de revenir là où tu as grandis.

- Oui si on veut. Je préfère quand même mon Italie natale.

- Rien ne vaut les racines, ajoute Lorenzo.

- Oui mais une partie de ma vie reste à Monaco.

L'italienne lance un regard à Arthur qui lui sourit. Elle devait bien jouer le jeu même si plus les jours passaient moins elle ressentait les mêmes choses qu'avant. Le brun restait spectateur de tout ça. La gêne et l'angoisse de ses bêtises le rongeait encore un peu plus. Qu'est-ce qu'il faisait ? Il allait détruire son petit frère. La brune s'excusa et quitta la table et cela le sorti de ses pensées. Il l'observa sortir sur la terrasse et faire les cents pas, son téléphone entre les mains.

- Elle ne va pas bien en ce moment, explique Arthur, je pense que ses problèmes de famille sont plus grave qu'on ne le pense.

Il ne remarquait donc pas qu'elle était au bord de la crise ? Charles était sidéré devant son petit frère qui était aveugle. La famille était au courant pourtant des problèmes de mutisme de la brune. Les signes semblaient presque évidents tellement ils étaient clairs. Il s'excusa à son tours et sorti rejoindre la mannequin dehors. Laissant ses frères et sa mère dans l'incompréhension la plus totale.

- Que fait-il, s'interroge Arthur.

- Je pense que ton frère à remarquer quelque chose que nous n'avons pas vu.

Le cadet bouillonnait intérieurement. Il devrait être avec elle à ce moment là. Leur proximité ne datait pas d'hier mais plus le temps passait plus cette dernière le dérangeait. Il ne voulait pas en parler à sa copine car elle serait capable de remettre en question sa place et son travail chez Ferrari. Leur relation était loin d'être uniquement professionnelle mais cela n'était pas bien compliqué puisqu'il s'agissait avant tout de sa belle-soeur.

- Tu devrais rentrer Charles c'est trop suspect.

- Tu penses que demander de l'aide à Lando ou George pour calmer ta crise va t'aider ?

Elle se figea un instant. Il l'avait vu. Elle se demandait même s'il ne l'avait pas remarqué avant même que elle s'en rende compte.

- C'est beaucoup trop suspect, au même titre que tes regards à la con depuis que je suis arrivée. On avait dit quoi ?

- Ce n'est ni le lieu ni le moment pour en parler mais tu sais très bien qu'on ne pourra pas faire semblant.

- Ta famille à assez souffert, vous avez assez souffert pour que je rajoute une pierre à ce triste édifice.

- Oui, c'est pour ça que tu vas rentrer, prendre le dessert et aller marcher avec Arthur. On discutera de tout ça plus tard.

Elle hocha la tête et obtempéra. Elle sentait que son copain n'était pas pareil depuis son retour de. la terrasse mais elle lui proposa quand même une balade pour soi-disant digérer. Seulement à peine avaient-ils emprunter un sentier que le monégasque s'arrêta net.

- Je déteste ta relation avec mon frère.

Esmée se tendit automatiquement et se retourna vers son copain. Elle l'interrogea du regard : le poussant à aller jusqu'au bout de son explication malgré la peur qui lui tordait les entrailles.

- Vous êtes super proche, limite plus qu'avec moi. J'ai pas l'impression d'être ton copain aujourd'hui.

- Charles a juste vu ma crise puisque j'en fais beaucoup en ce moment au travail.

- Et lui il arrive à les calmer ?

Esmée hocha la tête. Même quand elle était amoureuse de lui, Arthur n'arrivait pas à stopper une crise de mutisme. Il était simplement là pour elle et attendait qu'elle reparle d'elle même : ne voulant pas la forcer à parler. Il était blesser certes, mais le jeune pilote était heureux de savoir qu'elle avait quelqu'un de proche qui pourrait l'aider à avancer vers la guérison et avec qui elle serait en sécurité dans ces phases de faiblesse intense.

- Tant mieux que ce soit mon frère alors, je sais que je peux avoir confiance ne lui pour prendre soin de toi.

A contre sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant