A contre sens

Épilogue

          Les semaines s'étaient enchainées très rapidement. Charles avait presque perdu espoir de sa seconde place au championnat. Après la désillusion de la première place, il s'était rattaché à cet objectif, mais les aléas de ce sport mettaient cet objectif là aussi en sursis. Surtout quand le mexicain recollait à égalité avant le dernier grand prix.

          Alors l'arrivée à Abu Dabi fut tendue. Le voyage n'était pas long mais la pression qui reposait sur les épaules du pilote était grande. IL ne voulait décevoir personne. Il mettait son propre ressenti au dernier plan et se focalisait sur ses proches et les supporters. Après une saison en dents de scie, il voulait réussir à conserver cette seconde place qui se jouerait à qui serait devant l'autre.

        Esmée était à ses côtés pour le jour des qualifications. Elle avait réussi à se libérer pour le samedi et le dimanche. Elle avait peur pour Charles mais pour elle aussi. Même si elle était habituée à cette médiatisation, elle apparaissait pour la première fois sur les paddocks au bras de Charles. Ce qui changerait tout quant à la perception qu elles supporters pouvaient avoir d'elle.

- Ça va aller ?

- J'y suis préparée Charles, ne te préoccupe pas de moi et concentre toi sur tes qualif plutôt !

          Elle avait suivit les essais libres, elle savait que Charles était dans le top trois à chaque fois mais elle redoutait quand même les RedBull.  Si Segio était derrière lui les premiers jours, ce n'était plus le cas dans la dernière séance d'essai.

          Les qualifications se déroulèrent et les résultats tombèrent : Charles était derrière Sergio Perez, son concurrent à la seconde place et il allait devoir faire une très bonne course pour rester à cette place là. Esmée ne savait même pas comment se comporter avec le pilote qui semblait cogiter à mille à l'heure. Elle voulait lui montrer qu'elle était là pour lui comme il pouvait l'être pour elle, mais la vérité était là : elle ne savait pas faire. Elle se contenta de hocher la tête et d'embrasser le pilote quand il lui donna la clé de sa chambre d'hôtel et qu'il précisa qu'il allait rester pour analyser les données.

- Fais attention à toi Charles, c'est tout ce que je te demande.

- Ne t'en fait pas jolie coeur, je ne traine pas. Je dois être forme pour demain.

            Un petit sourire et un clin d'oeil n'avaient pas le don de rassurer la jeune femme, mais elle s'en contentait. Elle le prit rapidement dans ses bras avant de quitter le paddock et de se rendre à l'hôtel.

          Le matin, elle se réveilla seule, Charles était rentrer tard et semblait être parti tôt sans la prévenir. Elle refusa ce sentiment de solitude et d'abandon qui s'imprégnait de son corps, il avait besoin de se retrouver et de se plonger dans ses données. Elle ne voulait pas le déranger et respectait son besoin.

Esmée
On mange ensemble ?

Charles
J'en serai ravi

            Alors à midi elle rejoignit son petit ami dans l'hospitalité Ferrari. Il semblait fatigué mais il était heureux de se poser avec la jeune femme avant d'entamer tout son petit rituel jusqu'à l'heure de la course. Le pilote mangeait un peu en décaler afin que son repas ne soit pas trop éloigner vu que cette dernière avait lieu le soir.

- Tu as regarder les réseaux ?

           Le pilote secoua la tête et questionna la brune du regard tout en avalant une bouchée.

- C'est pas la joie, mais ça aurait pu être pire.

- Ça dit quoi ?

- La même chose que ton frère ?

          Charles grimaça tout en attrapant sa main qui était posé sur la table.

- Sofia en dit quoi ?

- Tant que je ne perds pas de contrat ce n'est pas grave.

- Voilà, vivons notre histoire alors.

            La brune serra la main du pilote comme pour montrer son accord et continua de manger. Le silence régnait mais il était agréable et reposant pour les deux amoureux. Créant comme une faille dans cette espace bruyant où tout va trop vite.

           Esmée raccompagna Charles jusqu'au garage avant d'aller se balader. Elle devait rejoindre Kika dans peu de temps et elle devait trouver son chemin dans ce paddock beaucoup trop grand.

- Esmée !

           L'italienne se figea. Cette voix elle la connaissait par coeur. Elle ne s'attendait pas à voir le pilote ici, sachant que ce n'était pas un week-end de course pour lui.

- Arthur ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je venais voir ma future écurie en F2, mais aussi supporter mon frère par la même occasion.

- Oh, je vois, félicitations.

- Merci. Comment tu vas ? J'ai vu les réseaux c'est-

- C'est exactement ce que tu penses.

- Esmée, il souffle, je voulais m'excuser de mon comportement. J'ai été trop loin dans mes mots.

- Je sais que j'ai fauté, merdé etc, mais tu ne te rends pas compte à quel point tu as été blessant.

- J'en suis désolé. J'ai pas mal discuté avec ma mère après le dernier repas de famille. Après tout ça. Je m'excuse pour tout.

- Je ne te demande pas d'accepter ma relation avec Charles, pas tout de suite du moins, mais n'agit plus comme ça.

- Je te le promets. Et puis vu comment Charles et toi êtes, ça semble comme une évidence pure.

          La brune ne savait même plus quoi répondre. Elle appréciait la démarche du jeune monégasque mais elle était gênée de le voir avouer que se relation avec Charles semblait plus évidente que la leur.

- Je ne te retiens pas plus longtemps, on se voit après.

            La brune prit Arthur dans ses bras avant de rejoindre Kika. Les deux jeunes femmes passèrent la fin d'après midi ensemble à surtout parler de la discussion entre l'italienne et le monégasque. Elle n'eut pas le temps de le dire à Charles avant qu'il ne monte dans sa monoplace mais cela n'avait pas d'importance. Elle lui dirait après.

           Esmée passa la course avec Arthur dans le garage. Les ongles enfoncés dans le bras du monégasque, ce dernier couinait de douleur à chaque virage de son frère. Esmée était tendu au possible. Elle ne tenait plus en place à l'approche du dernier tours. Charles allait être vice-champion du monde. Il allait le faire.

           Comme à Silverstone, l'un des frères monégasques trainait la jeune femme jusqu'au podium. Ici, les rôles étaient inversés et il n'y avait plus d'histoires cachées. Charles sortit de sa monoplace et bondit sur son équipe. Il prit son frère dans se bras avant d'enlacer sa petit-ami. 

- Tu l'as fait mon champion !

- Je t'aime Esmée.

- Je t'aime aussi Charles.

           Comme si leur relation ne pouvait pas être plus officiel, Charles embrassa sa copine sous les yeux de tout le monde, sans se préoccuper de qui les entourait. Il avait gagner cette place et il ne pouvait s'empêcher de se dire que ce petit bout de femme ne le rendait pas plus fort quand il était à ses côtés.