Il n'y a pas grand monde à la librairie aujourd'hui, ce qui bien évidemment m'arrange étant donné ma gueule de bois. Mon travail consiste à faire en sorte que les livres soient toujours à leur place, bien rangés, conseiller des personnes si je le peux ainsi que faire de la caisse par moment. Je travaille ici depuis ma première année donc je connais assez bien la librairie, les rayons et ce qui m'attend concernant le travail que je dois fournir. Le rangement n'est pas spécialement ma partie préférée, parce que voir les personnes prendre des livres et les reposer n'importe comment ou pas au bon endroit m'énerve assez vite.
Pendant que je range les nouveaux arrivages dans les rayons, je remarque qu'un garçon me jette des coup d'œil par moment. Je regarde autour de moi plusieurs fois pour vérifier que ce n'est pas quelqu'un d'autre ou quelque chose derrière moi qu'il regarde mais non, c'est bien moi.
À travers quelques regards dans sa direction, j'ai pu constater qu'il a les cheveux courts et bouclés mais de là où je suis, je n'arrive pas à déterminer si ses cheveux sont noirs ou d'un brun très foncé. Sa peau semble légèrement bronzée. Il porte une chemise marron légèrement entrouverte, laissant apparaître un t-shirt d'un blanc impeccable assorti avec un pantalon noir. Je ne le connais pas, mais ce que je peux affirmer sur lui c'est qu'il est très beau. Quand je relève la tête vers lui avant de continuer mon travail, il me sourit et part sans même rien acheter.
Après cet épisode, je me replonge dans ce que je dois faire sans oublier le sourire de cet inconnu.
Quand je rentre chez moi, vers vingt heures, je sais déjà que Louise est là puisqu'elle m'a envoyé un message tout à l'heure.
— Louise, je suis rentrée !
J'ouvre le frigo et constate qu'elle a déjà mangé et qu'elle m'a préparé une assiette que je fais directement réchauffer au micro-onde. Louise me rejoint dans la cuisine et se pose sur un siège près du plan de travail
— Salut, ma coloc préférée, lance Louise en baillant.
— Tu viens de te réveiller toi, je me trompe ?
— Exact, bien vu. J'étais beaucoup trop fatiguée ce matin mais j'ai dû me réveiller vers neuf heures parce que Matéo avait la motivation d'aller travailler et je n'ai pas réussi à me rendormir ensuite, m'explique-t-elle. Et toi, comment ça s'est passé ce matin, avec Eliott ? J'espère qu'il ne t'a pas trop dérangé ?Je souris et rougis légèrement quand l'image de ce matin me revient en tête. On ne se supporte pas, oui, mais je ne peux nier le fait qu'il est bien foutu. Mais ça, je ne le dirai pas à ma meilleure amie.
— Anna ? demande-t-elle, curieuse.
— Ouais, bah... En parlant de ça... la prochaine fois, par pitié, préviens-moi par message qu'il reste dormir à l'appart, ça évitera que je tombe sur lui, à poil, dans la salle de bain, en pensant que je suis seule et en culotte.Louise plaque ses deux mains contre ses lèvres et ouvre grand la bouche avant de pouffer de rire.
— Je suis vraiment désolée Anna, dit-elle sans s'arrêter de rigoler. Je t'enverrai un message la prochaine fois, oui. J'espère que tu en as au moins profité pour te rincer l'œil, finit-elle en m'adressant un clin d'œil.
— Mais mon dieu, non, arrête, j'ai directement tourné la tête, il ne m'intéresse pas. Et puis, c'est Eliott quoi !
— Et ça veut dire quoi ça ?
— Tu sais très bien ce que ça veut dire, on ne se supporte pas et ça crève les yeux qu'il me déteste. Enfin bref, parlons d'autre chose... Comme ce beau client qui n'a pas arrêté de me regarder à la librairie aujourd'hui... dis-je en laissant volontairement ma phrase en suspens.
— Quoi ? Racontez-moi tout ça sur le champ, mademoiselle Thomas !
— C'est rien de spécial en soit, j'ai juste relevé la tête à un moment et j'ai vu qu'il me regardait, puis pendant quelques minutes on s'est échangé des regards furtifs.
— T'es allée lui demander son numéro ou quelque chose, rassure-moi ?
— Ça va pas, jamais je fais ça, tu sais bien à quel point je suis timide. Non, il est simplement parti.
— Dommage, t'as laissé passer ta chance avec ce bel inconnu. Il avait l'air d'avoir quel âge, tu penses ?
— Euh, je dirais le même âge que nous, peut-être un ou deux de plus, maximum.
— Encore plus dommage alors. Mais qui sait, peut-être qu'il repassera à la librairie !
— On verra bien, mais je m'en fiche, moi je suis là-bas pour mon travail et non me trouver quelqu'un, finis-je en repoussant mon assiette encore bien remplie, mais qui ne me donne plus du tout envie.
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Nos coeurs entaillés
RomancePlongée au coeur de son avant dernier semestre d'une licence de psychologie, Anna se retrouve bloquée à cause d'un important projet qu'elle ne veut surtout pas faire seule. A côté de ça, sa vie d'étudiante est rythmée par son travail de libraire et...