Nos coeurs entaillés

23

Quand on revient sur Poitiers, Eliott et moi prenons chacun un chemin différent pour rentrer chez nous.

Nous n'avons pas reparlé de ce qu'il s'est passé la veille et je n'arrive pas à savoir si je dois m'en inquiéter. Je ne sais pas si j'ai envie d'être en couple avec lui, mais ce qui est sûr, c'est que nous sommes réciproquement attirés l'un par l'autre. Mais est-ce que ça vaudrait le coup de briser cette nouvelle amitié pour tenter quelque chose de plus grand ? Je ne sais pas... Je suppose qu'il faudra qu'on ait une discussion à ce propos, lui et moi. Pour le moment, je veux juste me poser dans ma chambre.

Bien qu'Eliott ait réussi à me faire penser à autre chose hier soir et ce matin, je n'ai quand même pas oublié la précédente rencontre avec ma mère. Encore une fois, son comportement m'a prouvé qu'elle ne pouvait pas guérir mais malgré ça, je ne peux pas m'empêcher d'avoir toujours cette once d'espoir tout au fond de moi, cet espoir qu'elle y arrive.

Un espoir est censé nous faire du bien, être positif. Alors pourquoi le mien me détruit-il à petit feu ?

À peine arrivée dans ma chambre et je me laisse tomber sur le lit avec la musique à fond dans les oreilles.La première qui tombe est Traitor de Olivia Rodrigo. Je fonds instantanément en larme en réalisant que les paroles correspondent parfaitement à ce que m'a fait Théo. Je sais que je suis guérie et que je ne l'aime plus, mais le poids de la trahison reste malgré tout coincé dans ma poitrine et me compresse violemment à chaque fois que j'y pense.

Étant donné que Louise n'est pas là, je me permets de chanter à pleins poumons la musique pour extérioriser au maximum ce que je ressens.

You betrayed me
And I know that you'll never feel sorry
For the way I hurt, yeah
You'd talk to her
When we were together
Loved you at your worst
But that didn't matter

Je sursaute lorsqu'un bruit vient perturber mon concert improvisé avant de me rendre compte que ce n'est que mon portable. Je l'attrape et regarde qui vient me déranger.

Louise: Coucou ! J'espère que tu vas bien. Je rentre tout à l'heure. Tu me raconteras comment ça s'est passé hier ?

C'est vrai que quand on a couché ensemble avec Eliott je n'avais pas pensé au fait que j'en parlerais certainement avec Louise. Je me demande si elle se doute de quelque chose.

Moi: Super ! Oui, j'ai hâte de te voir !

Je pensais passer la journée à déprimer, seule dans ma chambre mais finalement, une après-midi papotage s'annonce. Et puisque je n'ai pas pu me laver depuis hier matin, je file à la douche.

L'eau chaude qui coule sur mon corps apaise chacun de mes muscles et calme mes pensées par la même occasion. Mes yeux sont lourds et gonflés à force d'avoir pleuré depuis que je suis rentrée, et pourtant ça ne fait pas depuis longtemps.

Louise arrive une trentaine de minutes après que j'ai fini de me laver, ce qui nous laisse deux bonnes heures avant que j'aille à mon cours de patinage.

— Comment ça va ? commence-t-elle en me prenant dans ses bras.
— Super et toi ? réponds-je en enroulant mes bras autour de sa taille.
— Super aussi. Je suis trop contente de te voir, j'ai l'impression que ça fait une éternité ! dit-elle en s'écartant.
— Pareil. Il faut dire que tu es beaucoup avec Matéo en ce moment. Mais c'est super !
— Oui. On trouve encore le moyen de se rapprocher et de devenir plus complice qu'avant même au bout de deux ans de relation. C'est fou !

Je hoche la tête pour acquiescer à ce qu'elle dit.

— Mais assez parlé de moi. Comment s'est passée ta journée de dimanche ?