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Le lendemain matin, j'ai la douce sensation d'être sur un nuage. Non seulement parce que mon lit a toujours été d'un confort sans pareil mais surtout parce qu'en tournant la tête à ma gauche, je peux avoir la chance d'y voir une jolie tête brune qui dort profondément, emmitouflée dans la couverture. Ce n'est bien sûr pas la première fois qu'on dort ensemble Eliott et moi, mais c'est la première fois que je me sens aussi apaisée quand je pense à lui. Je n'ai plus peur de ce qu'il pourrait me dire ou des remarques qu'il pourrait me faire pour me blesser. Je ne lui excuse pas pour autant toutes les fois où il a réussi à me faire sentir comme une merde qui ne valait rien, mais je suis rassurée de voir qu'il ne le pensait pas réellement au fond de lui et que ce n'était qu'un masque.

Je prends rapidement mon portable quand je le sens bouger, de peur d'être prise en flagrant délit en train de l'observer dormir. Je voulais me rattraper de ne pas avoir pu faire ça à l'hôtel, mais quelque chose me dit que j'aurai désormais mille et une occasions pour le faire dans le futur.

— Bonjour, toi, dit-il d'une voix à peine audible, trahissant sa fatigue.

Si je ne me sentais pas autant en paix actuellement, je serais certainement dans le même état que lui, c'est-à-dire, morte de fatigue.

— Bonjour. Bien dormi ?
— Pas assez, mais c'était ma meilleure nuit depuis l'hôtel, avoue-t-il en passant son bras autour de ma taille pour me ramener contre lui. Et toi ?
— La même chose, et le réveil était divin.

Il me serre davantage et j'en profite pour me tourner face à lui et blottir ma tête dans le creux de son cou, que je parsème de bisous. On reste dans cette position pendant ce qui me semble une éternité avant qu'on ne soit obligé de se lever.

— Au fait, lance Eliott au moment où je m'apprête à sortir du lit, tu te rappelles hier soir quand j'ai parlé de la rencontre avec mes parents biologiques ?

Je fronce les sourcils parce que je ne m'attendais pas à parler de choses sérieuses après un moment si doux, mais à en croire le ton qu'il a employé, il en a besoin.

— Oui, pourquoi ?
— Comme je l'ai déjà dit, je les rencontre après les partiels, mais ça me fait vraiment peur, et... (il semble hésiter), je me demandais si tu accepterais de m'accompagner ?

Oui est la première réponse qui me vient à l'esprit, parce que c'est celle qui me semble la plus logique. Il a été là pour moi, à mon tour de l'être. Je n'ai pas envie que cette relation ne marche que dans un sens.

— Évidemment, je réponds. Je serai là.

Il me remercie d'un triste sourire. Je refuse de laisser la bonne humeur du réveil se dissiper donc je plonge dans ses bras et prolonge le câlin de quelques longues minutes encore.

Le deuxième matin avec Eliott se passe moins calmement que le premier, pour cause: le début des partiels de janvier. Ma meilleure amie et son copain ne sont pas dans la même licence que nous, mais il nous en reste chacun trois à passer, un par jour, du lundi au mercredi, aux mêmes horaires. C'est après celui du mercredi matin que Louise et Matéo partent à la montagne, dans les Alpes, et c'est ce vendredi-là qu'Eliott va découvrir qui sont ses parents biologiques. J'essaie de cacher le stress que je ressens à l'idée de l'accompagner pour être capable de le soutenir du mieux que je le peux.

Heureusement, même si la période des examens n'est jamais une partie de plaisir, je suis presque sûre de réussir à valider ce semestre, ce qui me fait en quelque sorte un poids en moins à gérer. C'est plutôt Eliott qui n'est pas serein. Je sais pourtant qu'il a beaucoup travaillé aussi puisque nous avons passé quasiment tout notre temps à réviser ensemble avec nos meilleurs amis respectifs.

Nos coeurs entaillésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant