Nos coeurs entaillés

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Je ne croise pas Théo au travail aujourd'hui. On est à la veille du rendez-vous et je commence à me faire des films. Je m'imagine qu'il va en fait me poser un lapin et que ce n'était qu'une blague pour lui, mais très vite je me raisonne et suppose que la seule raison pour laquelle il n'est pas là aujourd'hui c'est parce qu'avant, il semblait venir principalement pour moi. Maintenant qu'il a mon numéro et qu'on se voit demain, il n'a sûrement plus besoin de se pointer tous les jours ici. Et puis le fait d'avoir eu cours à huit heures ce matin, qui fait que je suis très fatiguée, ne doit pas m'aider à raisonner clairement.

Quand j'arrive chez moi le soir, Louise n'est pas là. Elle m'a prévenue qu'elle passait la soirée et la nuit chez son copain. J'en profite donc pour organiser une petite soirée film dans le salon rien que pour moi.

Je me connecte à mon compte Disney + sur la télé et lance Vaiana tout en mangeant un plat déjà préparé que j'ai acheté au magasin après mon travail.

Comme à mon habitude, à chaque fois que je regarde ce Disney (ou n'importe lequel en réalité), je ne peux m'empêcher de chanter. C'est pour cette raison que je me retrouve à chanter Le bleu lumière de manière forte et fausse au beau milieu de mon salon, debout sur le canapé.

J'entends mon portable vibrer mais je n'y prête pas attention, ça ne doit pas être important.

Quand la prochaine musique démarre, je me remets debout sur le canapé et le même scénario que précédemment se produit. Je chante à tue-tête sans me soucier de la qualité de ma voix. Je chante encore plus faux qu'avant, mais je m'en fiche.

Pendant que je danse, je me retourne et tombe quand j'aperçois Eliott, au beau milieu du salon, à m'observer. Heureusement, je suis tombée sur le canapé.

- Mais bordel, ça ne va pas de débarquer comme ça, sans prévenir ? craché-je.

Il me regarde, l'air de dire "tu le fais exprès ou quoi ?".

- Tu n'as pas vu ton portable ? commence-t-il, en retenant son rire.
- Quoi ? Mon portable ? Pourquoi ? Non, je ne l'ai pas vu, réponds-je en tendant le bras vers l'objet en question. J'y vois une notification de Louise.

Louise: Eliott à oublié un pull à lui quand on a fait soirée la dernière fois. Je lui ai passé les clés pour qu'il vienne le récupérer, j'espère que ça ne te dérange pas. Bisous !

Je vais l'étriper.

- C'est bon ?
- De quoi tu parles ?
- Ton concert improvisé est fini ?
- Va te faire foutre, Thomas.
- Tu aurais dû voir ta tête, et ta danse. J'aurais dû t'enregistrer pour que tu entendes le désastre, se marre-t-il.
- Au risque de me répéter, je t'invite à aller te faire foutre, dis-je en lui levant mon majeur.
- Tu es bien ridicule.

Je grogne de frustration avant de me concentrer à nouveau dans le film et de faire abstraction d'Eliott.

Je l'entends récupérer son pull et avant de partir, il lâche:

- Je rigole, je ne t'aurais enregistrée pour rien au monde. Je ne veux pas de ta voix dans mon téléphone.

Je ne réponds pas. J'opte pour l'ignorance parce que c'est à mes yeux la meilleure des défenses.

J'entends la porte se claquer et les clés tourner dans la serrure. Il est enfin parti.

Avant de reprendre le film, j'envoie un message à Louise:

Moi: S'il te plait Lou, la prochaine fois, viens toi-même chercher les affaires quand ce n'est pas prévu que quelqu'un passe, merci !

***