La semaine qui suit, je navigue entre les cours, le travail et le patinage artistique avec Éric. Je passe la plupart de mes soirées à aller patiner, si bien que je commence à avoir des ampoules au pied, mais je sais que je progresse alors je suis fière de moi. Je le suis d'autant plus lorsque mon professeur me regarde avec admiration en tapant dans ses mains quand je glisse vers lui.
— Et bah là, on voit que tu as travaillé ! Tu as été super, l'enchaînement était vraiment beau et c'est plus fluide que la dernière fois. Bravo, me félicite-t-il.
— Merciii.Étant sur des patins, c'est compliqué mais dans ma tête, je saute partout et je fais une danse absolument horrible mais qui témoigne bien de ma joie.
Le cours touche à sa fin, alors comme à mon habitude, je pars dans les vestiaires pour me changer. En sortant de là, je retrouve Éric, affichant une mine gênée.
— Tout va bien ? je demande.
— Oui, oui, dit-il en reprenant une attitude confiante. Je me disais juste qu'on pourrait aller boire un café en ville, si ça te dit ?Sa demande me prend de court. C'est la deuxième fois qu'il agit bizarrement. Autant la première fois je mettais ça sur le compte de la fatigue mais là, je ne trouve pas d'excuse. Est-ce une manière de flirter ? Rien qu'imaginer cette idée me répugne. Je refuse donc poliment mais cela semble le contrarier.
— Rien de bien méchant, Anna. Juste un café pour parler de la compétition et ce que ça implique d'une manière moins prise de tête et moins professionnelle que durant les cours, m'explique-il sans arrêter de sourire.
Je prends le temps de réfléchir à sa proposition. À vrai dire, qu'est-ce que ça pourrait bien faire si j'acceptais ? Les raisons qu'il me donne sont peut-être réelles... J'hésite encore un bref instant avant de finalement accepter.
— Super ! On va prendre ma voiture pour aller en ville.
— D'accord, réponds-je simplement, le suivant à l'extérieur de la patinoire.Le trajet se fait dans un silence total. Heureusement qu'il y a la radio pour combler un minimum ce vide oppressant. Après s'être enfin garé, nous décidons d'aller au Café de la Paix pour discuter.
— Bonjour, dit le serveur. Je vous écoute pour les boissons.
— Je vais prendre une Leffe Blonde, s'il vous plaît, répond Éric d'une voix assurée.
— Et vous, madame ? me demande le serveur.
— Euh... Je vais juste prendre un cappuccino, s'il vous plaît.
— Très bien, je vous apporte ça de suite.
— Merci, je réponds tandis qu'il s'éloigne.Je croise mes mains et les pose sur la table, mal à l'aise. Je ne sais pas quoi dire. Après tout, c'est lui qui m'a proposé ça, alors ça devrait être à lui de parler en premier.
— Bon, cette compétition, comment est-ce que tu la sens ?
— Particulièrement stressée, mais c'est ma première compétition donc j'imagine que c'est normal. Mais à côté de ça, je suis super contente d'avoir l'occasion d'en faire une, en plus, je sens que je commence à maîtriser de plus en plus mes danses alors je reste plutôt confiante !
— Oui, en effet, tu progresses bien. La confiance est très importante dans un domaine comme celui-ci et le stress est totalement normal mais il diminue avec le temps et l'habitude, tu verras.
— Oui, je n'en doute pas. C'est comme lors de mes premiers cours avec toi, j'étais très angoissée mais au fil des entraînements, ça diminuait, jusqu'à ce que je ne le sois plus du tout.
— C'est vrai. Je le ressens aussi que tu es plus à l'aise maintenant qu'au début. C'est une bonne chose, je suis content. Ce n'était pas le cas de mes anciennes élèves.
— Ah oui ?Je réalise seulement à cet instant que c'est la première fois que je l'entends parler d'anciennes élèves, je croyais que j'étais sa première. Non pas que je sois jalouse, pas du tout, c'est simplement que je suis étonnée qu'il n'en ait jamais parlé auparavant.
— Oui, malheureusement.
— Comment ça se fait ? je demande, intriguée.
— Je ne sais pas. Peut-être que le problème ne venait pas de moi mais du sport en lui-même, parce qu'elles n'avaient pas l'air très motivées durant les entraînements. Elles ont fini par partir au bout d'un an ou deux, à cause d'un changement de ville, je crois.
— C'est dommage... Peut-être que ce n'était pas leur sport de prédilection, en effet !
— Oui, voilà.

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Nos coeurs entaillés
Storie d'amorePlongée au coeur de son avant dernier semestre d'une licence de psychologie, Anna se retrouve bloquée à cause d'un important projet qu'elle ne veut surtout pas faire seule. A côté de ça, sa vie d'étudiante est rythmée par son travail de libraire et...