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Quand le visage d'Eliott entre dans mon champ de vision, je me sens soudain poussée d'une force que je ne me connaissais pas. Je cherche enfin à sortir des griffes de mon professeur mais de tout évidence, je n'ai pas assez de force. Eliott accourt vers moi et tire Éric en arrière, le forçant à me lâcher.

— Touche encore à un seul cheveu d'elle et crois-moi que tu finiras avec les deux jambes cassées, le menace-t-il.
— Dis-moi, qu'est-ce que tu crois pouvoir faire contre moi, hein ? Tu as quoi, vingt ans ? Et tu te prends déjà pour un homme. Réveille-toi mon petit, tu n'es rien d'autre qu'un gamin qui se prend pour un adulte, crache Éric.
— Peut-être, mais au moins quand je couche avec une fille, elle est consentante et y prend du plaisir. Chose que tu ne connais visiblement pas. Alors maintenant, tu as intérêt à dégager ton cul de ces vestiaires avant que j'appelle les flics, c'est clair ?
— Pfff. La seule raison pour laquelle je vais sortir c'est parce que je suis attendu à l'extérieur. Quant à toi, Anna, tu vas le regretter, je te le promets, dit-il en me lançant le même regard que tout à l'heure.

Je fonds en larmes dès l'instant où il quitte la pièce. Eliott fonce sur moi pour me prendre dans ses bras. Je m'y agrippe aussi fort que je le peux, comme si j'avais peur qu'il parte. J'ai besoin de le sentir contre moi, ces bras qui ont le don de si bien me réconforter. Je pleure à chaudes larmes sans jamais le lâcher. Il me serre plus fort contre lui quand il me sent trembler.

— Je suis là, Anna... Ce n'est que moi... Il est parti, tente-t-il pour me rassurer.
— Comment je vais faire pour... pour faire ma deuxième danse dans cet état...? paniqué-je.
— Tu n'es pas obligée de la faire. On peut aller au commissariat directement si tu veux. Il doit bien y avoir des caméras qui ont filmé toute la scène... me propose-t-il, perdu.
— Je ne sais pas... Je ne veux pas gâcher cette compétition... Elle est... tellement importante à mes yeux... expliqué-je.
— Je sais bien, mon ange... Mais es-tu sûre de pouvoir continuer à participer ? s'inquiète-t-il.
— Il le faut, dis-je en me relevant.
— Dans tous les cas, je te soutiens. Mais je pense que ça pourrait être nécessaire d'aller voir la police après ça, qu'est-ce que tu en penses ?
— Peut-être, je ne sais pas... J'ai juste envie de me concentrer sur le reste de la compétition et tout oublier le temps d'une musique...
— Alors va sur la glace et montre à tout le monde la personne forte et talentueuse que tu es, me dit-il fièrement.

Je tente un mince sourire qui ressemble plutôt à une grimace avant de le reprendre dans mes bras.

— Merci... chuchoté-je dans son cou. Merci pour tout...
— C'est normal, Anna. C'est ce qu'on fait quand on aime quelqu'un.

Je relève d'un seul coup là tête. Il m'aime ? Bien sûr que oui, idiote, sinon il ne sortirait pas avec toi.

— Tu... m'aimes ? bégayé-je.
— Oui. Ça fait des jours que j'attendais le bon moment pour te le dire, mais finalement, le bon moment, c'est tous les jours. Donc oui, Anna Thomas, je t'aime de tout mon cœur et bien plus encore.

Mes yeux s'embuent de larmes et je fonds à nouveau dans ses bras. Heureusement que j'avais pris la décision de ne pas me maquiller parce que je n'ose pas imaginer la tête que j'aurais eue si ça avait été le cas.

— Je t'aime aussi, Eliott Thomas. Corps et âme, et à jamais.

Sur ces belles paroles, il m'embrasse comme si c'était la dernière fois qu'on le pouvait. Durant le temps de ce baiser, j'arrive à oublier d'une certaine manière ce qui vient juste de se passer avec Éric, mais une fois que nos lèvres se décollent, tout me revient. Je tente désespérément de l'enfouir profondément en moi pour le cacher à Eliott, mais il n'est pas dupe.

— Fais ce que tu sais faire de mieux et moi je serai dans les gradins, à te regarder avec plein d'étoiles dans les yeux, à t'encourager, et surtout, j'appelle les flics si je le vois tenter quoi que ce soit de louche. Tu n'es pas seule Anna. Tu t'es peut-être sentie ainsi à une période de ta vie, mais je te promets que peu importe ce qu'il se passera entre nous, tu ne seras jamais seule, parce que je serai toujours près de toi. Parfois, tu ne t'en rendras même pas compte, mais garde bien en tête que je ne te laisserai pas tomber et que tu trouveras toujours du soutien auprès de moi. T'es l'une des personnes les plus courageuses et incroyables que j'aie rencontrées et tu ne mérites pas une seule des mauvaises choses qui te sont arrivées. Je serai là à la fin de ta course, après et pour toujours. Maintenant, fonce, parce que je crois qu'on vient de t'appeler.

Nos coeurs entaillésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant