Nos coeurs entaillés

3 (Flashback)

Deux ans plus tôt

Quand le vendredi soir arrive, Louise est toute excitée. Depuis une semaine, elle prévoit une soirée à la coloc. Elle a invité Matéo, son copain avec qui elle est depuis quelques semaines. Ils ne se lâchent plus. J'avoue que parfois, je l'envie un peu parce qu'ils sont trop mignons tous les deux. Elle a également invité Eliott. Je les ai tous les deux vus quelques fois et même si le contact est un peu compliqué avec Eliott, je m'entends très bien avec Matéo. Je n'ai, bien sûr, rien de particulier contre Eliott, on n'est peut-être juste pas fait pour être amis, tout simplement. Malgré ça, je fais un effort pour que tout se passe bien quand nous sommes tous les quatre ensemble, pour Louise.

Avant que les invités arrivent, nous préparons l'apéritif, le repas, ainsi que les boissons.

— Tu penses qu'il y en aura assez pour ce soir ? me demande Louise concernant la nourriture et l'alcool.
— Oui, très largement. Il y en a assez pour toute une armée au moins.
— Super ! Je suis super stressée, je ne sais même pas pourquoi. Dis, j'ai un petit service à te demander. Tu penses que toi et Eliott vous pourriez essayer de vous rapprocher ? Histoire de devenir amis, parce que ça me rend triste qu'on ne s'entende pas tous très bien, m'avoue-t-elle en faisant la moue.

Je soupire parce que je sais très bien que je vais accepter d'essayer de devenir amie avec lui même si honnêtement, je ne sais pas si on a des points communs. Mais je vais prendre sur moi, pour elle, au moins pour ce soir. Je hoche donc la tête pour toute réponse.

— Merci, merci ! T'es la meilleure !

Elle m'embrasse sur le front puis apporte tout le nécessaire pour la soirée sur la table du salon.

Eliott et Matéo arrivent tous les deux à vingt-et-une heures trente. Louise fonce dans les bras de son copain à l'instant même où il a passé la porte comme si ça faisait des semaines qu'ils ne s'étaient pas vus, alors qu'ils ont passé l'après-midi ensemble. Juste avant de l'attirer vers la table qu'elle a soigneusement préparée, elle me fait un clin d'œil voulant dire quelque chose comme "allez, fais un effort !". Je me retrouve donc face à lui, sans que nous sachions quoi dire.

— Salut, Eliott. Tu vas bien ? osé-je.
— Ça va, un peu fatigué mais ça va, répond-il simplement. Et toi ?
— Fatiguée aussi à cause du travail.

Un silence s'installe entre nous et j'en profite donc pour le détailler. Ses cheveux bruns sont encore mouillés et retombent gracieusement sur ses épaules. Tout comme moi, il a les cheveux un peu plus longs qu'un carré. Même si nous ne sommes pas réellement proches, je ne peux pas cacher le fait que son style vestimentaire me plaît beaucoup. Ce soir, Eliott a choisi un pull en laine couleur crème qu'il a rentré dans un pantalon blanc en jean. A ça est ajouté une ceinture marron qui vient structurer le tout.

Louise nous coupe d'une voix autoritaire.

— Bon, vous vous ramenez ?
— On arrive ! dit-on en même temps.

Eliott me sourit, laissant apparaître deux fossettes sur ses joues auxquelles je n'avais jamais fait attention auparavant. C'est le premier moment complice que l'on partage. Peut-être qu'il y a un espoir de devenir amis finalement. Je lui souris en retour avant de rejoindre nos amis.

On s'installe tout autour de la table et chacun commence à raconter sa journée qui a été rythmée par nos révisions. Le point commun, c'est qu'on est tous fatigués et qu'on a tous grand besoin de repos. Heureusement pour nous, demain il n'y a pas cours. Je lève mon verre pour porter un toast.

— À ce week-end bien mérité !
— À ce week-end ! répètent-ils tous en chœur.
— Et à cette soirée ainsi que la gueule de bois qu'on va se taper demain, renchérit Eliott en riant. Sérieux Louise, c'est quoi cette quantité monstre d'alcool que tu as achetée !