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Je rappelle aussitôt le numéro en tentant de ne pas céder à la panique avant de savoir ce qu'il se passe. Je sens que quelque chose de grave s'est passé, mais je n'ai aucune idée de ce que cela peut être.

La personne au bout du fil décroche au bout de la troisième sonnerie.

— Bonsoir, docteur Colin à l'appareil, que puis-je faire pour vous ?
— Bonsoir, je suis madame Thomas, dis-je d'une voix tremblante. Vous avez essayé de m'appeler tout à l'heure ?
— Oh, oui. Bonsoir, madame. En effet. Je vous appelle au sujet de votre mère, madame Thomas, dit-il d'une voix calme.

Trop calme, me dis-je.

— Oui, je vous écoute ?
— Alors voilà, je suis navré de vous annoncer cela de cette manière, mais un peu plus tôt dans la soirée, votre mère est arrivée aux urgences dans un état assez grave à la suite d'un accident de la route...

Mon cœur se serre en entendant le mot "accident" et je prie intérieurement pour que la phrase ne se finisse pas comme je l'imagine.

— Elle n'a malheureusement pas survécu... Je suis vraiment désolé, madame...

Je fais quelques pas en arrière et me heurte à un mur avant de fondre en larmes. J'entends le médecin me parler mais tout devient flou. Je n'arrive plus à respirer, les larmes ne veulent pas sortir et mon coeur me fait mal comme ça ne m'étais jamais arrivé. J'hyperventile et plus rien ne fait sens. Je veux juste que cette sensation s'arrête.

J'ai à peine le temps de discerner les traits du visage de la personne qui semble s'approcher de moi que je perds connaissance.


Quand j'ouvre les yeux, je suis plongée dans une faible lumière et une odeur de vanille comme celle des bougies de ma chambre parfume la pièce dans laquelle je me trouve. Je ne mets pas longtemps avant de réaliser que je suis dans mon lit. Soudain, je suis prise d'une horrible migraine et je plaque mes mains contre mes tempes pour tenter de l'atténuer.

Quelques minutes après mon réveil, Louise, Matéo et Eliott entrent calmement dans ma chambre.

— Coucou... dit Louise d'une petite voix.

D'un coup, comme frappée par la foudre, tout me revient et je sens déjà les larmes me monter aux yeux.

— Est-ce que tu te rappelles de ce qui s'est passé...? ose-t-elle me demander en gardant ses distances, comme si j'étais un petit animal qu'on avait peur de casser au moindre contact.
— J'étais... à la patinoire. Je sortais de mon cours et l'hôpital... il... il m'a appelée, et..., un sanglot s'échappe de ma bouche, m'empêchant de continuer.
— Ça va aller, on est là... Tu n'es pas seule... me rassure Louise en se rapprochant un peu plus de moi.

Elle me prend délicatement la main et fait des petits cercles sur le dos de celle-ci avec son pouce.

— Comment... comment est-ce que je me suis retrouvée ici, alors que je me rappelle seulement de l'appel avec l'hôpital et puis... plus rien...? demandé-je, à bout de force.
— Tu ne t'en rappelles sûrement pas mais je voulais te faire la surprise de venir te chercher après ton cours, intervient Eliott. J'avais demandé à Louise tes horaires.

Je l'écoute attentivement. Sa voix à l'effet d'un Doliprane sur mon mal de tête, ce qui me permet de me sentir légèrement mieux.

— Mais quand je suis arrivé... je t'ai retrouvée en pleine crise d'angoisse, debout, le téléphone collé à ton oreille. J'ai accouru aussi vite que j'ai pu dès que je t'ai vue dans cet état puis tu t'es évanouie au moment où je t'ai prise dans mes bras.

J'essaye d'accuser le coup mais c'est vraiment difficile. D'une certaine manière, je ne portais pas réellement ma mère dans mon cœur, mais apprendre son décès est plus douloureux que je ne veux l'admettre. Mais d'un côté, je m'en veux de ressentir autant de peine à son égard après tout ce qu'il s'est passé. Elle ne mérite pas mon chagrin.

Nos coeurs entaillésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant