Un nouveau moi, un nouveau nous

231 11 4
                                    

- Malefoy !! Dépêches-toi ! C'est maintenant !

Les yeux de tous les Serpentards étaient rivés sur la jeune femme qui venaient de faire une entrée fracassante dans la grande salle à l'heure du dîner.

Il manqua s'étouffer et un coup de tonnerre au-dessus de sa tête, depuis le plafond magique, lui fit comprendre ce qu'il se passait. Il se leva aussi vite qu'il le put, gênant ses amis à côté de lui et lui lança un regard entendu. Sous les yeux étonnés de bons nombre d'élèves, ils coururent en direction de la sortie de l'école. Il comprenait mieux son absence au début de repas ; il s'était étonné de ne pas la voir attablée lorsqu'il était entré mais avait supposé qu'elle travaillait encore. Visiblement, elle avait observé le ciel jusqu'à voir le premier éclair zébrer celui-ci.

La fiole de cristal déjà en sa possession, ils dévalaient les trop nombreuses marches en direction d'un endroit tranquille, à l'extérieur.

- C'est bon ! Ici, ce sera parfait.

Dans un coin reculé, personne ne les dérangerait. Ils priaient pour qu'on ne les ai pas suivi. Depuis la scène avec la jeune française, leur sympathie mutuelle n'avait pas manqué d'être remarquée et on les avait vu beaucoup plus souvent ensemble.

Après tout, ils s'étaient avoués qu'ils s'aimaient. Pourquoi devraient-ils se fuir ? Il était vrai que Drago Malefoy avait encore du mal à s'afficher mais, la vérité, c'était qu'il avait peur pour Hermione. Il avait peur de la perdre. Peur qu'on la lui prenne. À chaque fois que ses yeux se posaient sur elle, il était frappé en plein cœur. Qu'est-ce qu'une femme comme elle faisait avec un homme comme lui ? Un moins que rien, un faible et un lâche... Il avait arrêté de lui demander pourquoi elle était avec lui mais, il ne passait pas un jour sans se dire qu'elle partirait pour un autre, pour l'homme meilleur qu'il ne serait jamais.

Il savait qu'elle partirait. Il ne pouvait pas en être autrement.

Drago Malefoy avait beau dégager de lui toute la confiance du monde, il n'en restait pas moins brisé. Tout ce en quoi il avait cru durant des années s'était écroulé. Il avait changé, était devenu un autre homme mais, il ne changerait jamais son passé et ses actions. Alors, pourquoi resterait-elle ?

Chaque jour, il lui souriait, la regardait en cachette lorsqu'elle prenait des notes pendant leurs cours. Il l'épiait lorsqu'elle était avec ses amis. Il l'observait comme on observe un trésor que l'on ne pourra jamais obtenir. Et pourtant, c'est avec lui qu'elle était. C'était lui qu'elle retrouvait le soir dans la forêt interdite, c'était lui qu'elle embrassait et qu'elle écrasait en duel devant tous avec de fins stratagèmes, c'était lui qu'elle avait choisi. Alors pourquoi ? Pourquoi cette incertitude ?

Le jeune homme était persuadé qu'elle trouverait mieux. Un jour, alors qu'il ne s'y attendrait pas, elle lui annoncerait qu'elle partait. Et, là, il la verra au bras d'un homme respectable, sans histoire, qui la chérit et dont le passé n'a pas été terni par les mauvaises actions. Un homme qu'on ne regarde pas de travers dans la rue, qui est ni impulsif ni râleur. Un homme bien. Oui voilà, ce qu'il lui fallait. Il lui fallait un homme sans nom. Un homme qui ne serait pas un Malefoy.

Il ne pouvait pas la garder pour lui. Il voulait pas la garder prisonnière. Hermione était la plus belle des colombes et on n'enferme pas un oiseau dans une cage. Il devait la libérer.

- Drago ? Tu es avec moi où ? lui demanda-t-elle, le ramenant sur terre.

Il la regarda avec tristesse alors qu'elle lui souriait, heureuse de venir à bout de ce processus fastidieux. Comment allait-il lui dire ? Il se ressaisit et lui rendit son sourire. Il devait d'abord finir ça.

- Très bien, Hermione. Tu vas placer la baguette sur ton coeur et réciter une dernière fois l'incantation. Avales d'un trait la potion dès que c'est fait. Cela sera douloureux, tu vas sentir le coeur de ton animagus battre et son image se dessiner dans ta tête. Soit forte et tout se passera bien.

Elle l'écoutait avec une attention notable et elle souffla. Elle était prête.

- Je sais que c'est effrayant mais garde ton calme. Tu peux le faire.

Elle hocha la tête et fit exactement ce qu'il lui avait demandé. Plaçant la baguette sur son coeur elle récita "Amato animo animato animagus" et avala cul-sec le mélange contenu dans la fiole, sans même sourciller. C'était vraiment immonde.

Pendant deux secondes, elle crut que leur préparation avait échoué car elle ne ressentit rien. Mais elle manqua s'effondrer la seconde d'après tant son cœur battit fort. Elle avait l'impression qu'on lui pressait le cœur à l'en faire exploser. Elle peinait à respirer. Cela était-il censé être aussi douloureux ? Son pouls tapait à ses tempes. Un regard flou dans la direction de Drago, qui ne bougeait pas, se contentant d'observer, la rassura. Tout se passait comme prévu. Et là, elle la vit, sa forme animale, elle la sentait, tout était clair à présent. Les deux coeurs battant à l'unisson, leur image ne formant plus qu'une. Et l'instant d'après, sa vue était différente, ses sens étaient exacerbés. Elle entendait mieux, toutes les odeurs venaient lui caresser les narines et le sol sous ses pattes... Ses pattes étaient fines mais elles les sentait puissantes, agiles.

- Tu as réussi, Granger, gloussa le jeune homme presque surpris.

Elle se sentait calme, bien. Son coeur ne battait plus aussi fort, ni aussi vite. Elle avait réussi. Ils avaient réussis. Et soudain, elle se demanda : À quoi ressemblait-elle ? Elle tenta de regarder son amant et s'aperçut alors qu'elle y voyait très bien malgré la nuit. Il comprit son regard et sortit un petit miroir de sa poche, qu'il avait pris pour l'occasion.

- Cela te va à la perfection.

Un renard blanc. Elle râla une seconde ; c'est salissant le blanc. Puis elle pouffa intérieurement. C'était vraiment le cadet de ses soucis ! Qu'est-ce que cela pouvait faire qu'elle soit blanche ou rousse ?

Sa queue touffue bougeait en fonction de son corps et lui permettait un équilibre, intéressant, bien qu'elle ne soit pas encore certaine de savoir comment l'utiliser... Un nouveau regard à Drago et il était lui aussi sous sa forme animale. Elle voulait courir. Elle voulait découvrir les sensations qu'offrait son nouveau elle. Pourrait-elle courir vite ? Longtemps ? Serait-elle agile ou maladroite ?

Après un regard entendu, ils s'élancèrent. La jeune femme manqua trébucher quelques fois mais se débrouillait très bien. C'était si intuitif quand cela faisait parti de vous. Ils slalomèrent entre les arbres épais de la forêt interdite, galopèrent au bord du lac noir, les pattes dans l'eau et, inexorablement, ils finirent devant l'entrée de la maisonnette cachée de l'aristocrate.

Reprenant formes humaines, ils pénétrèrent à l'intérieur, allumèrent un feu. Le jeune homme s'affairait à remettre à leur place quelques petits choses insignifiantes, comme s'il n'y avait rien d'autres à faire, rien à se dire. Hermione était perplexe. Que se passait-il tout à coup ?

Déterminée à comprendre ce qu'il avait ou, au moins à ne pas le laisser se renfermer comme il en avait l'habitude, elle prit les devants.

Elle s'avança vers lui, alors qu'il était de dos. Plaçant une main sur son épaule, elle l'obligea à la regarder. Il voulu fuir son regard à la seconde même où leurs yeux se croisèrent, mais elle ne le laissa pas faire.

- Mais qu'est-ce qui te prend à la fin ?  bouillonnait-elle

Sans qu'elle ne puisse comprendre ce qu'il se passait dans la tête du Serpentard, il prit son visage en coupe et l'embrassa avec tout le désespoir que ses récentes pensées avaient fait naître en lui. Il se sentait mal, si mal de devoir lui rendre sa liberté mais... Comment aurait-il pu en être autrement. Il aimait tellement cette femme... Comment était-il passé en si peu de temps, de la haine à l'amour ?



Anime-moi - DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant