SHADE OFF

Retour à la normale

Ase

Ma haine me hante encore. L'aube commence à pointer le bout de son nez. Je n'ai pas réussi à trouver le sommeil. Mon esprit est encore trop échauffé par les événements de la veille. La respiration de Lay est calme et régulière, signe qu'elle semble apaisée.

Hier soir, j'ai tué bien plus d'hommes que jamais dans ma vie. J'étais dans une transe. Animé par la vengeance et la rage, dès qu'un Campbell se pointait devant moi, je lui décrochais une balle dans le crâne.

Quand j'ai été à court de celles-ci, j'ai sorti deux machettes. J'ai saigné chaque homme qui avait pu faire du mal à Lay. Malheureusement, je n'ai pas réussi à atteindre Luc.

Ce connard a dit à Lay que j'étais un tueur à gages. Je m'y attendais. Je pensais qu'elle aurait tout de suite établi un lien avec la mort de ses parents. Je pensais qu'elle me haïrait de tout son être.

Mais non. Elle a accepté cette part de noirceur. Je sens encore ses caresses sur ma peau alors qu'elle détaillait mes tatouages. Mon cœur s'accélère. Pourquoi me fait-elle cet effet ? Ce serait tellement plus simple si elle me détestait. 

Son souffle régulier apaise mes maux bien plus que je pourrais jamais l'admettre. Je voudrais capturer cet instant dans ma mémoire à jamais. Les rayons du soleil commencent à s'abattre sur son visage fin. Quelques mèches de cheveux brun tombent sur ses yeux endormies. J'aimerais qu'elles les ouvrent. Juste pour pouvoir plonger dans leurs profondeurs bleus. Ma main effleure ses mèches brunes. Je les passe derrière son oreille en m'attardant un peu plus sur sa peau. 

A quoi tu joues ? 

Tu as tué sa famille pour info. 

Je retire ma main comme si on m'avait brûlé. Putain il faut que j'arrête ça. Je me lève discrètement pour ne pas la réveiller et descends dans la cuisine. Il me faut un café et un bon footing pour l'oublier. 

Tu n'y arriveras pas. 

Putain de conscience de merde. 

Sept ans à la surveiller. Sept ans à vouloir la protéger. Sept ans à être mon secret. Comment l'oublier ? Je prends une tasse. Maintenant qu'elle est avec moi j'ai encore plus envie de la garder. J'enclenche la machine à café qui fait un boucan du diable. Mes yeux se ferment quelques instants. Une vision de ses iris bleus apparaît. 

SORT DE MA TÊTE ! 

Je me reconcentre sur le liquide noire qui s'écoule dans ma tasse. Mon père a raison, je suis le plus mauvais tueur à gages de cette planète. 

" Cache tes émotions Asaël " 

"Sois la mort, car ceux qui la craignent la respectent" 

"Tue. Tue jusqu'à ce que ton coeur ne ressente plus rien devant le sang"

" La faiblesse vient de ceux qui ressentent Asaël" 

Pendant un temps j'y ai cru. J'ai bu toutes les paroles de mon géniteur. Je tuais sans remords. Je voulais le rendre fier. Mais depuis que j'ai croisé sa route. Depuis  que j'ai pris un uppercut dans mon abdomen en la rencontrant. Toutes mes perceptions ont volé en éclats. 

Je porte la tasse fumante à mes lèvres. Mes ténèbres menacent de refaire surface. Peut-on se haïr au point de rêver de la fin de ses jours ? Je pose mes coudes sur l'îlot de la cuisine. L'odeur da la caféine me permet déjà d'affronter cette journée. 

Des petits bruits de pas claquent sur le sol. 

Une chevelure brune apparaît dans le bas des escaliers. La silhouette toute fine de Lay apparaît dans mon champ de vision. Ses grands yeux bleus croisent les miens. Elle cherche a savoir si je regrette mes aveux d'hier soir.