SHADE OFF

Une (mauvaise) idée

Layla

Comment se peut-il que mon cœur tambourine avec une telle férocité dans ma poitrine ? Une cadence si rapide qu'elle semble menacer de briser mes côtes.

La pression monte comme une marée furieuse, engloutissant chaque parcelle de mon être. Ase, avait son regard chargé de mépris tout à l'heure. Il semble me détester jusqu'au plus profond de son âme. Pourtant, je m'obstine à ne pas abandonner ce qui pourrait encore être sauvé.

Mais il en a embrassé une autre.

Ma main cherche un appui sur le mur, alors que je tente de calmer les battements frénétiques de mon cœur en inspirant profondément. Le couloir s'étend devant moi, plongé dans l'obscurité et le silence. Je me sens emprisonnée dans mes propres ténèbres, en proie à un tourment intérieur insoutenable.

Soudain, parmi les murmures des fantômes qui hantent mes pensées, la voix de Gaël s'élève :

- Elle t'a pleuré chaque soir, elle attendait ton retour, pendant que toi tu baisais cette fille.

Chaque image qui se déroule dans ma tête est comme un poignard enfoncé dans mon ventre, ravivant la douleur insoutenable de cette scène qui habite mes pensées.

Ses mains, caressant une autre peau que la mienne.

Ses lèvres scellant un pacte de trahison avec une autre.

Ses yeux, obscurcis par un désir brûlant qui ne m'était pas destiné.

Un bruit de pas résonne, s'approchant de mon désarroi, comme pour me rappeler la cruelle réalité.

- Tu sais que c'est malpoli d'écouter une conversation privée ?

Ma tête se tourne brusquement vers Rob, dont le visage arbore un sourire narquois, comme s'il savourait ma gêne. L'agacement monte en moi, alimenté par l'incapacité de saisir la réponse d'Ase.

Je sens son regard curieux et accusateur qui pèse sur moi alors que je me tiens là, surprise en train d'espionner une conversation qui ne me concerne pas. La frustration et la confusion se mêlent dans mon esprit, alors que je cherche simplement des réponses.

- Ne me regarde pas avec cet air meurtrier, je ne suis pas mon père, me lance-t-il avec sournoiserie.

Ma mâchoire se contracte, je ne suis pas d'humeur à plaisanter. Je reprends contenance et décide de le bousculer de l'épaule sur mon passage, mais avant que je ne puisse continuer à fuir, une force me retiens le bras. Rob ressert la prise de sa main sur mon bras et me force à me retourner. Ses yeux noirs se plantent des les miens :

- Nous devons discuter Layla. Tu ne peux pas dérober le coeur de mon frère, anéantir son seul point d'ancrage et espérer qu'en te voyant il te pardonnera ta trahison.

- Je n'ai rien à dire que tu ne connaisses pas Rob, murmurais-je froidement en me défaisant de son emprise.

Alors un rire gras s'échappe de sa gorge.

- Oh tu as bien des choses à me dire, à commencer par comment tu as tué mon enfoiré de père et libéré mon frère de son emprise.

Ma bouche forme un o de surprise.

- Tu... tu... viens de dire que j'avais anéanti Ase et ça te fait rire ?

Rob reprend son air sérieux et lisse sa chemise blanche en lin.

- Parfois il faut anéantir un système pour retrouver la paix. Ce que tu prends pour un reproche Layla est une marque d'admiration. Tu as été capable d'accomplir ce que je n'ai jamais osé faire.