SHADE OFF

Terreur nocturne

Lay

Un cliquetis me réveille. On doit être au beau milieu de la nuit. La tête alourdie par le sommeil, je me relève avec difficulté. Ma nuque est douloureuse à cause de mon matelas dur comme la pierre. Mes muscles engourdis crissent sous la tension qui les habitent. Je frotte mes paupières en entendant des pas entrer dans ma cage. Dans l'obscurité, je distingue l'ombre d'une chevelure brune et bouclée.

- Hmm, quelle heure est-il ? Je marmonne.

- 4h30 du matin.

La voix de Maxwell résonne entre les pierres humides.

- Lay il faut que tu te lèves. Luc veut te voir dans sa chambre.

Ses doigts s'enroulent autour de mon bras pour me tirer avec force. Encore à moitié endormie, mes jambes peines à me faire tenir debout. Je garde l'équilibre grâce à sa poigne ferme. Pourquoi faut-il que je me lève si tôt ?

D'un coup, je prends conscience de ce qu'il vient de mentionner. Les informations montent à mon cerveau à la vitesse de la lumière. Une alarme danger s'enclenche dans mon esprit. Luc. Sa chambre. Et moi. Mon coeur se tord dans tous les sens.

- Dans sa chambre ? Je l'interroge peu certaine d'avoir bien entendue.

- Oui... L'urgence dans sa voix sonne comme l'annonce d'une peine.

- Qu'est-ce qu'il me veut ?

Maxwell passe sa main dans ses cheveux, signe de son inconfort. Il évite de croiser mon regard, ce qui n'a rien de rassurant.

- Je n'en ai aucune idée, déclare-t-il.

Un mauvais pressentiment court le long de ma colonne vertébrale. Je tente de m'appuyer sur le mur pour retrouver mes esprits, mais Maxwell garde sa prise sur mon bras. Il me pousse devant lui pour sortir de la cellule.

Je ne cherche pas à résister. S'il existe un moyen de m'enfuir d'ici, ça commence par là. Je rassemble le peu de courage qu'il me reste pour le concentrer sur un moyen de me casser d'ici.

Maxwell m'entraîne sans ménagement à travers les couloirs du manoir. Je tente de me repérer alors que nous filons à vive allure. Je dois trouver un moyen de m'enfuir. Le silence est pesant, seulement rompu par nos pas et les quelques chuchotements des hommes postés à divers endroits. Cette maison empeste la mort.

Le danger.

La terreur.

Nous passons devant la salle où j'avais dîné une fois avec le père d'Ase. Cette fois la table est vide. Je revois sa suffisance, sa froideur et sa méchanceté. Quand je pense à ce qu'il à fait subir à son propre enfant, la rage gronde dans ma poitrine. Aucun regret ne me traverse de l'avoir tué. Il méritait de perdre la vie. Après tout, c'est le premier à avoir trahi ma famille et à avoir détruit la sienne. Je n'étais que la finalité de ces manigances.

Sa rédemption.

Nous montons un escalier en colimaçon et chaque marche étire mon angoisse. Les battements de mon cœur sont frénétiques. Peu importe ce qu'attend Luc de moi, ça n'annonce rien de bon. Nous longeons le couloir où j'ai rencontré la mère d'Ase pour la première fois. Un noeud se forme dans ma gorge quand je la revoit prête à me tuer. Encore une fois, Ase est venue à mon secours à cause de mon imprudence.

Il était prêt à sacrifier un membre de sa famille pour moi. Je me remémore le petit garçon qu'il était au travers de son carnet. Savoir qu'il a grandi enfermé dans cette cellule me rend malade. Il n'avait pas le droit à l'amour. Il ne l'a jamais connu. Cette réalité brise chaque fragment de mon âme.