Jour de paie

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Ase

Alors que toute l'équipe est partie pour la mission au casino, je me retrouve seul à attendre Layla. La porte d'entrée est toujours ouverte, sentant l'air chaud de la nuit qui glisse à l'intérieur, je tente d'atténuer mon anxiété. Ça fait trop longtemps que je n'ai pas senti le poids de mes armes dans mon veston de costume.

Trop longtemps que la mort n'a pas accompagné mes nuits.

Ce serait mentir de dire qu'elles ne m'ont pas manqué. Autrefois je pensais qu'elles ne faisaient qu'accroître ma culpabilité, confirmer le monstre que j'étais. Pourtant aujourd'hui, je sens qu'elles me protégeront et qu'elles seront un atout de taille en cas de problème.

Avant je portais des armes pour mon père.

Aujourd'hui je les portes pour sauver mon ombre.

Des pas résonnent dans le hall, et puis, elle apparaît, vêtue d'une robe noire élégante qui caresse ses courbes avec une grâce infinie. Mon souffle se coupe net. Ses cheveux châtains encadrent son visage d'une manière si douce, qui contraste parfaitement avec ses yeux bleus pétillants d'une peur inavouée. Un rouge à lèvres rouge vif accentue la courbure de ses lèvres.

Elle est tout dangereusement belle.

Un ange déchu descendu du ciel pour me rappeler ma condition mortelle.

Un ange venu trouver la faucheuse.

Elle s'approche avec un sourire timide qui a le pouvoir de fissurer mes défenses. Son regard croise le mien, et je sens mon cœur battre la chamade. Chaque fois que je la vois, c'est comme si le temps s'arrêtait, comme si elle risquait de disparaître à tout moment. Chaque fibre de mon être hurle de la prendre dans mes bras, de sentir sa chaleur contre la mienne. Si mes obligations n'étaient pas aussi prenantes, je ferais tout pour qu'elle reste ici. J'embrasserai chaque centimètre de sa peau nue, pour en retenir le goût à jamais. J'aspirerai chacun de ses soupirs juste pour les posséder.

Mais pour l'instant, je me contente de garder le silence. Elle se place devant moi et me lance :

- Tu n'es pas mal non plus Ase...

Si elle savait à quel point je ne suis pas à l'aise dans ce costume. Mon pantalon, pourtant ajusté, vient de se rétrécir diamétralement. Je dois éteindre ce désir dans l'immédiat. Elle ne s'est pas habillée pour toi imbécile.

Surtout, nous avons une mission à assurer.

- Allons-y. Nous ne devons pas être en retard, je conseille en lui tournant le dos pour éviter qu'elle ne remarque le trouble qui teinte la noirceur de mes iris.

En sortant de la villa, l'air chaud de l'été m'étouffe. Mon coeur est prêt à lâcher prise à tout moment. La présence de Lay dans mon dos est trop oppressante. Trop troublante. Je déverrouille la Porsche de mon frère. En entrant dans l'habitacle, l'odeur familière du cuir me détend. La portière du côté passager s'ouvre laissant place à Layla qui s'assoit. La fente de sa robe remonte le long de sa cuisse gauche. Mon regard glisse sur sa peau nue que je rêve de toucher.

Arrête Ase concentre-toi.

Je détourne mon attention pour démarrer le véhicule qui émet un vrombissement grave. La tension qui brûle entre nous est palpable, rendue plus intense par le fait que nous sommes seuls. J'appuie sur la pédale d'accélérateur, nous entraînant à travers les routes sinueuses de Monaco dans l'obscurité.

Mes mains serrent le volant de la Porsche avec une fermeté excessive, un effort pour me distraire de sa présence à côté de moi. Alors je pense au poids de mes armes. Mes démons reviennent me hanter. Je revois le sang qui coule sur mes mains, ces libertés que j'ai enlevées sans aucun remord. Nous ne partons pas pour un rendez-vous galant. Non, nous remplissons le rôle d'une scène macabre. Je ne dois jamais oublier ma nature, qui je suis vraiment : un tueur à gages au service de l'ombre.

SHADE OFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant