Après toi

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Ase

Jour de l'assasinat de la famille Salvator.

J'attends que les réverbères de la rue s'éteignent, pour que mon ombre se fonde dans la nuit. Le croissant de Lune me nargue haut dans le ciel. Il est libre comme l'air. Sa forme trace un sourire moqueur dans la nuit. De toute sa hauteur, il rit de moi, il me juge en qualité d'un témoin de mes actes.

Je calme ma respiration. C'est ma première mission en extérieur. Mon premier meurtre en dehors de ce sous-sol et de cette maison d'enfer. Cette fois-ci personne ne m'apporte ma cible sur un plateau d'argent. Je pars à la chasse.

Je suis prêt à liquider ma proie.

Toutes ces années d'entraînement pour supprimer nos fournisseurs vont pouvoir aboutir. Aucun échec ne sera toléré. Je suis chargé de cette mission pour une unique raison : on teste ma confiance. Abraham veut savoir si j'ai les épaules pour devenir son chien. Il souhaite savoir s'il est capable de me garder en laisse. Mais tout ce qui m'importe c'est de lui échapper. Si tout se passe comme prévu, je vais pouvoir gagner un semblant de liberté. Ma vie au sous-sol sera finie.

Je vais tout faire pour quitter cette maison de l'enfer.

Rester le plus loin possible de lui.

J'ai appris par cœur les habitudes de cette famille de trafiquant d'armes. Le chef Salvator va éteindre la lumière de sa chambre. Il ira se coucher en tournant le dos à sa femme, car il a arrêté de l'aimer depuis que leur fille est venue au monde. Il préfère s'envoyer en l'air quand elle n'est pas là. Je soupçonne le fait qu'elle soit au courant. Étrangement, ça n'a pas l'air de la déranger.

Un mystère plane autour d'eux.

Leur fille à toujours vécu cachée. À force de faire des rapports sur eux, les hommes de main de mon père ont découvert son existence. Je ne sais pas quel est son âge exact, ni pourquoi son père la cache. On m'a seulement laissé voir une photo d'elle.

Depuis, ses iris bleus hantent mes nuits. Je soupçonne Abraham d'avoir ensorcelé cette foutue image pour que je n'oublie jamais ma cible. Son sourire qui retrousse son petit nez m'a donné super mal au ventre, comme un coup de poignard dans l'abdomen. Je déteste cette sensation.

Enfin peu importe ils finiront tous engloutis sous la terre.

Je remonte mon bandana sur le bas de mon visage. Le tissus noir est rêche sur ma peau. Il est l'heure que je laisse mes émotions sur ce trottoir, que j'enfile le masque de la faucheuse. Je rabats ma capuche sur ma tête. Je m'élance à travers la rue, me fondant dans les ombres de la pénombre. Devant la maison, je reprends mon souffle.

Tout est calme, les alarmes ont été désactivées pour faciliter mon infiltration. Je m'approchai de la porte avec précaution, jetant un dernier coup d'œil autour de moi pour m'assurer que personne ne m'observe. Du bout de mes doigts gantés, je sors de ma poche les deux outils qui me permettent de crocheter la serrure. Je suis soulagé quand je remarque que c'est une goupille classique.

D'une main assurée, j'insère le crochet dans le haut de la serrure, tâtonnant doucement pour localiser les goupilles. Le métal froid contre mes doigts m'est familier, presque réconfortant. Je commence par les goupilles du fond, les soulevant une à une. La première offre un léger clic, signe qu'elle atteint la ligne de césure.

Je continue à avancer vers l'avant de la serrure. Chaque goupille soulevée avec précision, chaque clic sonne l'heure de la fin. La troisième goupille est un peu plus récalcitrante, mais après quelques ajustements minutieux, elle cède finalement.

SHADE OFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant