SHADE OFF

Une mort pour une mort

Lay

Ase est rentrée en fin de journée. Dès qu'il a mis un pied dans la villa, je me suis réfugiée dans ma chambre. Je n'ose pas affronter son regard, pas en sachant ce que je vais faire demain. Gaël est parti sans un mot, mais son regard ne voulait pas en dire moins. Il me surveille car il ne me fait pas confiance. 

Et il a raison. 

Car ma revanche est pour bientôt. 

Lorsque toute la tension est descendue, le silence s'est rabattu sur les murs de la maison. J'étais de nouveau seule avec Ase. Cette pensée me rend nerveuse, mais il va falloir que je l'affronte. Sinon je ne pourrais entrer dans l'organisation demain matin. 

Courage tout ça est bientôt derrière toi. 

Alors pourquoi je me sens si mal ? 

Peu sûr de moi, je descends en espérant qu'Ase se trouve dans le salon. Mes suppositions étaient bonnes. Je le trouve assis sur son canapé, un verre de Gin à la main. Ses cheveux noirs en batailles cachent ses yeux. Habillé d'un simple tee-shirt blanc et d'un pantalon cargo, il pourrait faire craquer n'importe quelles filles.

Cette pensée me crispe. 

Il est diaboliquement beau. Le genre de beauté qui vous pousse à commettre les pires vices. Son air mystérieux constant rendrait n'importe qui accro. Je parcours ses tatouages des yeux. Depuis trois le nombre de plumes a doublé. Ma tension monte quand je sais à quoi cette ancre est liée. Je m'approche un peu plus de lui. 

Tel un aimant, il sent ma présence et m'observe venir à lui. Son regard dur s'adoucit dès qu'il aperçoit que c'est moi. Pour la première fois, je découvre que ses yeux ne sont pas d'un noir uni. Un marron clair borde ses iris. Mon cœur s'emballe en le détaillant ouvertement. 

Putain pourquoi il me fait toujours cet effet ? 

Mes émotions sont en ébullition. Avec mon courage qui s'effrite je m'assieds avec nonchalance à côté de lui. Bien sûr je garde une distance entre nous. Il scrute le moindre de mes mouvements. Mon malaise s'accentue. Je suis en train de perdre contenance juste à être seule avec lui. Nos yeux s'accrochent à nouveau. Une chaleur envahit tout mon corps. 

- Lay...

- Ase... 

On s'appelle en même temps ce qui amplifie la tension dans la pièce. 

- Vas-y, dit Ase dans une déception non feinte. 

- Non commence, je l'intime à se confier. 

Ma curiosité est piquée à vif. Il a l'air impatient de me dire cette chose qui le tracasse. Il triture ses mains comme un enfant. Dans d'autres circonstances j'aurais trouvé ça adorable.

- Tu n'es pas une mission, il murmure. 

Ne me dites qu'il remet sur le tapis. C'est trop tard pour les explications. 

- C'était il y a deux jours qu'il fallait t'expliquer, je m'agace. 

Ses yeux se tournent vers moi avec vivacité.

- Sauf que tu ne m'as laissé le temps de finir ce que je voulais dire. 

Mes lèvres se pincent entre elles. Cette conversation recommence à être désagréable. Ce n'est pas bon pour mon plan. D'un geste de la tête, je l'invite à poursuivre. 

- Ecoute Lay, tu n'as jamais été une mission, sinon je l'aurais accompli depuis longtemps. 

Il prend une gorgée d'alcool pour se redonner contenance et poursuit :