Ase
Je me tourne vers Rob avec la satisfaction d'avoir gagné. De pouvoir partir en paix de cet endroit de malheurs. Son visage est livide. Il porte son téléphone à son oreille et ses mains tremblent. Il doit sûrement prévenir les autres que la mission a réussi. Je me retourne pour remercier l'inconnu aux cheveux bruns d'avoir fait diversion.
Son visage est horrifié. Il lâche son arme et s'accroupit au sol.
- Oh mon Dieu, je suis désolé, tellement désolé...
À cet instant mes yeux plongent sur le sol. Layla est allongée, elle se tord de douleur.
Non. Non. Non.
Une tâche rouge s'étend de son abdomen, grandissant. Une peur viscérale, glaciale, me transperce. Mon cœur se serre, chaque battement résonne comme un coup de marteau. J'ai envie de hurler, de casser tout ce qui m'entoure. Je m'abaisse à son niveau, mes mains tremblantes tentent de contenir l'hémorragie. Les larmes montent, brûlantes et amères, rendant ma vision floue. Une terreur sourde envahit chaque fibre de mon être. Un faible sourire étire ses lèvres. Sa respiration tressaute.
- Tu es venue, murmure-t-elle essoufflée en passant sa main sur ma joue.
Je plonge mon regard dans la profondeur de ses yeux. La colère gronde dans ma poitrine, se mêlant à une douleur insupportable.
- Je t'ai promis de toujours te suivre comme ton ombre, ma voix se casse à la fin de ma phrase.
Elle tousse, cherchant à récupérer sa respiration. Je défais mon gilet pare-balles, mes mains maladroites, guidées par le désespoir. J'entends Rob qui appelle quelqu'un. Je passe mon tee-shirt par-dessus ma tête et j'entoure son petit corps pour tenter de contenir le sang. Tout ce sang. Le sien. Le seul qui ne devrait jamais couler.
- Ça va aller, je tente de la rassurer autant que moi. Je vais t'emmener à l'hôpital.
- C'est sympa de voir ton torse une dernière fois avant la mort, s'amuse-t-elle avec une grimace de souffrance.
Ses mots, malgré leur légèreté, me déchirent l'âme. Je vois son teint perdre de la couleur, sa vie s'échapper lentement sous mes yeux impuissants. Gaël entre dans la pièce au moment où je finis de nouer le garrot autour de Layla. Elle se crispe de douleur.
- Putain, merde, jure-t-il.
Les larmes montent dans mes yeux. Je m'emporte :
- Tu ne mourras pas ! Je t'interdis de dire une chose pareille !
Je commence à prendre son corps dans mes bras. Son souffle se coupe. Je vois son teint de plus en plus livide. Le temps est compté. Dans son dos, je ne sens pas de liquide s'étendre. La balle ne l'a pas traversé.
Il y a une chance.
Je ferais tout pour la saisir. Je ne peux pas la perdre, pas elle, pas maintenant. Mon cœur se brise à chaque gémissement de douleur qu'elle pousse, à chaque tressaillement de son corps frêle contre le mien.
Il faut que le destin soit avec moi. Layla blottit sa tête contre mon torse alors que je me dépêche de sortir de cet enfer. Mes larmes coulent silencieusement, se mêlant au sang qui nous souille tous les deux. Mon âme est en lambeaux, chaque pas me rapproche de l'inéluctable, chaque seconde est une lutte contre le désespoir.
Je monte les escaliers. Je traverse le hall. Les paupières de Layla se ferment doucement. Ses muscles se relâchent de plus en plus. Je sens les ténèbres l'emporter, alors j'accélère le pas. Je lui murmure :
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SHADE OFF
RomanceEt si vous vous retrouviez à côtoyer l'homme investigateur de vos malheurs ? Il a tué toute sa famille. Mais pas elle. Depuis ce jour il la surveille. Jusqu'à ce que leur chemin se croise à nouveau. Et qu'il soit obligé de finir ce qu'il a comme...