Les fantômes

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Lay 

Je me tiens debout, mais mes jambes tremblent de faiblesse. La femme à l'accueil m'appelle un taxi pour que je puisse rentrer chez moi. Enfin, si j'ai encore un endroit où vivre. De toute évidence, j'ai des choses à clarifier avec Monsieur Asaël Doom. S'il pense qu'il peut me snober de cette façon, il va devoir assumer ses actes et me le dire en face.

Encore plus après ce que Liam m'a confié à voix basse avant de partir hier. Je ne sais pas si je dois être heureuse ou en colère. Il est venu me voir. Il venait chaque soir, chaque nuit. Il était là, veillant à mon chevet.

- Mademoiselle, le taxi vous attend devant le bâtiment. Prenez soin de vous et reposez-vous.

Je la remercie en partant. Me reposer ? J'ai eu ma dose avec trois semaines de sommeil. Je veux des explications. 

Le soleil de septembre m'accueille à l'extérieur. L'air de l'automne naissant me réchauffe le cœur. Il y a un an, je te craignais. Je pensais que tu étais le pire monstre qui puisse exister sur cette terre. Je n'aurais jamais cru que derrière cette peur se cachait la seule personne capable de me comprendre.

Je monte dans le taxi, qui démarre sans un mot. Chaque souvenir est gravé dans ma mémoire. De la fois où j'ai ruiné ton arme dans une piscine à celle où tu m'as prise dans tes bras pour connaître cette sensation. Tu m'as fait entrer dans ton monde dès que tes yeux se sont posés sur moi. Le petit garçon que tu étais rêvait d'être libre d'aimer, libre de ressentir, libre de toucher au bonheur.

Je refuse que tu renonces à tout cela. Je refuse que tu penses ne pas le mériter. Si, pour te rendre heureux, je dois m'éclipser, disparaître à nouveau, alors je le ferai. Qui aurait imaginé qu'un cauchemar deviendrait un rêve ? Je souris à mesure que nous quittons la ville. Le véhicule emprunte le chemin des collines nous élevant au-dessus de Boston. Les bois qui nous entourent me rendent nostalgique de nos moments. Mon cœur gonfle quand à l'horizon se dessine un petit bout de toiture. Nous approchons.

Je rentre chez nous.

Je prends une grande inspiration lorsque le moteur cesse de gronder. En saluant le chauffeur, je descends d'un pas décidé. Il est temps de nous confronter. Bientôt un mois que nous nous sommes éloignés. Un mois où ta culpabilité t'accable.

Je prends le double des clés que Madd m'a laissé hier. Elle a insisté pour m'accompagner, mais je préférais régler cela toute seule. Je relève le menton et jette un coup d'œil à ma tenue : une petite robe noire m'arrivant aux genoux. Maddie voulait que je porte de la couleur. Encore une fois, j'ai dû décliner. Je préfère les couleurs qui me fondent dans l'ombre. Dans son ombre.

J'insère la clé dans la serrure. Le cliquetis qui résonne accélère les battements de mon cœur. Je pénètre à l'intérieur. Il fait sombre. Aucun volet n'a été ouvert. Tout est calme. Très calme. Je mords l'intérieur de ma joue. Peut-être qu'il n'est pas là. Je vérifie l'heure sur mon téléphone. Midi et demi.

Je hausse les épaules avec désinvolture. Au pire des cas, j'attendrai son retour. Je n'avais pas prévu qu'il travaillerait un samedi. Alors je pose mon sac avec le peu d'affaires qu'il me reste sur le sol. La peluche monstre de Gaël couine en touchant le carrelage. Je le soupçonne de m'avoir offert un jouet pour chien. J'entreprends d'ouvrir les volets un à un, faisant entrer la lumière dans toute la pièce. En observant les alentours, je réalise à quel point cet endroit est devenu mon foyer.

À travers la baie vitrée, la piscine reflète les rayons du soleil. Je porte ma main à mon cou pour toucher le pendentif qu'Ase m'a offert le jour de mon anniversaire. Un bruit de petites pattes résonne dans la pièce. J'ai à peine le temps de me retourner que Sirius me saute dessus.

SHADE OFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant