Un amour arc-en-ciel || KiriBaku

Chapitre 16 - On peut attendre un peu avant de le dire au monde ?

" Les mots que l'on n'a pas dits sont les fleurs du silence. „
~ Proverbe japonais

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Katsuki se laisse tomber en avant en serrant les poings, sa manette devant lui, et il lâche un soupir avant de tourner la tête pour me regarder pendant que le personnage que j'avais choisi danse à l'écran en tenant la coupe du tournoi pour la troisième fois depuis que nous jouons.

- Comment ?

- Comment quoi ? fais-je en souriant.

- Comment tu fais pour me battre à chaque fois ?! s'exclame le blond en se redressant d'un coup.

- Oh... Facile ! Suffit de se servir de sa tête quant à l'utilisation des items !

Il grogne en se levant pour éteindre sa console tandis que je me lève pour aller m'asseoir sur le lit, téléphone à la main pour bavarder un peu avec Mina, mais hélas, cette dernière me répond qu'elle est occupée avec ses devoirs que ses parents lui ont demandé de faire si elle ne voulait pas être privée de sortie.

Soudain, un être humain aussi lourd que moi vient s'allonger sur moi en m'entourant avec ses bras, cachant son mignon visage d'enragé contre mon torse. Je pose mon téléphone à côté de moi et pose mes mains sur lui : une dans son dos et l'autre dans ses cheveux. Lentement, presque instinctivement, je me mets à jouer avec ses cheveux blonds hérissés comme les piquants d'un hérisson - ce qui explique son surnom d'hérisson albinos - et souris niaisement, appréciant le moment même si je me sens un peu coupable d'être heureux alors que ma grand-mère a été enterrée ce matin, sous la pluie et dans les pleurs de ses proches.

Je parviens quand même à trouver un aspect positif à tout ce bordel : j'ai pu revoir mes cousins, ma tante (la sœur de ma mère) et mon oncle. Hikaru, mon cousin, et Kuro, ma cousine, étaient souriants malgré les larmes qui coulaient le long de leurs joues, ils ne voyaient pas beaucoup Mamie, seulement aux fêtes (Noël, anniversaires, fin d'année, Pâques, etc.). Mon oncle, Kôsei, et ma tante, Tori, je n'ai pas eu l'occasion de les voir par contre, ils étaient constamment avec mes parents et j'ai préféré les laisser entre eux.

- Eiji ?

- Mh, quoi ?

Il relève la tête et tend une main pour essuyer les larmes qui sont à nouveau sur le point de couler - je ne sais pas combien de fois je vais encore pleurer -, puis il se redresse légèrement pour mieux me regarder dans les yeux.

- On peut attendre un peu avant de le dire au monde ? me demande-t-il doucement, un air inquiet sur le visage.

- C'est-à-dire ? le questionnai-je avec douceur, comprenant que le sujet est important pour lui.

- C'est-à-dire attendre pour le dire à notre groupe de potes, puis à nos familles, puis nous afficher sur les réseaux. Je veux pas qu'on nous embête avec ça...

Shit.

- Alors... euh, comment dire... commençai-je avec incertitude. Okami est déjà au courant, je ne sais comment.

Il me regarde, mi-surpris, mi-furieux, et me demande à vérifier mes dires. J'attrape mon portable, le déverrouille et ouvre la conversation que j'ai avec ma lesbienne adorée pour lui montrer. Ses muscles se détendent aussitôt et il me prend mon téléphone pour envoyer un message à la noiraude/bleutée afin qu'elle ferme sa gueule.

Okami :
D'acc !

- J'ai tout à coup très peur qu'elle le dise maintenant, avoue-t-il en me rendant mon bien.

- T'en fais pas, dis-je en essayant de le rassurer, je la connais, elle gardera le secret. Et puis, sinon, on l'attrape au lycée pour lui faire promettre dans un coin si ça peut te rassurer pleinement.

Il hoche la tête et se rallonge sur moi en grognant légèrement, probablement parce qu'il se sent bien. Je lui fais un bisou dans les cheveux et l'aperçois faire un mignon petit sourire de bien-être suite à mon geste. Doucement, je caresse ses cheveux et ferme les yeux pour profiter du calme qui règne dans la bâtisse tandis que la pluie cogne contre la fenêtre, le bruit est étouffé par les rideaux fermés un peu plus tôt.

- Comment t'as connu Okami ? me demande Katsuki avant de lâcher un soupir de bien-être en s'installant confortablement contre moi, glissant un peu sur le côté.

- Hm... Pourquoi tu veux savoir ça ? dis-je en resserrant un peu ma prise sur lui pour éviter qu'il ne tombe.

- Je sais pas trop... Peut-être parce que c'est la seule amie que t'as que je connais pas depuis le début...

- Je vois... En fait, c'est une rencontre un peu bizarre : elle est la fille d'amis à mes parents, donc on se retrouvait souvent ensembles quand on était petits. Un jour, on a été invités à faire un barbecue chez eux, du coup on est allés. Okami restait cachée près de sa mère sans que je sache vraiment pourquoi, sûrement parce que cette dernière venait d'accoucher du petit frère - mort d'un cancer sept ans plus tard - d'Oka qui voulait sans doute protéger son frangin. Bref, à un moment, Oka s'est retrouvée seule avec moi car on avait voulus aller dans la piscine et... elle a tenté de me noyer.

Il se relève d'un coup et me regarde surpris.

- Hein ?!

- Ouais, elle a tenté de me noyer. Bon, elle a pas su et c'est elle qui a failli se noyer alors j'ai dû la sauver, et on en a bien ri après. Deux ans plus tard, je lui ai demandé pourquoi elle avait essayé de me noyer, et en fait c'était parce qu'il y avait une guêpe et elle voulait me protéger.

- Il lui manque une case, non ? fait-il en riant doucement en se rallongeant.

- Plusieurs même ! ajoutai-je en riant aussi avant d'ouvrir les yeux pour embrasser Katsuki avant qu'il ne soit totalement allongé.

Il rougit légèrement et me rend mon baiser en se redressant légèrement pour que ce soit confortable. Ses mains se dirigent vers ma nuque et je le laisse faire, frissonnant légèrement à chaque fois que ses doigts effleurent ma peau.

- Je t'aime, Baby Shark...