Chapitre 26 - Pourquoi l'indifférence fait-elle aussi mal ?

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Ce chapitre sera du point de vue de Katsuki

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" Qu'importe le temps,
Qu'importe le vent,
Mieux vaut ton absence,
Que ton indifférence. „
~ Serge Gainsbourg

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La réunion avec Aizawa vient enfin de se terminer. Tout ce que j'ai retenu, c'est que ma sœur est très douée pour mener son monde à la baguette. La tête des profs et du directeur quand elle a expliqué calmement que soit les harceleurs sont emmenés devant un juge, soit elle colle un procès envers Yuei qui ne fait rien pour punir les harceleurs !

- A quoi tu penses encore ? fait Uta en me collant une petite claque sur la nuque.

- Au fait que j'envisage peut-être de te vénérer ? réponds-je en souriant tout en sortant de la salle des professeurs.

- T'es con !

Elle m'attrape et m'ébouriffe les cheveux, un petit sourire aux lèvres, mais s'arrête lorsque son téléphone sonne. Tout en décrochant, elle accélère ses pas, courant presque pour sortir hors de l'école pendant que je marche, mains dans les poches, en raccompagnant mes parents à la sortie de Yuei. J'ai réussi à entendre le prénom du frère de Canada-man, donc ça veut dire que ma sœur va avoir du mal à marcher demain. Touya et elle sont drôles à se courir après pour coucher, il serait temps qu'ils admettent qu'en fait ils sortent ensemble...

- A ce soir, mon chéri, lâche ma mère en caressant mes cheveux pour me ramener au présent.

- Ouais, ouais, à ce soir...

Je les regarde quitter l'enceinte de l'établissement en serrant mes poings dans les poches de ma veste, mais le bruit du papier qui se froisse m'arrête.

- Ah oui, putain ! Le papier que m'a donné Hitoshi !

Fouillant mes poches, je finis par retrouver le fameux bout de papier et m'empresse de le déplier pour lire ce qui est écrit.

" Katsuki,
Je te pardonne, mais je suis pas sûr qu'on puisse rester de simples amis. Tu m'as fait trop mal en plus de tout le reste, et j'ai même pas eu droit à des explications.
Donc maintenant, même si je t'ai pardonné, tu seras juste un gars parmi tant d'autres à mes yeux.
Même si ça me tue. Même si ça me bouffe.
C'est ainsi.
~ Eijiro

L'encre se met à couler. Il me faut un moment pour comprendre que je pleure en lisant et relisant ce message sur ce papier froissé.

Putain.

Putain.

Putain de bordel de merde !!

Je me recroqueville en serrant le papier dans ma main droite, ma tête est cachée dans mes genoux pour cacher mes larmes qui doivent sûrement rougir mes yeux aussi bien que le ferait un joint. Le vent souffle à peine et pourtant j'ai froid. J'ai des sueurs froides rien qu'à l'idée de me dire que je ne suis rien d'autre qu'un mauvais souvenir aux yeux d'Eijiro.

- Pourquoi fallait-il que je merde comme ça ? Pourquoi je sais pas communiquer comme un être humain normalement constitué ??! Je suis rien qu'un pauvre crétin impulsif dont le seul talent est de fuir comme un putain de lâche !!

- Mec, ça va ? me demande quelqu'un.

Et bah, merde, c'est elle qui va prendre ses poings dans la gueule au lieu de mon punchingball.

Lentement, les jointures de mes mains aussi blanches qu'un fantôme, je lève la tête, les yeux extrêmement rouges et croise le regard jaune d'Himiko. Elle me sourit comme elle le fait toujours et tend la main vers moi dans le plus grand des calmes.

- Viens, on va se bastonner ! ajoute-t-elle ensuite avec un peu trop de joie dans sa voix, ce qui rend un peu sa voix suraigüe.

J'attrape sa main et la serre fort dans la mienne en la fusillant du regard.

- J'espère que t'as rédigé ton testament, réponds-je en souriant sadiquement.

On se dirige vers un coin du lycée où il n'y a jamais personne car trop sombre, même pour ceux qui se prennent pour des délinquants à fumer de l'herbe ou à harceler les chétifs, les petites crevettes comme on dit.

L'autre blonde enlève son pull en laine et le noue autour de sa taille avant de se mettre en position pour combattre : un pied en arrière, un pied devant, comme ses poings. J'enlève à mon tour mon pull et le pose sur le banc jamais utilisé par les lycéens de Yuei.

On se fixe du regard, attendant un mouvement - même le plus infime - de l'autre pour attaquer. Puis, finalement, elle se précipite, poing en avant. Je bloque et lui envoie mon poing vers son ventre. Elle encaisse et profite d'une ouverture pour me donner un coup de pied dans les côtes.

Je grogne et la regarde avant de l'attraper par le col pour la plaquer contre le sol. Et je la frappe violemment, sans m'arrêter. Himiko proteste à peine, souriant comme une tarée, encaissant mes coups comme elle peut.

- Ça y est ? T'es satisfait ? dit-elle en toussant et en crachant un peu de sang. T'as pu vider ta colère ?

- Ta gueule ! fais-je en lui assénant encore des coups.

Elle sourit et me regarde en souriant. Je lui donne encore un coup avant de me relever et d'attraper mon pull pour partir, observant les jointures de mes mains.

- Reviens plus m'emmerder, Himiko.

Sans attendre sa réponse, je m'en vais, m'éloignant d'elle et de son sourire de psychopathe, serrant les poings avec amertume. J'enfile mon pull en grognant et mets mes mains dans mes poches, traversant les couloirs de Yuei, bousculant certains élèves lorsqu'ils ne s'écartent pas assez vite.

Je sais pas trop ce que je fous. Je cherche sans doute Mina. Je crois que j'ai besoin d'elle, même si elle me fait la gueule. Ouais, c'est sans doute ça. Je décide d'aller voir dans le réfectoire, elle n'y est pas.

Je fais alors le tour des salles où elle pourrait être. Finalement, je la découvre avec Toru en salle théâtre en train de s'embrasser et de se peloter. Discrètement, je retourne dans le couloir, m'adosse à la porte et me laisse glisser jusqu'au sol. Je me recroqueville, cache ma tête dans mes bras et pleure comme un gamin.

Putain, j'ai mal...

La porte s'ouvre après une dizaine de minutes - ou moins, ou plus -, je ne bouge pas.

- Katsuki ?

- Mina, j'ai besoin de toi...

Un amour arc-en-ciel || KiriBakuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant