Chapitre 25 - Comme une envie de dormir

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Ce chapitre sera du point de vue de Katsuki

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" Les anges aux ailes brûlées renaissent avec des ailes en acier. „
~ Anonyme

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Il m'évite. Il m'évite et c'est ma faute.

C'est normal après tout, je l'ai largué alors qu'il avait besoin de moi pour échapper un instant à ses idées noires. J'ai échoué à le protéger de lui-même. Résultat, il a tenté de se noyer. Et je suis détesté par ses deux meilleures amies qui veulent me faire la peau. Je le sens quand elles me fusillent du regard dans mon dos, ça me brûle la nuque.

- Katsuki ! s'écrie Aizawa en posant mon dernier contrôle sur mon bureau alors que je m'apprête à ranger mes affaires pour aller manger avec Shoto et Tsuyu.

Je pose mon regard sur ma feuille en serrant mon sac de cours contre moi, voyant à peine tout le rouge qui barre mes réponses et démontre la qualité de mes révisions.

- C'est quoi ça ?

- Mon contrôle sur les suites géométriques.

- Je m'en fous de la matière, Katsuki, lâche le prof, j'aimerais plutôt que tu m'expliques cette note. Tu fais mieux que ça d'habitude. Là, c'est pire que Denki !

- Désolé, m'sieur... fais-je en baissant la tête.

- C'est bien beau d'être désolé ! Mais ça règle pas le problème de tes notes en chute libre ! Qu'est-ce qui se passe ?

Je garde le silence, fixant seulement ma copie sans vraiment la voir. Shota Aizawa soupire et range mon contrôle avant de me frapper gentiment sur la tête.

- Tu viendras me voir en salle des profs, et t'as intérêt à parler une fois là-bas. J'ai convoqué tes parents et ta sœur. 

- Ma sœur ? Pourquoi ma sœur ?

- C'est elle qui a décroché quand j'ai appelé chez toi pour parler de tes notes qui se prennent pour le Titanic.

Puis il quitte la classe, me laissant un peu sonné par la nouvelle. Si ma sœur s'en mêle, je peux dire adieu à ma vie privée... Au fond, ça serait pas plus mal, je pourrais enfin raconter ce qui se passe encore parfois malgré mes tentatives pour changer leurs regards en parlant avec des filles.

Je passe mes mains dans mes cheveux et serre les poings, les larmes prêtes à couler face à tout ce calvaire, j'ai mal au cœur de vivre cette situation, surtout qu'Eijiro m'évite et me parle à peine.

Putain de merde...

Rassemblant et rangeant mes affaires, je sors ensuite de la classe et marche en direction de la salle des profs, bousculant les élèves sur mon chemin sans y accorder la moindre attention. Une main se pose sur mon épaule, je tourne la tête, prêt à frapper, mais ce n'est que Hitoshi. Il retire sa main et me regarde avec inquiétude.

- Occupe toi de tes affaires, Hitoshi, dis-je en me retournant, mon sac pendant à ma main.

- Je m'occupe de mes affaires, j'ai posé aucune question, répond-t-il avant de me tendre un papier. Je joue juste les messagers malgré moi.

- C'est quoi ça, encore ?

- Qu'est-ce que j'en sais ? Allez, salut !

Il prend son casque et le pose sur ses oreilles avant de partir en direction de la salle de musique ou de la salle théâtre, je ne sais pas trop vu que ces deux salles sont dans le même couloir. En grognant, je fourre le papier dans ma poche avant de me remettre en route.

Assise sur une chaise, devant la salle des professeurs, se trouve Uta, bras croisés et mine colérique. Je m'assieds à ses côtés et pose ma tête sur son épaule, elle me laisse faire, tandis que je serre mon sac contre moi.

- Je veux que ça cesse...

- Je sais. C'est pour ça que je suis là. Personne touche à mon crétin de frangin.

- Mh...

Elle passe sa main dans mes cheveux tandis que mes parents apparaissent au bout du couloir et se précipitent vers nous. Ma mère me prend dans ses bras, je m'accroche à elle, tandis que mon père caresse juste mes cheveux. Quant à ma sœur, elle se lève pour toquer à la porte de la salle des profs. C'est Mme Kayama qui ouvre la porte, prête à engueuler l'élève qui vient l'importuner pendant la pause, mais elle ne dit rien en constatant que c'est ma frangine qui se tient fièrement, bras croisés et regard flamboyant.

- On vient parler à Aizawa, lâche-t-elle en détachant chaque syllabe.

Mme Kayama réprime un frisson et s'écarte pour nous laisser entrer, nous marchons vers le bureau d'Aizawa et avec mes parents, je m'assieds sur des chaises tandis qu'Uta sort un papier de sa veste sans le donner. Mr Aizawa la regarde sans rien dire avant de se tourner vers mes parents pour discuter de mes notes en chute libre.

Discrètement, je lance un regard vers mon ainée et elle retrousse légèrement ses lèvres avant de se tourner vers mon prof. Je remarque que les autres professeurs présents nous regardent de temps en temps pour savoir ce qui se passe.

- Je ne comprends pas. Katsuki était un excellent élève et maintenant, ses notes dégringolent dans chaque matière, il n'a pas l'air de vouloir se ressaisir, continue-t-il avant de se faire couper par un ricanement venant d'Uta.

- Difficile de se concentrer quand on se fait harceler par ses camarades depuis quelques mois à cause de son orientation sexuelle.

Uta, je t'aime, mais c'était pas obligé le coup du coming out à ma place.

- Quel harcèlement ? fait Kayama en s'approchant. On n'a constaté aucun harcèlement envers Katsuki.

- Le harcèlement, c'est pas forcément coups et racket. C'est aussi insultes, rejet et moqueries.

Elle pose le papier sur le bureau en souriant de façon plus qu'inquiétante.

- J'ai toutes les preuves nécessaire pour trainer certains de vos élèves au tribunal. Ayant été moi-même harcelée dans cette école, je pensais que le directeur Nezu m'aurait écouté et pris les mesures nécessaires à ce moment-là, faut croire que je me suis trompée.

- Attendez ! Pas besoin d'en venir jusqu'au tribunal ! s'écrie Kayama pendant que Aizawa devient blanc à la lecture du document.

- Oh, que si. C'est soit j'emmène ces élèves face au juge, soit je colle un procès à cette putain d'école, lâche ma sœur. Et croyez-moi, ce serait préférable pour Yuei que je m'en tienne à la première solution.

Silence dans la salle. Tous les profs sont blancs pendant qu'Aizawa appelle le directeur pour régler ça à l'amiable. Je me réjouis intérieurement.

Un amour arc-en-ciel || KiriBakuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant