" La fin de l'espoir est le commencement de la mort. „
~ Charles de Gaulle——————————————————
J'ouvre péniblement les yeux au milieu d'engins qui remplissent la chambre de petits "bip" sonores. Je grimace à cause du rayon de soleil qui me tombe sur les yeux.
- Enfin réveillé ?
Je tourne la tête. Okami. Elle a les joues couvertes de traînées noirâtres - son mascara a coulé - et de paillettes. Ses mains aussi sont couvertes de ce mélange de noir et de paillettes.
- T'as fait le con, hier soir. Roi des cons. Comme Katsuki y a des mois.
Ma gorge est sèche, je n'arrive pas à répondre. Pas sûr que je l'aurai fait d'ailleurs...
Elle se lève pour aller fermer le rideau puis tourne sa tête vers le canapé de la chambre d'hôpital : Mina y est vautrée avec Katsuki - elle est d'ailleurs sur lui - et a le même visage que ma lesbienne aux cheveux noirs/bleutés. Ma Tachibana revient s'asseoir près de moi ensuite.
- C'est lui qui t'a sauvé, fait-elle en m'aidant à me redresser avant de me tendre un verre d'eau et un cachet pour mon mal de tête. Il t'a sorti hors de l'eau puis Mina a appelé les secours pendant que je te maintenais en vie.
Elle me frappe le front en pleurant, laissant ses larmes à découvert.
- Pourquoi t'as fait ça ?
- J'en sais rien, dis-je. Je l'ai fait, c'est tout.
Elle s'assied sur le bord du lit et m'attrape une main. Ses doigts jouent avec les miens, les plient, les étirent.
- J'ai chialé toute la nuit, m'informe-t-elle avec indifférence.
- Comment tu sais que c'était une tentative de suicide ?
- Tu m'as regardé avant de sauter dans l'eau comme un caillou. Tes yeux disaient : "Je t'aime" ; "Merci" ; "Adieu" ; "Au secours". Je te connais depuis qu'on est gosses, crois moi bien que je sais repérer tout ça !
- Hm... fais-je sans savoir quoi répondre d'autre.
Ses yeux se plongent dans les miens.
- Pourquoi tu m'as dit que tu voulais crever comme un chien ? Putain, je suis ta meilleure amie !
- Justement. Parce que tu es ma meilleure amie.
Sa bouche s'ouvre et se ferme, elle garde le silence. Elle comprend, hoche la tête et s'allonge près de moi, me racontant qu'elle avait vu la boite de somnifères dans mon armoire. Elle l'a confisquée et donnée à ma mère.
Je ne dis rien, je la laisse me raconter ce qu'elle a dû dire aux ambulanciers, au médecin, aux policiers.
- C'était quoi tes dernières pensées avant d'être inconscient ? finit-elle par me demander en levant les yeux vers moi.
- Je vous ai regardé, Katsuki, Mina et toi, puis j'ai pensé : « Je vous aime... Tous les trois... », lâchai-je avant de la regarder.
Okami pleure à nouveau, ses yeux sont si rouges qu'on dirait qu'elle s'est droguée pendant la nuit. J'ai du mal à croire que les larmes qui coulent le long de ses joues légèrement rondes soient pour moi et pour mes paroles. Elle me regarde avec amour, plus qu'elle ne l'a jamais fait. Un flash me traverse, me rappelant le regard qu'elle m'avait lancé lorsque je lui ai dit que je serai toujours là pour elle malgré la mort de son frère, sa maladie, son orientation sexuelle, etc.
Je lève une main et caresse sa joue avec le bout de mon pouce pour la consoler et essuyer ses larmes qui n'auraient jamais dû couler. Elle pose sa main sur la mienne et la serre doucement, je la laisse faire.
Nous tournons la tête de concert lorsqu'il y a du mouvement sur le canapé de la chambre : Mina se redresse lentement en se frottant les yeux comme une petite fille avant de bâiller, elle se lève pour nous rejoindre et fait un câlin à notre amie avant de m'en faire un. Pinky a aussi les joues couvertes de trainées noirâtres sous les yeux, les paillettes en moins puisqu'elles sont toutes sur ses mains, ses bras et ses épaules.
- Tu nous as fait flipper, dit-elle platement, comme si elle était vidée de tout sentiment autre que l'apathie.
- Elle est en état de choc, je crois, me murmure doucement Oka en se penchant à mon oreille avant de serrer la Ashido contre elle.
- Je suis désolé, Mina... fais-je avant de lui faire un bisou sur la tempe.
Ma rose m'attire pour que je me joigne au câlin, et après quelques secondes, un toussotement gêné nous fait nous écarter légèrement, nous croisons tous le regard rubis du blond cendré qui, visiblement, ne sait pas où se mettre vu ce qui s'est passé il y a quelques mois, quand il m'a largué comme on se séparerait d'un jouet qui ne nous amuse plus autant qu'avant.
Les filles le regardent avec incertitude avant de me regarder, l'air de dire que c'est à moi de choisir si je veux le laisser me parler ou si je veux qu'il quitte ma chambre.
- Tes parents viennent vers midi, m'informe Mina avant de sortir de la chambre avec Okami lorsque je fais signe au hérisson de s'asseoir au bord de mon lit d'hôpital.
La porte claque avec douceur derrière mes amies tandis que Katsuki regarde ailleurs, comme s'il ne savait pas où se mettre, lissant les plis des draps du plat de sa main droite.
- Je suis désolé, fait-il en premier, sans me regarder pour autant.
- C'est facile de s'excuser quand on détruit quelqu'un qui va mal, lâchai-je en regardant par la fenêtre, observant la brume du matin s'évaporer lentement sous les pâles rayons du soleil.
- Je sais, mais je tiens quand même à le dire.
- Elle est passée où ta fierté ?
- Baby Shark...
- M'appelle pas comme ça ! T'as pas le droit ! Pas après ce que t'as fait...
Il ouvre la bouche, la referme, hoche la tête et finit par se taire en regardant l'horloge qui remplit le silence de ses tics et de ses tacs en plus des machines qui bipent en permanence pour suivre mes battements de cœur et autres signes vitaux.
- Est-ce que tu me pardonneras un jour ? murmure-t-il en baissant la tête pour regarder le sol.
- Je ne crois pas.
- C'est bien ce qui me semblait. Est-ce que tu me détestes ?
Je ne réponds pas. Il quitte la chambre. Mes parents prennent sa place quelques heures plus tard et j'essaye de rassurer ma mère comme je peux en me disant que je n'arriverai jamais à le détester. Parce que c'est lui et pas un autre. Putain de bordel de merde.
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Un amour arc-en-ciel || KiriBaku
Fanfiction« L'amour, c'est horrible, beau, mystérieux... et audacieux. » _____________________________ Eijiro est gay, personne ne le sait. Ni ses amis, ni sa famille... et encore moins celui qui fait battre son coeur à la vitesse d'un TGV. Katsuki n'a pas co...