[Bonus] Okami - Des enfers au paradis

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Cher journal,

Si je dois raconter ma vie, ça va être long, tu le sais, non ? 'Fin, bref, je comprends pas pourquoi je te demande ton avis alors que t'es juste un bloc de feuilles reliées entre elles sur lesquelles je vais écrire ma vie.

Quand mon frère était encore un bébé, j'ai fait la connaissance d'Eijiro, et il est devenu mon meilleur ami après que j'ai essayé de le noyer pour le sauver d'un insecte - longue histoire. Eijiro venait souvent jouer à la maison, et mon frère l'adorait. Tout le monde à l'école croyait que j'étais amoureuse de lui, mais ce n'était pas le cas.

Je regardais Aika. Mais on parlera d'elle plus tard.

Alors...

Eh bien, mon frère est mort quelques années plus tard. D'un cancer du cerveau. Ça a été rapide, foudroyant. On n'avait rien pu faire pour le sauver. Enfin... on aurait pu si je n'avais pas attendu avant de prévenir maman que mon frère dormait encore le jour de mon anniversaire. Ahah. J'ai tué mon frère sans le savoir. Je l'ai tué. Par jalousie. Parce que je voulais mes parents pour moi seule. Résultat ? Papa m'a giflé et maman m'a regardé avec un regard accusateur, me laissant seule, sans personne à qui me raccrocher pendant qu'on me reprochait la mort de mon petit frère.

Seul Eijiro est resté près de moi, enfin, jusqu'à ce qu'Aika entre dans ma vie. Hm....

Je l'ai aimée. Du fond de mon petit cœur abimé. Mais elle a décidé de me briser encore et encore. Elle me frappait lorsqu'elle se droguait, puis s'excusait lorsqu'elle reprenait conscience du monde réel, me disait qu'elle m'aimait. Et recommençait. Encore et encore. C'était un cycle si destructeur auquel je me raccrochais pour me sentir exister.

Puis elle m'a quitté. Sans explications. Se fichant bien de ce que je ressentais avant de sortir avec Chihiro. Chihiro qui a eu droit à un meilleur traitement que moi, me faisant culpabiliser davantage car je me disais que c'était moi le problème.

C'est là que j'ai demandé à faire un échange scolaire ou pour partir étudier à l'étranger. Personne était contre : j'avais de bonnes notes, j'étais débrouillarde et je parlais bien anglais pour me repérer seule. Ouais.

Après ça, je suis revenue au pays. Papa et maman avaient divorcé, j'ai changé de Seito - ou Saito, je suis jamais sûre de l'orthographe de ce nom de famille à la con - pour Tachibana. J'ai retrouvé Eijiro, me suis fait de nouveaux amis.

Et j'ai rencontré Momo.

Ah, Momo... Si tu savais tout ce que j'ai envie de dire sur toi alors que tu dors avec ta main sur ton ventre rond de ce bébé que nous avons accueilli et choisi. Peut-être liras-tu ces lignes, ma belle, ma jolie, ma magnifique femme ? Attention à ton âme sensible alors.

Commençons par notre premier baiser, tu veux ?

Ce jour-là, j'ai crû me liquéfier sur place tandis que mes joues étaient rouges comme ton haut un peu trop moulant à mes yeux car il me donnait des idées un peu salaces malgré moi. Hihi. Ah, tes lèvres... Je veux y goûter jusqu'à ma mort ! Si douces, si chaudes, si fruitées...

Je divague et je m'en fous.

Bon... Je t'ai parlé d'Aika quand on a regardé un film ensemble. Ce jour-là, tes yeux se sont arrondis et tu as respiré vite en apprenant que Aika, lors d'une de nos soirées films, m'avait obligée à faire l'amour de force. J'ai pleuré en te racontant ce moment, tu m'as à peine touchée pour éviter les mauvais souvenirs. C'est moi qui ai choisi de sentir ta main dans la mienne, puis de mettre tes bras autour de moi. Ton contact me plait. Pas le sien. Toi tu m'aimes, elle voulait me posséder.

Hm...

Puis on l'a fait. Ton corps est si beau. Surtout quand tu es gênée de me faire du bien avant que je ne t'en fasse. Je me souviens de tout : la couleur des draps, l'heure où on l'a fait, ton parfum, tes baisers. Tes soupirs. Tes gémissements. Tu as été magnifique lorsque nous avons fait l'amour avec amour.

Et maintenant ?

Maintenant, nous sommes mariées. Et nous attendons un enfant, ce dernier se développant dans ton ventre.

Mais n'allons pas plus vite que la musique, je vais te raconter ce que j'ai retenu de notre mariage.

J'ai retenu l'immense salle que ta famille a louée pour nous et notre mariage si rapide. J'ai retenu la déco allant du plafond au sol, du mur du fond au mur de l'entrée, les grandes fenêtres éclairant délicieusement ton teint pâle grâce à la lumière qui filtrait. J'ai retenu la pluie qui est tombée lorsqu'on m'a demandé si je te suivrais de la vie à la mort en traversant la maladie. J'ai retenu ton "oui" qui a ramené le soleil à travers les nuages qui s'éloignaient. J'ai retenu tous les sourires, les applaudissements, les rires, les cris de joie. J'ai retenu nos larmes de bonheur. J'ai retenu la séance photo. J'ai retenu l'entièreté de cette cérémonie.

Et l'enfant dans tout ça ?

Tout le monde nous demandait "Pourquoi si vite ?", nous avons répondu "Pourquoi attendre ?". Je ne regrette aucunement notre décision d'avoir cet enfant avec les moyens disponibles pour un couple de femmes. Mais je me sens parfois coupable de te laisser le porter alors que j'aurais pu. Le prochain, c'est moi qui le porterai, mon amour. Nous réfléchissons encore à son prénom, rien ne presse. L'appareil photo est déjà prêt pour capturer un de tes sourires fatigués avec le bébé endormi dans tes bras, la blouse d'hôpital laissant deviner la courbe de tes seins.

Oh, tu bouges dans ton sommeil, Momo. C'est vrai que tu as le sommeil agité vers le milieu de la nuit.

La jeune femme pose sa plume et vient s'allonger près de sa femme qui cesse de remuer sous les draps, se blottissant dans les bras de sa bien-aimée. Et doucement, Okami chante la berceuse qu'elle chantait à son frère il y a des années, faisant sourire Momo dans son sommeil.

- Je t'aime énormément, Momo... murmure doucement la nouvelle venue chez les Yaoyorozu.

L'enfant donne un coup. La famille est réunie pour dormir.

Un amour arc-en-ciel || KiriBakuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant