" Les larmes qui coulent sont amères, mais plus amères encore sont celles qui ne coulent pas. „
~ Proverbe gaélique——————————————————
La sonnerie de fin des cours retentit enfin et je prends mon temps pour rassembler mes affaires, Mina m'attendant patiemment devant la porte de la salle de classe. Un soupir m'échappe et je finis par rejoindre mon amie qui passe un bras autour de moi, je fais de même, et nous affrontons à deux les regards des autres élèves dans les couloirs, comme à chaque fois depuis une semaine et demie.
Nous sortons enfin de l'établissement, mon cœur rate un battement en voyant Katsuki adossé au muret près de l'allée de graviers menant au trottoir. Il semble m'attendre vu comment il me regarde. J'échange un regard avec Pinky tandis qu'on s'approche de lui pour l'écouter car il reste malgré tout un ami de ma petite rose.
Mais un cri de Momo nous fait nous stopper, de même qu'une tornade noire et bleue qui nous dépasse pour coller son poing dans la gueule du blond.
- Oka !
J'écarquille les yeux en voyant ma deuxième meilleure amie envoyer son poing comme un canon dans le visage de Katsuki, Momo nous rejoint, furieuse et choquée de la violence des coups de sa petite-amie.
D'un geste, je tente de l'attraper pour qu'elle se stoppe ou elle risque probablement de le tuer. Ses yeux électriques se posent sur moi pendant qu'elle reprend son souffle. C'est à cette vision que je me rappelle que mon amie reste avant tout une fille écorchée de partout, prête à faire n'importe quoi pour déverser cette haine tapie au fond d'elle tout en essayant de veiller sur ses amis. Pas sûr que cette méthode soit la bonne...
C'est la Yaoyorozu qui parvient enfin à emprisonner la noiraude/bleutée dans ses bras pour la calmer. D'un rapide murmure, elle s'excuse auprès du blond tombé à terre et file emmener Okami loin des yeux de tous.
Lentement, je m'accroupis et tends un mouchoir à Katsuki pour qu'il essuie le sang coulant à son arcade sourcilière et à sa lèvre supérieure. Bizarrement, ça le rend encore plus beau.
- Katsuki, je veux pas savoir comment t'as fait pour l'avoir autant énervée même si j'ai une idée, je veux pas savoir ce que tu me veux, fais-je même si les mots me coûtent. Tu peux pas débarquer comme ça alors que tu m'as fait trop de mal ! Non, tu peux pas !
- Je sais, je voulais juste...
- Ta gueule ! crie Mina en m'obligeant à me relever. T'es mon ami, mais t'es avant tout un connard, Katsu ! Tu peux pas débarquer pour tenter de t'expliquer ! T'as abandonné Eijiro, alors tu fermes ta putain de grande gueule et tu dégages ! Sinon, je finis le travail commencé par Okami !
Décidément, tous mes amis sont remontés contre le blond. Et ça ne me fait pas grand chose, je crois...
Il regarde ailleurs en se levant péniblement, gardant le mouchoir que je lui ai donné pour tenter d'arranger son visage avant d'arriver chez lui. J'ai le temps toutefois d'apercevoir quelques larmes dévaler ses joues, il tente de les essuyer rapidement dès qu'il se rend compte que je les ai vues, ce qui me fend le cœur et le fait grimacer pour une douleur qui n'est pas vraiment la mienne.
Fais-je vraiment bien de le laisser s'éloigner ainsi dans la douce et légère pénombre du soir, dans la foule d'élèves qui quittent l'établissement pour rentrer chez eux ? Est-ce que c'est vraiment ainsi que je dois le regarder s'éloigner de moi ? Et si c'était pour toujours ?
Je me fais violence pour rester bien sagement aux côtés de Pinky qui lâche un soupir en l'insultant une dernière fois, puis elle me prend la main et se met à courir pour qu'on aille chez elle comme c'était prévu depuis samedi passé.
On monte dans sa chambre pour aller se dépêcher de se poser devant Netflix. Elle abandonne son sac sur la chaise de son bureau et mon sac ne tarde pas à rejoindre le sien tandis que nos chaussures valdinguent à l'autre bout de la chambre. Mina s'installe contre ses oreillers et je ne tarde pas à la rejoindre, posant ma tête dans le creux de son cou pour la laisser jouer avec mes cheveux, tandis que notre série commence.
Les larmes coulent peu à peu le long de mes joues, ces larmes que j'ai retenues sur tout le chemin depuis qu'Okami a amoché Katsuki avec sauvagerie. Mina me serre contre elle et met pause à la série, préférant m'accorder du temps.
- Eijiro... murmure-t-elle en caressant mes cheveux.
C'est son murmure qui termine d'ouvrir les vannes et les larmes débordent, je suffoque, je cherche de l'air, je n'arrive plus à avoir de pensées cohérentes. Et je m'accroche, je m'accroche fort à ma Pinky qui ne dit rien, qui se contente d'être là, à me caresser les cheveux avec presque nonchalance.
- Putain, j'en peux plus, Mina... fais-je en cachant mon visage dans son cou. D'abord la mort de ma grand-mère, puis mon coming-out un peu compliqué pour mon père, puis l'abandon de Katsuki, j'en peux plus, ma Pinky... Je suis à bout, je veux juste qu'on me laisse afin que je crève seul, comme un chien...
- Pleure, ça te fera du bien...
C'est tout ce qu'elle trouve à dire. Je serre les poings, avec comme une envie de lui péter la gueule pour sa nonchalance, et je lève la tête, prêt à la fusiller du regard. Mais ses yeux larmoyants me stoppent et me ramènent quelques années en arrière, quand c'était elle qui était au fond du trou et qui voulait crever, c'est moi qui l'ait fait sortir de son cauchemar.
- C'est à mon tour de te sortir de ce cauchemar éveillé, poursuit-elle en me forçant à m'allonger sur son lit, me donnant même un de ses doudous. Je vais aller demander à ma mère de dire à la tienne que tu restes dormir.
Je grogne entre deux hoquets de larmes et enfouis mon visage dans le doudou en forme d'Evoli, laissant ma meilleure amie descendre pour parler à sa mère.
J'en peux plus, putain...
La peluche se prend toutes mes larmes dans la gueule, et je ne parviens même pas à en rire.
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Un amour arc-en-ciel || KiriBaku
Fanfic« L'amour, c'est horrible, beau, mystérieux... et audacieux. » _____________________________ Eijiro est gay, personne ne le sait. Ni ses amis, ni sa famille... et encore moins celui qui fait battre son coeur à la vitesse d'un TGV. Katsuki n'a pas co...